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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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monture, sur le cou tendu de
Corretón, à bride abattue, maintenant une légère pression dans la bouche du
cheval et sentant dans ses jambes le rythme frénétique du galop impétueux et
rapide de l’animal, il continua à l’éperonner pour augmenter son avantage sur
ses poursuivants. C’était un grand jour pour tous les Maures. Avant qu’ils
partent aux champs, la nouvelle s’était répandue dans la ville au son des
cloches de toutes les églises : don Juan d’Autriche, également gouverneur
des Pays-Bas, était mort du typhus à Namur. Le bourreau des Alpujarras avait
fini ses jours dans une simple chaumière.
    Corretón galopait comme peu de chevaux le faisaient et
Hernando poussa un cri, aussi fort que ses poumons le lui permettaient. Pour
les femmes et les enfants de Galera que le prince chrétien avait ordonné
d’exécuter !
    À moins d’un quart de lieue des chênes-lièges, Rodrigo
d’abord, José ensuite, le dépassèrent en projetant une pluie de terre et de
petits cailloux. Hernando ralentit sa course avant d’atteindre les arbres, où
l’attendaient les deux cavaliers au pas, laissant leurs montures reprendre
tranquillement leur souffle.
    — On trinquera à ta santé ! souffla Rodrigo.
    José se mit à rire et fit mine de porter un verre à ses
lèvres.
    — Il est beaucoup plus jeune que vos chevaux, se
défendit le Maure.
    — Fallait y penser avant de lancer des défis, rétorqua
le laquais de don Diego. Tu n’as quand même pas l’intention de te
rétracter ?
    — Vous le saviez très bien ! J’ai mal évalué la
distance.
    Rodrigo s’avança vers lui et lui tapota l’épaule.
    — Eh bien, ça te coûtera quelques pièces.
    Les animaux respiraient de nouveau normalement, et les trois
hommes se disposèrent à rentrer en ville. Alors Rodrigo attira leur
attention :
    — Regardez ! s’exclama-t-il en désignant
l’épaisseur du bois.
    La croupe et l’arrière-train d’une jument apparaissaient
sous des buissons. Ils s’approchèrent et mirent pied à terre. José et Rodrigo
allèrent examiner le cadavre de l’animal tandis qu’Hernando veillait sur les
chevaux.
    — C’était une des plus vieilles, commenta José de
l’endroit où gisait la jument.
    Tous deux revinrent vers Hernando et reprirent leurs
montures.
    — Elle a donné de très bons poulains, renchérit-il en
guise d’épitaphe. Nous rentrons à Cordoue, ajouta-t-il en s’adressant à
Hernando. Va chercher le palefrenier et dis-lui qu’il y a une jument morte ici.
Reviens avec lui et emporte ensuite la dépouille pour la montrer à
l’administrateur, qu’il la retire des registres. Et fais vite avant qu’une bête
quelconque ne s’acharne sur le cadavre et fasse disparaître le fer du roi !
    Si un charognard s’en prenait au cadavre précisément là où
la jument était marquée du « R » couronné, effaçant celui-ci, il
serait impossible d’accréditer sa mort devant l’administrateur et les
palefreniers se trouveraient confrontés à un véritable problème.
     
    La dépouille de la jument morte, avec son fer bien visible,
posée à l’avant de la monture d’Hernando, empestait autant que celles qu’il
avait transportées des abattoirs à la tannerie plus de sept ans auparavant.
Comme sa vie avait changé depuis ! Trouver le palefrenier, revenir près
des chênes-lièges et dépouiller le cadavre lui avait pris quasiment tout le
reste de la journée ; quand il termina, le soleil se couchait, jouant avec
la silhouette de Cordoue qu’on devinait : la cathédrale surgissant de la mezquita,
l’alcázar, la tour de la Calahorra et les clochers des églises illuminées par
un éclat rouge au-dessus des maisons. La campagne était plongée dans un silence
absolu et ils marchaient au pas. Corretón avançait doucement, comme s’il avait
conscience de l’enchantement. Hernando soupira. Le cheval fit tournoyer ses
oreilles vers lui, surpris, et le cavalier lui tapota le cou.
    Il y avait près d’un an et demi, un jeune dresseur avait eu
un accident dans les pâturages : un taureau qu’il toréait avait renversé
son cheval, l’encornant à l’entrejambe.
    Les cavaliers qui l’accompagnaient l’avaient transporté aux
écuries royales. Alonso, ainsi s’appelait l’accidenté, perdait énormément de
sang, bien que la corne ne semblât pas avoir touché de parties vitales. Cependant,
quand le chirurgien était arrivé aux écuries, avait examiné la blessure

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