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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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longues files, une série de scribes,
assis derrière des bureaux qui détonnaient en plein champ, consignaient des
renseignements sur les Maures et sur les armes qu’ils remettaient ;
l’attente était interminable à cause de l’indolence et de la lenteur avec
lesquelles les scribes accomplissaient leur tâche. À côté d’eux, une autre
armée, celle des prêtres, priait autour des Maures, exigeant d’eux qu’ils se
joignent à leur rituel, se signent et se prosternent devant les crucifix qu’ils
leur montraient. Des rangs s’élevaient les mêmes murmures inintelligibles et
dégoûtés qu’on avait pu entendre dans les églises des Alpujarras pendant des
années, par lesquels les Maures répondaient aux sollicitations des prêtres.
    — Que transportes-tu là-dedans ? demanda à
Hernando un soldat arborant la croix rouge de saint André des régiments
d’infanterie brodée sur son uniforme, en désignant le sac qu’il tenait à sa
main droite.
    — Ce n’est…, commença à dire Hernando en ouvrant le sac
dans lequel il introduisit lentement sa main.
    — Santiago ! cria le soldat, dégainant son épée
face à cette attitude qui lui paraissait suspecte.
    Rapidement, plusieurs hommes de troupe accoururent à l’appel
de leur compagnon, tandis que les Maures s’écartaient d’Hernando, Aisha et Musa
qui, en un instant, se retrouvèrent encerclés d’hommes armés. Hernando avait
toujours la main à l’intérieur du sac.
    — Je ne cache aucune arme, dit-il pour tenter de
rassurer les fantassins.
    Et il se mit à extraire, tranquillement, la tête du
corsaire.
    — Voilà ce qu’il reste de Barrax ! cria-t-il en
montrant la tête qu’il tenait par les cheveux. Le capitaine corsaire !
    Les murmures s’étendirent, même dans les rangs maures. Un
des soldats vétérans ordonna à une nouvelle recrue d’aller chercher un
commandant ou un sergent, pendant que les autres soldats et les prêtres
formaient un cercle autour du garçon et de ses compagnons. Tous savaient qui
était Barrax.
    — Comment t’appelles-tu ? interrogea un commandant
qui se fraya un passage parmi les gens et sourit en voyant la tête du corsaire.
    — Hernando Ruiz ! répondit alors quelqu’un à sa
place, de l’autre côté du cercle.
    Le garçon se retourna, surpris. Cette voix… C’était Andrés,
le sacristain de Juviles !
    Le prêtre s’était lui aussi introduit dans le groupe,
flanqué de deux curés, et il se dirigea directement vers Aisha, qu’il gifla dès
qu’il fut devant elle. Hernando laissa tomber la tête de Barrax et voulut
sauter sur le sacristain, mais le commandant le retint.
    — Que se passe-t-il ? s’étonna-t-il. Qu’est-ce
que… ?
    — Cette femme a assassiné don Martín, le curé de
Juviles, hurla le sacristain, les yeux injectés de sang.
    Il voulut alors frapper Aisha une fois encore.
    Hernando sentit ses jambes flageoler au souvenir de sa mère
poignardant l’ecclésiastique. Jamais il n’avait imaginé qu’ils rencontreraient
là quelqu’un de Juviles, et encore moins Andrés. Le commandant saisit le bras du
sacristain et l’empêcha de continuer.
    — Comment oses-tu… ? lança un prêtre, prenant la
défense du sacristain.
    Les ordres du prince étaient catégoriques : il ne
fallait rien intenter qui puisse entraîner une révolte des Maures.
    — Don Juan, argumenta le soldat, a promis le pardon à
tous les Maures qui se rendent, et personne n’ira à l’encontre de sa décision.
Ce garçon, ajouta-t-il, vient remettre ses armes et… la tête d’un capitaine
corsaire. Les seuls à ne pas bénéficier du pardon du prince sont les Turcs et
les Barbaresques.
    — Elle a assassiné un homme de Dieu ! répliqua
l’autre prêtre en secouant le bras d’Aisha.
    — Apparemment ils ont également tué un ennemi
sanguinaire du roi. Elle est avec toi ? demanda-t-il à Hernando.
    — Oui. C’est ma mère.
    — Bien entendu ! explosa de nouveau Andrés en
crachant ses mots sur Aisha. Tu ne pouvais pas revenir avec ton époux, n’est-ce
pas ? Quand je l’ai reconnu tout à l’heure avec une autre femme… il a juré
que tu étais morte ! C’est pour cela que tu as été obligée de revenir avec
ton fils et la tête d’un corsaire pour obtenir la liberté…
    — La liberté, c’est le prince qui l’accorde, trancha le
commandant. Je vous interdis, dit-il à l’attention des religieux, de prendre la
moindre mesure envers cette femme. Si vous

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