Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
Vom Netzwerk:
s’affairait. Là, il avait combattu au coude à coude avec
El Partal et ses monfíes contre une troupe de cinquante arquebusiers chrétiens
qu’ils avaient anéantie.
    Brahim demanda après les chrétiens du village et plusieurs
personnes, entre cris et sauts de joie, lui désignèrent l’église. Juché sur son
aubère, il s’y dirigea afin d’entrer dans le temple. Il stoppa à la porte,
alors que le cheval soufflait, inquiet. Le vacarme cessa juste le temps
d’entendre la faible tentative de protestation de don Martín.
    — Sacril… !
    Le prêtre fut immédiatement réduit au silence à coups de
poing et de pied. Brahim fouetta l’aubère pour l’obliger à passer sur les
morceaux de retables, de croix et d’images éparpillés par terre, et les cris de
la foule éclatèrent de nouveau. Shihab, l’alguazil du village, lui fit signe de
l’endroit où avaient été rassemblés les chrétiens, devant l’autel, et Brahim
s’avança vers eux.
    — Toutes les Alpujarras se sont soulevées, en armes,
dit-il en arrivant auprès de Shihab, sans descendre de son cheval couleur
pêche. Sur l’ordre d’El Partal, j’ai ramené les femmes, les enfants et les
vieux Maures qui ne peuvent pas se battre, pour qu’ils se réfugient dans le
château de Juviles, où j’ai également laissé le butin obtenu à Cádiar.
    Le château de
Juviles était à deux tirs d’arquebuse à l’est du village, sur une plateforme
rocheuse haute de presque mille aunes et très difficile d’accès. L’édifice
datait du X e  siècle et conservait les murs et plusieurs de ses
neuf tours d’origine, à moitié détruites, mais l’intérieur était suffisamment
vaste pour accueillir les réfugiés maures de Cádiar, et assez sûr aussi pour y
entasser le butin amassé dans cette riche localité.
    — À Cádiar, il n’y a plus de chrétiens vivants !
cria Brahim.
    — Que doit-on faire de ceux-là ? lui demanda
l’alguazil en montrant le groupe devant l’autel.
    Brahim s’apprêtait à répondre, mais une question
l’arrêta :
    — Et avec celui-ci ? Que fait-on avec
celui-ci ?
    Le maréchal-ferrant se détacha du groupe de chrétiens en
tenant Hernando par le bras.
    Un sourire cruel se dessina sur le visage de Brahim, qui
planta son regard sur son beau-fils. Ces yeux bleus de chrétien ! Il les
lui arracherait avec plaisir…
    — Tu as toujours dit que c’était un chien
chrétien ! lui lança le maréchal-ferrant.
    C’était exact, il l’avait répété des milliers de fois… mais
à présent il avait besoin du garçon. El Partal s’était montré méfiant à son
égard lorsque Brahim lui avait demandé l’épée, l’arquebuse et le cheval aubère
du capitaine Herrera, le chef des soldats de Cádiar.
    — Ton métier, c’est muletier, lui avait répondu le
monfí. Tu peux nous être utile. Il faut transporter tous les biens pris à ces
scélérats pour les troquer contre des armes aux Barbaresques. À quoi te servira
un cheval si tu dois voyager avec du matériel ?
    Mais Brahim voulait cet animal. Brahim brûlait du désir
d’utiliser l’épée et l’arquebuse du capitaine contre les chrétiens, qu’il
haïssait.
    — C’est mon beau-fils, Hernando, qui conduira le
troupeau, avait-il répliqué à El Partal presque sans réfléchir. Il est capable
de le faire : il sait ferrer et soigner les bêtes, et elles lui obéissent.
Je commanderai les hommes que tu me fournis pour défendre l’équipement et le
butin que nous transporterons.
    El Partal s’était caressé la barbe. Un autre monfí, El
Zaguer, qui connaissait bien Brahim et se trouvait présent, était intervenu en
sa faveur.
    — Il peut être meilleur soldat que muletier,
allégua-t-il. Il ne manque ni de courage ni d’adresse. Et je connais son
fils : il est habile avec les mules.
    — D’accord, avait cédé El Partal après quelques
instants de réflexion. Conduis les gens à Juviles et veille sur les biens que
nous avons pris. La vie de ton fils et la tienne en répondront.
    Et maintenant ce maréchal-ferrant prétendait arrêter
Hernando en l’accusant d’être chrétien ! Du haut de l’aubère, Brahim
bredouilla des mots inintelligibles.
    — Ton beau-fils est chrétien ! cria le
maréchal-ferrant, qui insistait. C’est ce que tu affirmais sans arrêt.
    — Dis-le, Hernando ! intervint Andrés.
    Le sacristain, qui s’était mis debout, avançait vers le
garçon. Un gardien allait se jeter sur lui, mais

Weitere Kostenlose Bücher