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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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reprendre son chemin vers la sacristie. Était-ce la même
serrure ? Pour le moment, il attendit, s’extasiant devant les peintures
d’Arbasia dans la nouvelle sacristie et la silhouette qui accompagnait Jésus
lors de la sainte Cène. Pourquoi ? s’interrogea-t-il pour la énième fois.
    Les clés ouvrirent la chapelle de saint Barnabé et Hernando
se glissa comme il le put à l’intérieur de l’armoire pleine. À ses pieds
étaient entassés les ustensiles qui servaient à célébrer la messe. Puis il
attendit.
    Dans la nuit, alors que la cathédrale était vide et que les
vigiles étaient postés dans la lointaine chapelle del Punto, l’orage se
déchaîna sur Cordoue et les éclairs illuminèrent, de manière fugace, à
plusieurs reprises, la silhouette d’un homme prosterné devant le mihrab de la
plus merveilleuse mosquée du monde. Un homme dont l’esprit était absorbé par le
projet de réussir enfin, un jour, à rapprocher les deux religions.

 
52.
    Grenade, mars 1588
     
    Invité par don Pedro de Granada, Hernando fut logé dans la
maison de los Tiros. Il avait quitté Cordoue sous prétexte de rendre visite au conseil
de la cathédrale à propos de l’enquête sur les martyrs des Alpujarras et,
pourvu de sa cédule personnelle, il s’était élancé sur le macabre chemin qui
avait causé tant de morts pendant l’exode de la population musulmane. Comme il
voyageait seul, il avait envisagé la possibilité de modifier son parcours afin
d’éviter les souvenirs douloureux, mais les alternatives doublaient la
distance. Le mois de mars ramenait la vie aux champs et, lorsqu’il s’était
recueilli sur la tombe du petit Humam, où pour lui était enterrée sa propre
famille, les odeurs d’une nuit fraîche avaient accompagné ses prières. À
Grenade, prévenus de son arrivée, Luna et Castillo l’attendaient. Ce dernier
venait juste d’arriver de l’Escorial.
    Ils s’enfermèrent dans la Salle dorée. Hernando leur montra
alors un coffret en plomb goudronné. Il l’ouvrit et sortit solennellement un
tissu, un petit tableau avec l’image de la Vierge, un os et un parchemin qu’il
plaça sur une table basse en marqueterie.
    Les quatre hommes demeurèrent quelques instants silencieux,
debout autour de la table, le regard fixé sur les objets.
    — J’ai trouvé ce parchemin ancien, commença à expliquer
Hernando, dans le minaret du palais du duc. Il doit dater de l’époque des
califes, au temps où al-Mansur terrorisait la Péninsule, ajouta-t-il en
souriant à Luna. Je n’ai eu qu’à découper la partie écrite pour obtenir un
fragment bien net.
    Il déplia le parchemin et, le tenant par les coins
supérieurs, il le présenta à ses compagnons.
    — C’est comme un grand échiquier, murmura-t-il.
    Dans la partie centrale du parchemin deux tableaux
apparaissaient l’un sur l’autre. Le premier était composé de quarante-huit
colonnes et de vingt-neuf rangées, dont chaque case contenait une lettre
arabe ; le second comprenait quinze colonnes et dix rangées, avec des
cases beaucoup plus larges et un mot arabe dans chacune. Presque aucune des
lettres ou mots, écrits alternativement à l’encre rouge ou marron, ne
comportait de voyelle ou de signe diacritique, ainsi que le constatèrent à
l’unisson Luna et Castillo, se penchant sur le parchemin pour l’examiner avec
attention.
    — Prophétie de l’apôtre Jean, énonça à voix haute
Castillo, lisant l’introduction écrite en arabe, dans la marge supérieure des
tableaux, sur la destruction et le jugement des peuples, et sur les
persécutions qui continueront après, jusqu’au jour connu dans son évangile
exalté, déchiffré du grec par le lettré et saint serviteur de la foi, Dionysos
l’Aréopagite.
    Le traducteur se redressa.
    — Excellent ! Que disent les autres inscriptions ?
reprit-il en désignant des lignes au bas du parchemin et d’autres dans les
marges.
    — Si l’on combine lettres et mots, on fait apparaître
une supposée prophétie que Dionysos, archevêque d’Athènes, aurait communiquée à
san Cecilio, qui l’aurait traduite du grec. Elle prédit l’avènement de l’islam,
le schisme des luthériens et les souffrances que subira la chrétienté, laquelle
finira par se disperser en une multitude de sectes. Cependant, de l’est
arrivera un roi qui dominera le monde, imposera une seule religion et châtiera
tous ceux qui l’ont remplie de vices.
    — Bravo ! applaudit Pedro de

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