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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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Sierra
Nevada.
    — Ils persistent dans leur foi, annonça l’uléma
d’Alcútar à El Partal et aux Maures rassemblés devant l’église. Lorsque je leur
parle du véritable Dieu et du Prophète, ils entonnent leurs prières, tous en
chœur ; lorsque je les menace, ils se recommandent au Christ. Nous les
avons frappés, et plus nous le faisons, plus ils invoquent leur Dieu. On leur
confisque leurs croix et leurs médailles, mais ils s’en moquent et ne cessent
de se signer.
    — Ils céderont…, grommela El Partal. Cuxurio de
Bérchules s’est soulevé cette nuit. El Seniz et d’autres chefs monfíes nous
attendent là-bas. Ramassez le butin, ajouta-t-il en s’adressant à Brahim. Quant
aux chrétiens, on va les conduire à Cuxurio. Sortez-les de l’église.
    Près de quatre-vingts personnes en furent expulsées,
poussées rudement, avec des cris, des coups. Au milieu des pleurs des femmes et
des enfants, beaucoup levèrent les yeux au ciel et prièrent en voyant la foule
qui les attendait dehors ; d’autres se signèrent.
    El Partal attendit qu’ils fussent regroupés et s’avança vers
eux avec un regard scrutateur.
    — Que le Christ fasse tomber sur toi… !
    Le monfí fit taire le chrétien qui l’avait menacé d’un
violent coup de crosse d’arquebuse. L’homme, maigre, entre deux âges, tomba à
genoux, la bouche en sang. Celle qui était probablement son épouse accourut
pour le secourir, mais El Partal, en la frappant au visage, lui fit perdre
l’équilibre. Puis il plissa les yeux jusqu’à ce que ses épais sourcils noirs
n’en fissent plus qu’un. Tous les Maures d’Alcútar assistaient à la scène.
Parmi les chrétiens, le silence régnait.
    — Déshabillez-vous ! ordonna-t-il alors. Que tous
les hommes et les garçons de plus de dix ans se déshabillent !
    Les chrétiens se regardèrent les uns les autres, le visage
incrédule. Allaient-ils devoir se déshabiller en présence de leurs femmes, de
leurs voisines et de leurs filles ? À l’intérieur du groupe s’élevèrent
des protestations.
    — Déshabille-toi ! exigea El Partal d’un vieillard
à la barbe clairsemée qui se tenait devant lui, une tête au-dessous du monfí.
    Pour toute réponse, l’homme se signa. Le monfí dégaina
lentement sa longue et lourde épée, et appuya la pointe aiguisée sur le cou du
chrétien, sur sa pomme d’Adam. Un petit filet de sang jaillit. Il
insista :
    — Obéis !
    Le vieil homme, défiant, laissa retomber ses bras le long de
son corps. Sans hésiter, El Partal enfonça l’épée dans son cou.
    — Déshabille-toi ! dit-il au chrétien suivant, en
approchant de son cou l’épée ensanglantée.
    Le chrétien pâlit et, voyant l’homme qui agonisait à ses
côtés, commença à déboutonner sa chemise.
    — Tous ! exigea El Partal.
    Beaucoup de femmes baissèrent le regard, ou cachèrent les
yeux de leurs filles. Les Maures éclatèrent de rire.
    Ubaid, qui n’avait pas perdu une miette de la scène,
retourna auprès des mules. Hernando le suivit : ils devaient se préparer à
partir.
    — Les pauvres sont si chargées ! s’exclama le
muletier avec ironie. Personne ne sait tout ce qu’elles transportent… C’est une
chance : si, par hasard, on perdait quelque chose, personne ne s’en
rendrait compte…
    Hernando se tourna vers lui, subitement effrayé. Qu’avait-il
voulu dire ? Mais Ubaid semblait absorbé par sa tâche, comme si ses
paroles n’avaient été qu’un commentaire aléatoire. Toutefois, presque sans
réfléchir, Hernando s’entendit répondre, avec une voix plus ferme que
d’habitude :
    — On ne perdra rien ! C’est le butin de notre
peuple.
    Aucun des deux n’ajouta un mot.
     
    Ils finirent par quitter Alcútar : Brahim, El Partal et
ses monfíes en tête du cortège. Derrière eux marchaient en rangs plus d’une
quarantaine de chrétiens, pieds nus et dévêtus, transis de froid, les mains
attachées dans le dos. Des femmes, tête baissée, des enfants de moins de dix
ans et les vingt mules environ qui transportaient le butin fermaient la
procession, sous la surveillance d’Hernando et d’Ubaid. Éparpillés dans la
file, les Maures qui avaient décidé de prendre les armes et de rejoindre le
combat, les gandules, proféraient des imprécations à l’encontre des chrétiens
et les menaçaient de mille tortures épouvantables s’ils ne reniaient pas leur
foi et ne se convertissaient pas.
    Même si Cuxurio de Bérchules ne

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