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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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cause de sa maladresse.
C’était un bon animal, susurra-t-il. D’ailleurs, le roi devrait lui interdire
de monter, au moins devant un taureau… ou une femme. Bon, maintenant je sais
qui tu cherches. Viens avec moi.
    Ils quittèrent le bâtiment des box et sortirent dans un
immense patio central où trois cavaliers domptaient des chevaux, deux d’entre
eux montés sur de fougueux exemplaires pendant que le troisième, en qui
Hernando reconnut le laquais de don Diego, pied à terre, obligeait un poulain
de deux ans à tracer des cercles autour de lui. Il le tenait par le licou,
au-dessus du mors et des brides ; les étriers, détachés, frappaient ses
flancs, ce qui l’excitait.
    — C’est lui, n’est-ce pas ? lui indiqua l’homme.
    Hernando approuva.
    — Il s’appelle José Velasco. Et moi, Rodrigo Garcia.
    Hernando hésita avant d’accepter la main que lui tendait
Rodrigo. Il n’était pas habitué à ce que les chrétiens lui tendent la main.
    — Je suis… maure, annonça-t-il pour que Rodrigo ne se
sente pas abusé.
    — Je sais, lui répondit celui-ci. José m’en a parlé ce
matin. Ici nous sommes tous cavaliers, dompteurs, valets d’écurie,
maréchaux-ferrants, harnacheurs et tout ce que tu veux. Ici, notre religion,
c’est les chevaux. Mais garde-toi bien de répéter cela en présence d’un prêtre
ou d’un inquisiteur.
    Hernando sentit que Rodrigo, en disant ces paroles, lui
pressait franchement la main.
    Au bout d’un moment, alors que le poulain était en sueur,
José Velasco le força à s’arrêter. Il attacha à sa tête le licou qu’il
utilisait pour le faire tourner et approcha l’animal d’un petit banc en
pierres ; il grimpa dessus et, avec l’aide d’un valet d’écurie qui le
tenait, il monta, prudemment, sur le poulain. Les deux autres cavaliers stoppèrent
leurs exercices. Le jeune cheval resta immobile, dans l’attente, cabré, les
oreilles basses, sous le poids de Velasco.
    — C’est la première fois, murmura Rodrigo à Hernando,
comme si, en parlant plus fort, il eût pu causer un problème.
    Velasco tenait dans ses mains un long bâton croisé au-dessus
du cou du poulain, ainsi que les rênes et le licou ; les rênes lâchées,
afin de ne pas gêner le poulain avec le mors ; le licou, à l’inverse,
tendu à l’anneau qui pendait sous la lèvre inférieure de l’animal. Il attendit
quelques secondes pour voir si le poulain réagissait, mais celui-ci resta
immobile et nerveux. Alors Velasco dut l’asticoter doucement. D’abord il fit
claquer sa langue ; puis, n’obtenant pas de réponse, il mit en arrière les
talons de ses brodequins, sans éperons, et effleura les flancs de la bête.
Aussitôt, le poulain partit comme une flèche en bondissant. Velasco supporta la
ruade et finalement l’animal s’arrêta une fois de plus, tout seul, sans que son
cavalier, toujours sur son dos, ait eu à agir.
    — Ça y est, affirma Rodrigo. Il a de bonnes manières.
    En effet, la deuxième fois, le poulain se cabra, mais sans
bondir. Velasco le dirigeait grâce au licou et, en dernier recours, sans le
frapper, il lui montrait le bâton d’un côté de la tête pour l’obliger à
tourner, sans cesser de lui parler et de lui tapoter le cou.
    Les cent et quelques chevaux espagnols établés dans les
écuries royales de Cordoue représentaient les exemplaires choisis, parfaits,
issus des sept cents juments d’élevage composant le bétail du roi
Philippe II et disséminées dans divers pâturages des alentours de Cordoue.
Comme l’avait raconté Hamid à Hernando, en 1567 le roi avait ordonné la
création d’une nouvelle race de chevaux, et il avait procédé à l’acquisition
des meilleures mille deux cents juments de ses territoires ; mais il avait
été impossible de dénicher autant de mères de la qualité requise, et le
troupeau s’était contenté de la moitié. Par ailleurs, il avait ordonné de
destiner les droits des salines à cette entreprise, incluant l’érection
d’écuries royales à Cordoue et la location ou l’achat des pâturages sur
lesquels les juments devaient être placées. Pour diriger le projet, il avait
nommé écuyer royal et responsable de la race l’un des vingt-quatre membres du
conseil municipal de Cordoue, don Diego López de Haro, de la maison de Priego.
    Le cheval devait être un animal avec une petite tête
légèrement busquée et un front décharné ; des yeux sombres, éveillés et
arrogants ; des

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