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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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entonnant le Te Deum. Des
pèlerinages sont organisés en permanence au Sacromonte.
    Hernando secoua la tête.
    — Je n’arrive pas à le croire.
    — Toutefois, poursuivit don Pedro, je sais que Castillo
est confronté à de véritables problèmes avec la traduction des plombs.
    Hernando s’étonna. Quels problèmes pouvait bien rencontrer
le traducteur ?
    — L’archevêque contrôle personnellement son travail,
expliqua don Pedro, et dès qu’une phrase ambiguë semble pencher du côté de la
doctrine musulmane, il la corrige selon ses désirs. Cet homme s’emploie à faire
de Grenade une ville plus sainte encore que Rome. Mais à la fin, le jour où le
Turc fera connaître l’évangile, la vérité éclatera, et eux tous, dit-il avec un
geste en direction des gens, devront reconnaître leurs erreurs.
    « Le sultan ? » s’interrogea Hernando.
    — Je ne crois pas que nous devons envoyer cet évangile
au Turc, déclara-t-il aussitôt.
    Don Pedro le regarda avec surprise.
    — Vraiment, je ne le crois pas, insista-t-il. Les Turcs
n’ont jamais rien fait pour nous…
    — En ce qui concerne l’évangile, le coupa don Pedro, il
ne s’agit pas seulement de nous, mais de toute la communauté musulmane.
    Hernando reprit son argumentation, comme s’il n’avait pas
entendu les paroles du noble :
    — Depuis des années, les Turcs n’ont jamais levé une
seule armée pour attaquer les chrétiens en Méditerranée ; ils sont
seulement préoccupés par leurs problèmes en Orient. On prétend même que cette
politique de non-intervention va permettre au nouveau roi d’Espagne d’attaquer
Alger, et qu’il s’y prépare déjà.
    — C’est toi-même qui avais évoqué l’idée d’envoyer
l’évangile au sultan !
    — Oui, admit Hernando. Mais maintenant je pense que
nous devons être plus avisés. Les livres de plomb n’ont pas encore été
traduits, n’est-ce pas ce que tu viens de me dire ?
    Don Pedro acquiesça.
    — Dans les
références au Livre muet il est dit que la découverte s’effectuera à travers
« un roi des Arabes » ; à l’époque j’avais pensé au Turc, c’est
vrai, mais il s’éloigne sans cesse de nous. Il existe d’autres rois des Arabes,
aussi importants, voire plus, que le sultan ottoman : Abbas I er règne en Perse et Akbar en Inde, qu’on surnomme le Grand. Là-bas, sur ces
terres, il y a des jésuites et j’ai appris qu’Akbar, bien que musulman
convaincu, est un roi conciliateur à l’égard des religions de ces royaumes.
C’est peut-être lui, grâce à son caractère, qui devrait faire connaître la
doctrine de l’évangile de Barnabé.
    Don Pedro réfléchit aux paroles qu’il venait d’entendre.
    — Nous pourrions attendre la traduction définitive de
tous les plombs, concéda-t-il. Nous déciderons alors à qui l’envoyer, qu’en
penses-tu ?
    Hernando allait approuver quand un laquais indiqua à son
seigneur qu’ils pouvaient à présent accéder aux grottes. Les gens cédèrent le
passage au seigneur de Campotéjar et gouverneur du Generalife. Un prêtre les
accompagna pendant la visite dans la mine tortueuse, éclairant avec une torche
les galeries longues, étroites et basses, qui débouchaient dans des grottes de
différentes dimensions. Ils prièrent avec une ardeur simulée devant les autels
érigés à l’endroit où étaient apparus les restes d’un martyr, déposés désormais
dans une urne en pierre. Le jeune prêtre, animé d’un mysticisme exacerbé, se
mit à expliquer à Hernando le contenu des lames, tandis que don Pedro observait
à la dérobée les réactions du Maure.
    — Les livres et traités trouvés, beaucoup plus
complexes que les lames qui annonçaient le martyre des saints, sont en cours de
traduction, parut s’excuser le jeune religieux lorsqu’ils arrivèrent dans une
petite grotte ronde. À propos, ajouta-t-il devant un homme qui, à ce moment-là,
se relevait après avoir prié devant l’autel, je vous présente l’un de vos
compatriotes également de passage, le médecin cordouan don Martín Fernández de
Molina.
    — Hernando Ruiz, annonça le Maure, acceptant la main
que lui tendait le médecin.
    Après avoir respectueusement salué le noble, don Martín se
joignit au cortège. Ils effectuèrent tous ensemble le pèlerinage dans les
grottes et rentrèrent à Grenade. Hernando chevauchait devant les deux autres,
au pas, tranquillement, plongé dans ses pensées, envoûté par tout ce qui

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