Les refuges de pierre
ressembler. Jondalar se mit à rire.
— Je suis content de savoir que les deux amours de ma vie
vont devenir amies. Zelandoni haussa un sourcil, lui lança un regard sévère.
— Qu’est-ce qui te fait croire ça ? bougonna-t-elle.
Mais elle se sourit à elle-même en sortant.
Jondalar éprouva des sentiments mêlés en la voyant s’éloigner et
se réjouit cependant que cette puissante femme fût disposée à accepter Ayla. Sa
sœur s’était montrée amicale envers elle, sa mère également. Toutes les femmes
qui comptaient pour lui semblaient prêtes à accueillir Ayla, du moins pour le
moment. Sa mère avait même dit qu’elle ferait tout son possible pour qu’Ayla se
sente chez elle.
Le rideau de cuir de l’entrée s’écarta de nouveau et Jondalar s’étonna
de voir entrer celle à qui il était précisément en train de penser. Marthona
portait une outre – l’estomac d’un animal de taille moyenne – pleine
d’un liquide qui imprégnait suffisamment la membrane presque imperméable pour
la teindre en violet. Le visage de Jondalar s’éclaira d’un sourire.
— Mère, tu as apporté un peu de ton vin ! Ayla, tu te
rappelles le breuvage que nous avons bu avec les Sharamudoï ? Le vin d’airelles ?
Maintenant, tu vas goûter celui de Marthona. Elle est connue pour son vin.
Quels que soient les fruits utilisés par les autres, leur jus tourne souvent à
l’aigre, mais ma mère sait comment éviter cela. (Il sourit à Marthona.)
Peut-être qu’un jour elle me révélera son secret.
Marthona lui rendit son sourire mais ne fit aucun commentaire. A
son expression, Ayla comprit qu’elle possédait une technique bien à elle et qu’elle
savait garder les secrets – pas seulement les siens. Elle devait en
savoir beaucoup. Il y avait une profondeur cachée chez cette femme, malgré la
franchise de ses propos. Et, bien qu’elle fût amicale et accueillante, Ayla
savait que la mère de Jondalar réserverait son jugement avant de l’accepter
totalement.
Elle pensa soudain à Iza, la femme du Clan qui avait été comme
une mère pour elle. Iza, elle aussi, connaissait beaucoup de secrets, et
cependant, comme le reste du Clan, elle ne mentait pas. Avec un langage de
gestes, des nuances exprimées par des postures et des expressions, on ne
pouvait mentir. Cela se serait vu aussitôt. Mais on pouvait s’abstenir de
parler de quelque chose. C’était permis, dans l’intérêt d’une certaine
intimité.
Ce n’était pas la première fois qu’elle se souvenait du Clan
depuis leur arrivée. Le chef de la Neuvième Caverne, le frère de Jondalar,
Joharran, lui avait rappelé Brun, le chef de son clan. Pourquoi les parents de
Jondalar me rappellent-ils le Clan ? se demanda-t-elle.
— Vous devez avoir faim, dit Marthona.
— Oh oui ! répondit son fils. Nous n’avons rien mangé
depuis ce matin. J’étais tellement pressé d’arriver et nous étions si près que
je n’ai pas voulu faire halte.
— Si vous avez porté toutes vos affaires à l’intérieur,
asseyez-vous et reposez-vous pendant que je vous prépare à manger.
Marthona les conduisit vers une table de pierre, leur indiqua
des coussins, leur versa à chacun une coupe de liquide rouge sombre puis
regarda autour d’elle.
— Je ne vois pas ton animal, Ayla. Je sais que tu l’as
amené ici. Faut-il lui préparer un repas ? Qu’est-ce qu’il mange ?
— Je lui donne en général ce que nous mangeons et il chasse
aussi pour se nourrir. Je l’ai fait venir ici pour qu’il sache que c’est son
nouveau foyer, mais la première fois que je suis redescendue dans la vallée, où
sont les chevaux, il m’a accompagnée et a décidé de rester là-bas. Il va et
vient à sa guise, à moins que je ne le veuille près de moi.
— Comment sait-il que tu le veux près de toi ?
— Ayla a un sifflement spécial pour l’appeler, expliqua
Jondalar. Nous sifflons aussi les chevaux. (Il prit sa tasse, goûta le vin, eut
un soupir approbateur.) Maintenant, je sais que je suis vraiment rentré. (Il
but de nouveau, ferma les yeux pour mieux savourer.) Il est fait avec quels
fruits, mère ?
— Surtout du raisin. C’est une baie ronde qui pousse en
grappes sur de longues plantes grimpantes, uniquement sur les pentes protégées
exposées au sud, précisa Marthona à l’intention d’Ayla. Il y a un endroit à
quelques heures d’ici, au sud-est, où je vais toujours jeter un coup d’œil.
Certaines fois, le
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