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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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qu’en
serait-il de l’orge ? Et du fourrage ? Où obtiendrait-il la
nourriture des animaux ? Bientôt ils ne pourraient plus paître dans le
champ autour de la demeure. Qui lui avait demandé de choisir Isabel ? Il
aurait pu prendre n’importe quelle autre. Celle qui avait poussé Isabel pour se
sauver, par exemple ! Aurait-il été capable de la vendre ?
    Depuis toujours les Maures avaient aidé les Barbaresques
dans leurs incursions sur les côtes méditerranéennes. On comptait beaucoup de
Maures parmi les corsaires, surtout chez ceux de Tétouan, mais aussi chez les
Algériens. C’étaient des hommes nés en Al-Andalus qui, aidés de parents et
d’amis, faisaient des prisonniers qu’ils vendaient ensuite comme esclaves sur la
côte arabe, y compris s’il leur arrivait parfois de les libérer en échange de
la somme correspondante sur les plages mêmes, avant de lever l’ancre pour
retourner dans leurs ports. Mais cela se passait sur les côtes de l’ancien
royaume nasride, pas dans les hautes Alpujarras, où les esclaves des riches
Maures étaient habituellement des Noirs guinéens. Les chrétiens leur avaient
également interdit de posséder des esclaves noirs. C’est Hamid qui le lui avait
raconté. Hernando n’avait jamais vendu personne ni aidé à capturer un
chrétien ! Comment aurait-il pu vendre une gamine, même chrétienne, alors
qu’il n’ignorait pas quel serait son destin aux mains des corsaires ou
janissaires ? Il caressa l’épée, comme il le faisait toujours quand le
souvenir de l’uléma revenait à sa mémoire.
    Plongé dans ces pensées, il franchit les grosses portes en
fer qui donnaient sur la maison. Que… ? Que se passait-il là ? Plus
d’une douzaine de soldats arabes discutaient dans la cour, devant le porche.
Ils étaient accompagnés de chevaux harnachés et de mules chargées. Soudain
Hernando se sentit mal, légèrement nauséeux, l’estomac retourné, avec dans le
dos des sueurs froides.
    Un arquebusier maure de la garde d’Abén Humeya vint à sa
rencontre. Hernando recula malgré lui. L’homme eut l’air surpris.
    — Ibn Hamid…, commença-t-il à dire.
    Savaient-ils déjà à propos d’Isabel ? Venaient-ils
l’arrêter ? Ubaid ! Derrière une mule, il reconnut le muletier de
Narila.
    — Que fait-il ici, lui ? demanda-t-il d’une voix
forte en le montrant du doigt.
    L’arquebusier se tourna vers l’endroit que désignait
Hernando et haussa les épaules. Ubaid fronça les sourcils.
    — Lui ? dit à son tour l’arquebusier. Je ne sais
pas. Il est arrivé avec le capitaine corsaire. C’est ce que je voulais te
dire : un capitaine corsaire et ses hommes nous ont rejoints.
    Hernando essayait d’écouter l’explication, mais son
attention était concentrée sur Ubaid, qui continuait à le regarder avec
arrogance.
    — Le roi l’a autorisé à établer ses animaux près des
nôtres, vu qu’ici il y a assez de fourrage pour tous…
    — Ici ? laissa échapper Hernando.
    — C’est ce qu’a dit le roi, répondit l’arquebusier.
    Ses genoux se mirent à trembler. Pendant un instant, il fut
tenté de partir en courant. Fuir… ou bien retourner là où se trouvait Isabel et
la vendre une fois pour toutes. Ce n’était pas si difficile !
    — Mais il y a un problème, reprit l’arquebusier.
    Hernando ferma les yeux : que pouvait-il y avoir de
pire ?
    — Le Turc veut que ses hommes et lui aussi s’installent
ici. Il n’y a aucun logement de libre dans tout Ugíjar, et vous avez assez de
place. Il dit qu’il n’est pas venu nous aider à combattre les chrétiens pour
dormir dehors.
    — Pas question, voulut s’opposer Hernando.
    Encore des gens ! Et Ubaid parmi eux ! Il cachait
une prisonnière chrétienne près du mur et ne possédait pas un seul grain d’orge
pour… un, deux, trois, quatre chevaux de plus, compta-t-il, et autant de mules.
    — Ce n’est pas possible…
    — Il a passé un accord avec le marchand. Lui et ceux
qui l’accompagnent s’installeront au rez-de-chaussée ; Salah et sa
famille, sous le porche.
    — Quel accord ?
    L’arquebusier sourit.
    — Soit il lui laissait le rez-de-chaussée, soit il lui
arrachait le nez et les oreilles à coups de dents et les clouait sur le mât à
la poupe de son bateau.
    — Sur… le mât ?
    — C’est ce qu’il a dit, répondit l’arquebusier, qui
haussa une nouvelle fois les épaules.
    Pourquoi posait-il la question ? Que lui importaient
les

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