Les refuges de pierre
étincelèrent de plaisir.
— Zelandoni ! Comme je suis content de te voir !
dit-il. Mère n’est pas là pour le moment.
— Qu’est-ce qui te fait croire que je viens voir
Marthona ? C’est toi qui es resté absent cinq ans, répliqua-t-elle d’un
ton sec. Abasourdi, il ne sut que répondre.
— Alors, tu vas me laisser plantée là, Jondalar ?
— Oh... Entre, bien sûr, invita-t-il, une expression
soucieuse effaçant son sourire.
Il s’écarta pour la laisser passer, et ils s’examinèrent un
moment en silence. Quand il était parti, elle venait de devenir Première parmi
Ceux Qui Servent la Mère ; elle avait eu cinq ans pour établir sa position
et n’avait pas manqué de le faire. La femme qu’il avait connue était maintenant
obèse, deux ou trois fois plus large que la plupart des autres femmes, avec des
fesses et des seins volumineux. Zelandoni avait un visage rond et lisse qui
surmontait un triple menton, des yeux bleus perçants auxquels rien ne semblait
échapper. Grande et forte depuis toujours, elle portait sa corpulence avec une
grâce, un maintien qui affirmaient son prestige et son autorité. Il émanait d’elle
une aura de pouvoir qui imposait le respect.
Tous deux rompirent le silence en même temps.
— Est-ce que je peux t’apporter... commença Jondalar.
— Tu as changé...
— Pardon, s’excusa-t-il, pensant l’avoir interrompue. Il se
sentit gêné puis remarqua l’ébauche d’un sourire et une lueur familière dans
les yeux de Zelandoni ; alors il se détendit.
— Je suis content de te voir... Zolena.
Son sourire revint quand il posa sur elle ses yeux
irrésistibles, pleins de chaleur et d’amour.
— Tu n’as pas tellement changé, dit-elle, se sentant réagir
au charme de Jondalar et aux souvenirs qu’il évoquait. Cela faisait longtemps
qu’on ne m’avait appelée Zolena... Si, en fait, tu as changé. Tu as mûri. Tu es
plus beau que jamais...
Il s’apprêtait à protester mais elle secoua la tête.
— Ne dis pas le contraire, tu sais que c’est vrai. Mais il
y a une différence. Tu as l’air... comment dire ? Tu n’as plus ce regard
affamé, cette envie que toute femme voulait satisfaire. Je crois que tu as
trouvé ce que tu cherchais. Tu es heureux comme tu ne l’as jamais été.
— Je n’ai jamais rien pu te cacher, répondit-il avec un
plaisir presque enfantin. C’est Ayla. Nous prévoyons de nous unir aux
Matrimoniales de cet été. Nous aurions pu le faire avant de partir, ou même en
chemin, mais j’ai préféré attendre d’être ici pour que tu passes toi-même la
lanière autour de nos poignets et que tu fasses le nœud pour nous.
Le simple fait de parler d’Ayla l’avait transfiguré, et
Zelandoni eut une brève vision de l’amour quasi obsessionnel qu’il éprouvait
pour cette femme. Cela l’inquiéta et réveilla en elle son instinct protecteur
envers son peuple – et tout particulièrement envers cet homme –,
en sa qualité de porte-parole, de représentante et d’instrument de la Grande
Terre Mère. Elle connaissait les puissantes émotions contre lesquelles Jondalar
avait dû lutter en grandissant, et qu’il avait fini par apprendre à maîtriser.
Mais un amour aussi intense pouvait lui faire mal, peut-être même le détruire.
Elle voulut en savoir plus sur cette jeune femme qui le fascinait à ce point.
Savoir quelle emprise elle exerçait sur lui.
— Comment peux-tu être si sûr que c’est elle qu’il te
faut ? Où l’as-tu rencontrée ? Que sais-tu d’elle ?
Jondalar perçut l’inquiétude de Zelandoni, et quelque chose d’autre
qui l’alarma. Cette femme occupait le plus haut rang dans la Zelandonia et n’était
pas Première pour rien. Il ne fallait pas la dresser contre Ayla. Son principal
souci – et celui d’Ayla, il le savait – pendant le long et
difficile Voyage avait été de savoir si elle serait ou non acceptée par son
peuple. Malgré les qualités exceptionnelles de la jeune femme, il préférait
garder secrètes certaines choses la concernant. Elle rencontrerait assez de
difficultés avec plusieurs personnes, probablement, sans risquer en plus de s’attirer
l’inimitié de cette femme. Ayla avait besoin plus que quiconque du soutien de
Zelandoni.
Il posa les mains sur les épaules de la doniate et chercha un
moyen de la persuader non seulement d’accepter Ayla mais encore de l’aider. En
la regardant droit dans les yeux, il ne put s’empêcher de
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