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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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dans
ses bras. Que devait-il préparer ? Comment arriver jusqu’en Aragon ?
Et sa mère ? Qu’allait-elle devenir ?
    — Tu ne l’as pas entendue ? insista Aisha sur le
seuil de la porte de la cuisine.
    Hernando tenta de revenir vers elle, mais Aisha fut
catégorique.
    — Va-t’en ! Tu ne te rends pas compte ?
D’abord, c’est toi qu’il tuera. Le jour où tu auras des enfants, tu comprendras
ma décision, la décision d’une mère. Sauve-toi !
     
    « Je n’ai pu ni désirer plus ni me contenter de
moins. » Brahim, porté au pouvoir par l’homme qu’il avait sauvé d’une mort
certaine, savourait cette devise et ce qu’elle représentait pour lui.
    Hernando fut capturé dans la réserve, au côté de Salah,
alors qu’il s’emparait de l’argent qu’il restait sur les trois cents ducats que
lui avait remis le marchand. Fatima et lui en auraient davantage besoin
désormais que le malheureux Abén Humeya. De la cave, ils perçurent les cris des
soldats envoyés par Brahim qui faisaient irruption dans la maison et se
figèrent. Puis, après quelques instants de confusion, ils entendirent les pas
des hommes qui descendaient avec précipitation l’escalier menant aux trésors du
marchand.
    Quelqu’un envoya un violent coup de pied dans la porte
entrouverte. Cinq hommes, l’épée dégainée, firent irruption dans la cave. Celui
qui semblait être leur chef allait dire quelque chose mais, à la vue des objets
sacrés qui s’entassaient à l’intérieur, il resta bouche bée ; les autres,
derrière lui, s’efforçaient de scruter la pénombre.
    Crucifix, chasubles brodées d’or, une image de la Vierge, un
calice et d’autres pièces reposaient aux pieds d’Abén Aboo. À côté, Hernando et
Salah, mains attachées, et derrière, Fatima et Aisha. À l’inverse d’Abén
Humeya, le nouveau roi ne suivait aucun protocole, et il écouta Brahim à
l’endroit même où ils se rencontrèrent : dans une étroite ruelle de Laujar
d’Andarax, avec un cortège de Turcs et de commandants regroupés autour de lui.
Les soldats qui accompagnaient Brahim laissèrent tomber par terre dans un grand
fracas les objets qu’ils avaient trouvés dans la réserve du marchand.
    Avant que s’arrête le tintement d’un calice qui continuait
de rouler sur des cailloux, Salah se mit à pleurnicher et tenta de bredouiller
des excuses. Brahim lui-même le fit taire d’un coup de crosse de son
arquebuse ; de la bouche du commerçant une traînée de sang commença à
couler. Hernando regardait directement Abén Aboo, beaucoup plus gros et flasque
que lors de la fête nuptiale où il l’avait connu, à Mecina. Aux fenêtres et aux
balcons des petites maisons à deux étages peintes à la chaux, des femmes et des
enfants apparaissaient.
    — C’est elle, la femme dont tu m’as tant parlé ?
demanda le roi en montrant Fatima.
    Brahim acquiesça.
    — Elle est à toi.
    — Je vais l’épouser, s’opposa alors Hernando. Ibn
Umayya…
    Il attendit le coup de Brahim, mais en vain. Ils le
laissaient parler.
    — Ibn Umayya m’a accordé sa main et nous allons nous
marier, bafouilla-t-il.
    Plus d’une vingtaine de personnes, dont le roi, le
transperçaient du regard.
    — La loi… dit que puisqu’il s’agit d’une veuve, elle
doit donner son consentement et…, ajouta Hernando.
    — C’est ce qu’elle a fait, coupa Abén Aboo avec
cynisme. Je l’ai entendue. Nous l’avons tous entendue dire qu’elle acceptait
d’épouser Brahim, n’est-ce pas ?
    Autour de lui, il y eut des signes d’assentiment.
    Instinctivement, Hernando se tourna vers Fatima, mais cette
fois Brahim lui asséna une gifle et le visage de la jeune fille s’effaça dans
une vision fugace.
    — Douterais-tu de la parole de ton roi ?
interrogea Abén Aboo.
    Hernando se tut : il n’y avait pas de réponse. Le roi
tâta du bout du pied, dégoûté, une image de la Vierge.
    — Que signifie tout ceci ? demanda-t-il, estimant
que le chapitre sur Fatima était clos.
    Brahim informa le roi sur les objets qu’avaient découverts
les soldats dans la maison de Salah. À la fin du récit, Abén Aboo croisa les
doigts, posa ses deux index sur l’arête de son nez et réfléchit pendant
quelques instants, sans quitter du regard ces trésors chrétiens.
    — Ton beau-père, affirma-t-il un moment après en
s’adressant au garçon, a toujours soutenu que tu étais chrétien. On te surnomme
le nazaréen, pas vrai ? À présent

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