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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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familiale. Cependant, à la
différence d’Aisha, qui avait insisté pour aller travailler à la soierie, Hamid
s’était reclus dans l’appartement au-dessus des écuries, où il priait, méditait
et lisait le Coran, profitant de l’intimité que lui fournissait ce lieu dont
l’unique religion était les chevaux. Il avait également considéré comme son
devoir d’instruire les trois enfants, les deux d’Hernando et Shamir, le fils
d’Aisha.
    Mais, si tous ces arguments étaient déjà suffisants en soi
pour chercher une nouvelle maison, un autre, égoïstement supérieur aux autres,
avait poussé Hernando à s’atteler à cette recherche. Le couple avait envie d’un
autre enfant ; ils le désiraient très fort, et leur intimité s’était vue
troublée par cette promiscuité forcée. Fatima et Hernando continuaient de faire
l’amour, mais cachés sous les draps, réprimant leurs ardeurs et retenant leurs
halètements de plaisir. Tous deux regrettaient la possibilité de jouir l’un de
l’autre en toute liberté. Gênée par la présence de l’uléma, Fatima évitait
l’usage des essences et des parfums qui rendaient les accouplements si
délicieux. Ils avaient également cessé de folâtrer avant d’atteindre l’extase,
ne se touchaient plus, ne se caressaient plus, ne s’embrassaient plus, ne se
léchaient plus, et les mille positions qu’ils avaient essayées sans pudeur se
limitaient désormais à celles qu’ils pouvaient dissimuler sous les draps.
Fatima ne tombait pas enceinte.
    — Mon vagin est incapable d’aspirer ton membre,
s’était-elle lamentée un jour. Je ne suis pas tranquille. J’ai besoin de
pouvoir attraper ton pénis en moi, de le serrer et de l’emprisonner jusqu’à
gober toute la vie que tu es prêt à m’offrir.
    Il avait trouvé la maison. Aisha, Fatima, les enfants et lui
s’installèrent à l’étage, tandis qu’Hamid, au grand soulagement de son épouse,
prenait la petite pièce supplémentaire du rez-de-chaussée.
    De la calle de los Barberos, toute droite, consacrée plus
loin, à l’endroit où était placé un tableau de la Vierge des Douleurs, au chef
musulman Almanzor, car l’un de ses palais y avait été édifié, on pouvait voir
sans difficulté la tour d’entrée de la cathédrale, l’ancien minaret, qui
dominait orgueilleusement les autres édifices. Grâce à cette référence et à la
consultation sommaire des étoiles depuis le patio, Hamid avait calculé avec
précision la direction de la qibla et opéré une incision microscopique dans le
mur de sa chambre vers laquelle diriger ses prières.
    Le salaire d’Hernando aux écuries leur permettait de vivre
sans soucis, mais il n’aurait jamais pu opter pour cette maison sans une
réduction notable du loyer, obtenue grâce à la médiation de don Julián devant
le conseil de la cathédrale. Le prêtre le remerciait ainsi de ses efforts
désintéressés à copier le Coran, dont les bénéfices servaient directement la cause.
    — Qui perd la langue arabe perd sa loi, lui avait-il
rappelé un jour dans l’intimité de la bibliothèque.
    Cette maxime déjà invoquée pendant la guerre des Alpujarras
s’était imposée comme un objectif prioritaire pour les diverses communautés
maures réparties dans tous les royaumes espagnols, s’opposant en cela à
l’acharnement, généralement stérile, des chrétiens désireux que les Maures
abandonnent l’usage de l’arabe dans leur vie quotidienne. Les nobles de ces
royaumes, intéressés par les misérables salaires qui satisfaisaient les Maures,
toléraient, las, l’emploi de la langue arabe sur leurs terres seigneuriales,
mais les conseils municipaux, l’Église et l’Inquisition, par ordre royal,
s’étaient appropriés cette maxime dont ils avaient fait un de leurs étendards.
Les mosquées avaient réagi et organisé en secret des madrasas ou écoles
coraniques mais, surtout, avaient fourni aux musulmans des exemplaires
interdits et sacrilèges du livre divin. C’est pourquoi, dans toute l’Espagne,
un réseau de copistes s’était développé.
    — Enfin nous l’avons, dit une nuit don Julián en posant
devant Hernando, sur le bureau où il travaillait, une feuille de papier vierge.
    Ils étaient seuls dans la bibliothèque. Il se faisait
tard ; les offices de complies étaient terminés depuis deux heures et la
cathédrale débarrassée des personnages divers et variés qui la peuplaient le
jour, parmi lesquels les voyous qui

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