Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
Vom Netzwerk:
savait rien de la navigation, qui
mieux qu’un muletier pouvait connaître dans le menu détail les côtes de
Grenade, Málaga et Almería et diriger les attaques ?
    En mars 1575, au début de la saison de navigation et à la
tête d’une bande de trente Maures, l’ancien muletier des Alpujarras débarqua
sur la côte d’Almería, près de Mojácar, sans qu’aucun garde des neuf tours
défensives réparties sur seulement sept lieues de rivage, entre Vera et Mojácar
justement, pour surveiller cette partie du littoral, ne repère les navires et
sonne le tocsin.
    — Les défenses sont dégarnies ou en ruine, commenta en
riant le capitaine corsaire qui naviguait avec Brahim. Certaines tours n’ont
même pas de garde, ou alors c’est un vieillard qui préfère s’occuper de son
verger plutôt qu’accomplir un travail pour lequel le roi Philippe ne le paie
pas.
    Et c’était vrai. En dépit des nombreuses incursions
corsaires qui se produisaient en Espagne, le système défensif composé par les
tours de vigilance qui s’étendaient le long des côtes, avec des gardes et des
muletiers de tête censés alerter les villes et les troupes, s’était dégradé,
faute de moyens économiques, au point de devenir pratiquement inutile.
    Cette fois, personne n’empêcha Brahim de participer au
pillage de plusieurs fermes proches de Mojácar. Près d’une cinquantaine
d’hommes, parmi lesquels des Maures et des galériens libres, débarquèrent sur
les côtes d’Al-Andalus. D’autres restèrent à surveiller les bateaux. La plupart
des hommes se dispersèrent, en groupes, à la recherche du butin. Brahim
s’arrêta un instant et les regarda partir en courant sur la terre d’Espagne.
L’Espagne ! Il respira profondément et se gonfla d’orgueil. Il revenait en
Espagne et ces hommes étaient ses hommes ! Il les payait ! Il avait
une petite armée à son service.
    — Qu’est-ce que tu attends ? le pressa le
capitaine qui dirigeait ses troupes. On n’a pas le temps !
    Au-delà de la plage, des paysans travaillaient leurs terres.
Brahim les vit s’enfuir, épouvantés, devant les corsaires qui attrapèrent deux
d’entre eux.
    — Par ici ! cria Brahim en désignant sa gauche. Il
y a des maisons.
    Il s’en souvenait. Il était venu dans ce coin.
    Les Arabes coururent dans la direction indiquée par l’ancien
muletier. Ils arrivèrent près d’un petit groupe de modestes maisons, mais les
habitants, avertis par les cris des paysans, étaient déjà partis.
    Brahim, d’un vigoureux cou de pied, força la porte d’une
demeure. C’était inutile, mais ce geste lui donna une sensation de puissance,
d’invincibilité, même s’il n’y avait rien à prendre dans l’habitation d’une
misérable famille paysanne.
    Au bout d’un certain temps, ils se retrouvèrent tous sur la
plage, sans avoir subi une seule perte, sans avoir livré de combat, avec peu
d’argent, de la quincaillerie et beaucoup de vêtements de peu de valeur, mais
disposant de quinze prisonniers parmi lesquels se détachaient trois jeunes
femmes espagnoles, saines et voluptueuses, venues repeupler le royaume de
Grenade après l’expulsion des leurs, et dont ils pourraient tirer un profit
considérable sur le marché aux esclaves de Tétouan.
    Pendant que ses hommes embarquaient derrière lui, Brahim, en
sueur, essoufflé, excité, planta une nouvelle fois son regard sur les terres
d’Al-Andalus. Un peu plus loin se profilait la Sierra Nevada, avec ses sommets
et ses rivières, ses forêts et…
    — Je suis de retour, bâtard nazaréen ! cria-t-il.
Fatima, je suis là ! Et je jure par Allah que je récupérerai un jour ce
qui m’appartient !

 
37.
    Cordoue, octobre
1578
     
    Hernando éperonna Corretón, et l’air froid des pâturages
cordouans lui fouetta le visage. Le bruit puissant des sabots du cheval sur la
terre humide ne réussit pas à étouffer les imprécations de José Velasco et de
Rodrigo Garcia qui galopaient derrière lui, peinant à le rejoindre. Hernando
les avait défiés dans le champ même, entouré de juments et de poulains :
« Corretón est capable de vaincre n’importe lequel de vos chevaux. »
Le raillant gentiment, les deux dresseurs vétérans s’étaient montrés
incrédules.
    — Le dernier arrivé aux chênes-lièges, là-bas, paiera
une tournée de vin, avait proposé Hernando en montrant le bout du champ, où les
arbres délimitaient le pâturage des juments.
    Penché en avant sur sa

Weitere Kostenlose Bücher