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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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à l’huile dans le style de cette Grenade qui leur
manquait tant. Avant la fin du dîner, Karim, qui vivait aussi calle de los
Moriscos, passa par la maison du cardeur et se joignit à eux après avoir laissé
Fatima aux bons soins de son épouse. Hernando et elle ne pourraient pas se voir
pendant les deux mois d’idda accordés à Brahim.
    Qu’étaient deux mois ? songea une fois de plus Hernando
en se rendant aux écuries. Son bonheur aurait été complet… sans sa mère. À
l’extérieur de la maison, au moment de prendre congé de Karim, Hernando
l’interrogea au sujet d’Aisha. Le vieux Maure lui répondit que sa mère
affrontait la situation avec courage. Il ne fallait pas qu’il s’inquiète :
la communauté était avec eux.
    — Gagne de l’argent, mon garçon, le pressa ensuite
Karim. Hamid m’a raconté pour don Diego et les chevaux. Nous avons besoin de
gens comme toi. Travaille ! Étudie ! Nous nous chargeons du reste.
    L’ancien se perdit dans l’obscurité fraîche de cette nuit de
mars. « Nous avons confiance en toi », avait-il murmuré. Et cette
phrase vint troubler les fantasmes que, cette nuit-là, Hernando s’autorisa sans
limites en songeant à Fatima. Nous avons confiance en toi ! Quand Hamid
disait cela, c’était comme s’il parlait à l’enfant de Juviles, mais quand il
l’entendait dans la bouche de ce vieillard inconnu de l’Albaicín… Ils avaient
confiance en lui. Pourquoi ? Que devait-il faire de plus ?
    Il traversa le Campo Real, jonché de déchets comme toujours,
et tourna le regard vers la gauche, où s’élevait majestueusement l’alcázar.
L’Inquisition ! Un frisson parcourut sa colonne vertébrale lorsqu’il
contempla les quatre tours, toutes différentes, qui se dressaient à chaque coin
de la forteresse aux remparts hauts, massifs et crénelés. La longue façade des
écuries royales commençait là même, au bout du bâtiment. Hernando put sentir
les chevaux à l’intérieur, entendre les cris des palefreniers et les
hennissements. Il s’arrêta devant le large portail d’accès à l’enceinte, à côté
des anciens remparts, près de la tour de Belén.
    C’était ouvert, et les bruits et les odeurs qu’il avait
perçus de l’autre côté du mur le frappèrent de nouveau quand il s’arrêta sur le
seuil de la porte. Personne ne gardait l’entrée, et après une courte hésitation
Hernando avança de quelques pas. À sa gauche s’ouvrait un grand corps de bâtiment
traversé par un vaste couloir central. Des deux côtés, entre des colonnes, se
trouvaient les écuries remplies d’animaux. Les colonnes soutenaient une
succession de voûtes, longues et droites, qui invitaient à s’avancer d’arc en
arc sous leurs courbes.
    À l’intérieur des box, les valets d’écurie travaillaient
avec les chevaux.
    Immobile à l’entrée, au centre du couloir, Hernando fit
claquer sa langue pour que les deux premiers chevaux se tenant à sa droite,
attachés au mur par des anneaux, arrêtent de se mordre dans le cou.
    — Ils font toujours ça, dit quelqu’un derrière lui.
    Hernando se retourna juste au moment où l’homme qui lui
avait parlé l’imitait en faisant claquer plus fort sa langue.
    — Tu cherches quelqu’un ? lui demanda-t-il.
    C’était un homme d’âge moyen, grand et maigre, brun et bien
habillé, avec des brodequins en cuir au-dessus du genou, noués par des lanières
tout autour du mollet, des chausses et une tunique blanche ajustée, sans luxe
ni pompons. Il l’examina de haut en bas et lui sourit. Cet homme lui
souriait ! Combien de fois lui avait-on souri à Cordoue ? Hernando
lui rendit son sourire.
    — Oui, répondit-il. Je cherche le laquais de don Diego…
López ?
    — López de Haro, l’aida l’homme. Qui es-tu ?
    — Je m’appelle Hernando.
    — Hernando comment ?
    — Ruiz. Hernando Ruiz.
    — Bien, Hernando Ruiz. Don Diego a beaucoup de laquais.
Lequel cherches-tu ?
    Hernando haussa les épaules.
    — Hier, pendant la course de taureaux…
    — Ça me revient ! l’interrompit l’homme. C’est toi
qui as fait entrer sur la place l’étalon du comte d’Espiel, n’est-ce pas ?
Je savais que ton visage m’était familier, ajouta-t-il tandis qu’Hernando
acquiesçait. Je vois qu’ils ne t’ont pas attrapé, mais tu n’aurais pas dû aider
le comte. Cet homme aurait dû sortir de la place à pied et humilié. Tu parles
d’un triomphe ! Le taureau a tué son cheval à

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