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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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était
né au cours des sept années de dur labeur consacrées à un seul objectif :
que les chrétiens modifient leur perception de la communauté maure.
Atteindraient-ils ce but ? Pour le moment, la chrétienté paraissait s’être
emparée du lieu…
    Plus loin, quand ils longèrent le cours du Darro, son regard
se tourna vers l’endroit où s’élevait la villa d’Isabel. Don Pedro avait évité
tout commentaire sur l’épouse du juge. Qu’avait-elle pu devenir ? Il fut
surpris de constater que ses souvenirs étaient confus. En son for intérieur, il
lui souhaita la meilleure des vies et reprit son chemin, comme la jeune femme
l’avait fait en son temps. Lorsqu’il vit don Martín mettre pied à terre devant
la maison de los Tiros, il comprit qu’il n’avait rien entendu de la
conversation entre le médecin et don Pedro.
    — Il dînera en notre compagnie, lui expliqua son ami
noble tandis que les laquais se chargeaient des chevaux. Il a très envie de
rencontrer Miguel de Luna et Alonso del Castillo. Je lui ai raconté qu’en plus
d’être traducteurs, ils sont aussi médecins. Don Martín prétend qu’il y a une
épidémie de peste à Grenade.
    Pendant qu’ils dînaient dans la maison de los Tiros, don
Martín leur avoua qu’il était envoyé par le conseil municipal de Cordoue pour enquêter
sur les rumeurs de peste. Toutes les grandes villes espagnoles refusaient de
reconnaître officiellement l’épidémie tant que les morts ne s’entassaient pas
dans leurs rues. Déclarer la maladie entraînait l’immédiat isolement de la
ville pestiférée et la paralysie de tout commerce. C’est pourquoi, au moindre
soupçon, les conseils municipaux des autres villes envoyaient des médecins de
confiance pour vérifier le bien-fondé des rumeurs.
    — Le président de la chancellerie, expliqua don Martín
pendant le repas, m’a autorisé à enquêter et soutenu qu’il ne se passait rien
du tout à Grenade, que les gens étaient en bonne santé.
    Luna et Castillo poussèrent un cri d’exclamation.
    — La municipalité organise des fêtes et des bals le
soir pour distraire les citoyens, admit le dernier, mais cela fait déjà un
moment que des mesures contre la peste ont été prises.
    — Je sais, mais ce sont des mesures préventives, non
palliatives, précisa le docteur Martín Fernández. J’ai vu les chaises
enveloppées de tissu dans lesquelles on fait sortir les pestiférés de la ville
et des groupes de soldats qui contrôlent les quartiers. J’ai visité l’hôpital
de pestiférés, et les médecins qui y travaillent ne parlent que de cela.
    — Tôt ou tard ils devront reconnaître officiellement
l’épidémie, intervint Miguel de Luna.
    Hernando écoutait avec un intérêt non dénué de stupeur.
    — Ne vaudrait-il pas mieux agir immédiatement ?
demanda-t-il. Que gagne-t-on à nier la réalité ? C’est le peuple qui sort
perdant, et la peste ne fait pas de différence entre seigneurs et vassaux.
Qu’entendez-vous par « mesures palliatives » ? Existe-t-il
d’autres moyens de prévenir la maladie ?
    — Elles sont palliatives, lui répondit le médecin
cordouan, car elles sont adoptées à l’égard des pestiférés. Traditionnellement
on a toujours cru que la peste se transmettait dans l’air, bien qu’il y ait
aujourd’hui de plus en plus de théories prétendant qu’elle se propage aussi à
travers les vêtements et le contact personnel. Le plus important est de
purifier l’air, mais aussi de favoriser l’hygiène et d’encourager les gens à
rester chez eux plutôt que de promouvoir des fêtes et des rassemblements ;
de mettre en quarantaine les maisons où s’est produit un cas et toute personne
présentant un symptôme, même parmi les proches. Tant que ces mesures ne seront
pas prises, la place restera libre pour la contagion et la véritable épidémie.
    — Mais…, voulut intervenir Hernando.
    — Et surtout, termina don Martín tandis que Luna et
Castillo acquiesçaient, anticipant ce qu’il allait dire, il faut absolument
fermer la ville pour empêcher l’épidémie de s’étendre ailleurs.
    Grenade tomba peu après et la peste arriva à Cordoue l’année
suivante, au printemps 1601. En dépit du rapport accablant que le docteur
Martín Fernández avait présenté sur la négligence des autorités grenadines, le
conseil de la ville des califes réagit exactement de la même manière et, tout
en interdisant les ventes aux enchères et

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