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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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Salah, alors qu’ils
se trouvaient de nouveau à l’intérieur de la maison, pour qu’il ne m’arrive
rien.
    — Je prierai pour toi, affirma le marchand bien malgré
lui.
     
    Le lendemain, de bonne heure, l’un et l’autre ouvrirent leur
serrure respective sous les yeux de l’arquebusier de garde, au bas des marches.
Une fois dans la réserve, Salah se hâta de refermer la porte, mais Hernando la
maintint entrouverte, suffisamment pour que le marchand soit contraint de
veiller au moindre bruit provenant de l’escalier, peu désireux que quelqu’un
d’autre voie ses marchandises. Hernando prit plusieurs ducats et les remit à
Salah.
    — Va acheter de l’orge et du fourrage, lui dit-il.
Assez pour plusieurs jours et pour tous les animaux. Je veux tout ici ce matin
et, bien sûr, j’ai besoin de beaux habits…
    — Mais…
    — Telle est la volonté du roi. Le prix a augmenté,
c’est comme ça. Je veux aussi des vêtements noirs… non, blancs, de femme… de
jeune fille. Et un voile, poursuivit-il en souriant, surtout un voile. Il me le
faut dès que possible. Je suis sûr que tu peux trouver cela parmi… tout ceci,
ajouta-t-il en agitant la main.
    Peu après, Hernando quittait la réserve, vêtu de vert, avec
une tunique de taffetas rouge et argent, une cape de tissu or violet brodée de
perles et un turban avec une petite émeraude sur le front : il portait
l’épée d’Hamid à la ceinture et les habits pour Isabel à la main. Salah le
suivit des yeux, le regard rempli de haine. Pendant la nuit, Hernando avait
imaginé des quantités de plans pour sortir Isabel de ces terres, mais il les
avait rejetés les uns après les autres jusqu’au moment où… pourquoi pas ?
L’affaire du fourrage n’avait-elle pas bien marché ? Il devait simplement
se laisser mener par son instinct. Dans le salon, il tomba sur Barrax et ses
mignons : le corsaire s’écarta de son chemin et lui fit une révérence.
Hernando passa parmi eux en leur souhaitant la paix.
    — Si tu venais avec moi, ton petit turban serait plein
de saphirs gros comme tes yeux, s’exclama le capitaine à son passage.
    Hernando chancela, troublé, mais il se ressaisit. Il arriva
au porche et demanda son cheval moreau à Yusuf, qui le lui ramena en un rien de
temps, bridé.
    — Je dois remplir une mission pour le roi, prétexta-t-il
à Fatima et à sa mère, qui ne purent dissimuler leur admiration devant ses
luxueux habits.
    Il enfourcha son cheval, l’éperonna et quitta la maison au
galop. Il se rendit à l’endroit où se trouvait Isabel.
    — Enfile cette tenue.
    Allongée par terre, là où il l’avait laissée la veille,
Isabel leva seulement la tête lorsque les sabots de l’animal faillirent lui
effleurer le front.
    — Obéis ! insista-t-il devant l’hésitation de la
fillette. Que regardez-vous, vous autres ? aboya-t-il en direction d’un groupe
de soldats qui s’étaient approchés.
    Hernando dégaina son épée et excita son cheval à l’encontre
des Maures ; sa cape or et violet tournoyait sur la croupe de l’animal.
Les hommes s’enfuirent.
    — Dépêche-toi, dit-il à Isabel.
    La petite n’avait nul endroit où se cacher et elle commença
à se déshabiller accroupie, s’efforçant le plus possible de se dissimuler.
Hernando se tourna, mais le temps pressait. D’autres soldats pouvaient surgir à
n’importe quel moment.
    — Ça y est ?
    N’obtenant pas de réponse, il fit volte-face et aperçut ses
seins naissants.
    — Vite !
    Isabel ne savait comment enfiler des habits qu’elle ne
connaissait pas. Hernando mit pied à terre et l’aida, ignorant sa pudeur.
    — Le voile, le voile, couvre-toi bien la tête !
    Une fois qu’elle fut prête, il la fit monter devant lui en
amazone pour pouvoir la maintenir entre ses bras, puis il partit au galop.
Isabel oscillait, instable, mais elle ne se plaignit pas. Hernando hésita entre
Órgiva et Berja, mais il réfléchit : même si le Diable Tête de Fer se
trouvait à Berja, il risquait de rencontrer un plus grand nombre de Maures sur
le trajet qui menait à Órgiva ; Abén Aboo et Brahim maraudaient avec leurs
hommes dans la région de Válor, et pour rien au monde il n’aurait voulu tomber
sur son beau-père. Il connaissait le chemin jusqu’à Berja : c’était celui
qu’il avait parcouru deux mois plus tôt pour se rendre à Adra. À peu près à une
demi-lieue de la côte, il lui faudrait tourner vers l’est, en direction

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