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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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un simple crucifix… quel serait son sort à lui, pour une chrétienne qui
pouvait valoir trois cents ducats ?
    — Pourquoi trembles-tu ? demanda sa mère en
portant ses deux mains à ses joues. Tu es malade ?
    — Non… mère. Ne t’inquiète pas. Je vais tout arranger.
    — Arranger quoi ? Que… ?
    — Ne t’en fais pas ! cria-t-il brusquement.
     
    Il passa l’après-midi à s’occuper des bêtes et tenta de se
rapprocher de l’endroit où, en principe, Isabel était toujours cachée, mais il
n’y parvint pas suffisamment pour parler avec elle, même à travers le mur.
Yusuf se tenait en permanence à ses côtés, vif, intéressé, désireux d’apprendre,
posant sans cesse des questions sur chaque soin qu’Hernando prodiguait aux
animaux.
    Malgré tout, à un moment où ils se trouvaient près du mur,
Hernando montra à Yusuf les lèvres des chevaux, imprégnées de terre.
    — Tu sais pourquoi ? l’interrogea-t-il.
    — Parce qu’ils cherchent les racines, répondit le
garçon, étonné qu’Hernando lui pose une question aussi facile.
    — Parce qu’il n’y a rien à manger ! dit Hernando
en élevant la voix, feignant de regarder au-delà du mur. Ce soir, il n’y aura rien
à manger, cria-t-il. Il faudra tenir jusqu’à demain !
    — Elle a mangé, murmura alors Yusuf.
    Hernando sursauta.
    — J’ai entendu quelqu’un pleurer et je suis allé voir…,
expliqua l’enfant. Je lui ai donné un morceau de pain. Ne t’en fais pas,
ajouta-t-il rapidement en voyant le visage alarmé d’Hernando. Je ne te
dénoncerai pas.
    Et demain ? pensa cependant Hernando. Il tapota
affectueusement la joue du petit Yusuf et contempla le ciel bas et lourd
au-dessus la Sierra Nevada.
     
    Ce soir-là, Fatima, poussée par une Aisha très inquiète,
vint elle aussi prendre de ses nouvelles, et elle se montra si douce
qu’Hernando crut la voir sourire à travers le voile qui couvrait sa tête.
    Il porta sa main droite vers son visage, mais il y eut alors
un bruit et Fatima s’enfuit.
    — Et l’orge ? interrogea Salah.
    Le marchand avait mis Fatima en fuite juste au moment où
Hernando s’apprêtait à soulever son voile. En dépit de son obésité, le
commerçant s’était faufilé silencieusement dans la pièce où la jeune fille
avait abordé Hernando, antichambre de l’escalier qui menait à la cave où Salah
cachait ses trésors. Fatima passa à côté du gros homme, s’efforçant d’éviter le
contact, mais ce dernier profita de l’instant pour la tripoter au passage.
    Hernando avait la main encore tendue vers le voile qui avait
disparu. La voix chuchotante de Fatima lui caressait les sens.
    — Laisse-la ! cria-t-il. Pourquoi t’intéresses-tu
autant à l’orge ? répliqua-t-il avec aigreur après s’être assuré que
Fatima avait échappé à l’assaut de Salah et courait au premier étage.
    — Parce qu’il n’y aura pas d’orge.
    Les petits yeux de Salah se mirent à briller à la faible
lueur d’une lanterne qui pendait du plafond, sur la première marche.
    — Tout le marché parle d’un jeune Maure avec une épée à
la taille et d’une jolie petite chrétienne que le roi lui avait confiée pour
acheter du fourrage.
    — Et ?
    — La gamine n’est pas ici et tu ne l’as pas vendue.
Personne à Ugíjar ne te l’a achetée. Je le sais.
    Hernando n’avait pas envisagé cette éventualité, et
pourtant… Tout à coup il se sentit tranquille ! Il tenait la solution.
L’angoisse qui l’avait poursuivi toute la journée disparut subitement, tandis
qu’il ébauchait son plan. Salah continuait de parler, une moue triomphale sur
les lèvres :
    — Voleur ! Qu’en as-tu fait ? Tu l’as violée
et tuée ? Tu te l’es gardée pour toi ? Elle vaut cher… Donne-la-moi
et je ne te dénoncerai pas ; sinon…
    Le marchand parlait et menaçait. Hernando ne bougea pas.
    — Je le ferai, j’irai voir le roi et tu seras exécuté.
    — Mais si, je l’ai vendue, affirma soudain Hernando.
    Son regard dur se posa sur le gros et sournois commerçant.
    — Tu mens.
    — Je l’ai vendue au seul marchand que je connais à
Ugíjar… Je pensais qu’avec lui j’en obtiendrais un meilleur prix, mais…
    — À qui… ? commença à demander Salah, qui
s’interrompit en voyant le garçon porter la main à son épée.
    — Mais ce gros marchand m’a roulé, reprit Hernando avec
aplomb, et maintenant je n’ai ni chrétienne ni argent pour nourrir les

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