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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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ils se répartirent ses
femmes, les deux qui partageaient son lit, mais aussi toutes les autres, ainsi
que les nombreuses richesses personnelles qu’il conservait auprès de lui.
    Avant de mourir, Fernando de Válor, roi de Grenade et de
Cordoue, renia la Révélation du Prophète et clama qu’il mourait dans la foi
chrétienne.

 
19.
    « Je n’ai pu ni désirer plus ni me contenter de
moins. » Telle fut la devise qu’Abén Aboo, qui se proclama nouveau roi
d’Al-Andalus, fit imprimer sur son nouvel étendard coloré. Le monarque fut
présenté au peuple dans une tenue écarlate, à l’instar de son prédécesseur, une
épée nue dans sa main droite et l’étendard dans sa main gauche. À l’exception
de Portocarrero, tous les commandants brouillés avec Abén Humeya jurèrent
obéissance au nouveau roi, qui éleva les Turcs aux plus hauts rangs de son
armée. L’argent accumulé par Abén Humeya et les prisonnières chrétiennes furent
immédiatement envoyés à Alger pour acheter des armes, qu’Abén Aboo répartit
ensuite à bas prix parmi les Maures. Il finit par rassembler une armée composée
de six mille arquebusiers. En marge de la répartition des butins, il établit un
solde mensuel de huit mille ducats pour les Turcs et les Arabes, et de la
nourriture pour les Maures. Il nomma de nouveaux commandants et des alguazils
entre lesquels il divisa le territoire des Alpujarras et ordonna que les vigies
fonctionnent en permanence, avec signaux de fumée la journée et feux la nuit,
pour communiquer le moindre incident et interdire l’accès à toute personne
étrangère à l’armée. Abén Aboo, le castré, était disposé à réussir là où son
capricieux prédécesseur avait échoué : vaincre les chrétiens.
    Hernando apprit la nouvelle de l’exécution d’Abén Humeya.
Ses jambes tremblèrent et une sueur froide lui coula dans le dos lorsqu’il
apprit le nom du nouveau roi : Abén Aboo. Salah, qui écoutait également le
messager, plissa les yeux et mesura mentalement la signification de ce
changement de pouvoir.
    Hernando courut trouver Aisha et Fatima, qui étaient à la
cuisine, préparant le repas au côté de l’épouse du marchand.
    — Partons ! cria-t-il. Fuyons !
    Toutes deux le regardèrent avec surprise.
    — Ibn Umayya a été assassiné, expliqua-t-il
précipitamment. Ibn Abbu est le nouveau roi, et avec lui… Brahim ! Il
viendra nous chercher ! Il viendra pour Fatima ! C’est le lieutenant
du roi, son ami, son homme de confiance.
    — Brahim est mon époux, le coupa Aisha.
    Elle contempla ensuite Fatima et son fils, puis s’appuya,
chancelante, contre un des murs de la cuisine.
    — Partez !
    — Mais si nous partons, intervint Fatima, Brahim… Il te
tuera !
    — Viens avec nous, mère.
    Aisha hocha négativement la tête. Les larmes surgissaient à
ses yeux.
    — Mère…, supplia-t-il.
    Hernando s’avança vers elle.
    — J’ignore ce que fera Brahim : s’il me tuera ou
non quand il ne vous trouvera pas avec moi, murmura Aisha, tâchant de contrôler
la panique qui lui tenaillait la voix, mais ce dont je suis sûre, c’est que je
mourrai si vous ne vous échappez pas. Je ne pourrais pas supporter de vous
voir… Partez, je vous en prie. Fuyez à Séville ou à Valence… en Aragon !
Fuyez cette folie. J’ai d’autres enfants. Ce sont ses fils. Peut-être… qu’il se
contentera de me frapper. Il ne peut pas me tuer ! Je n’ai rien fait de
mal ! La loi l’interdit. Il ne peut pas m’accuser de ce dont vous êtes
responsables…
    Hernando voulut la prendre dans ses bras. Aisha changea de
voix et se redressa, refusant l’étreinte de son fils.
    — Tu ne peux pas me demander d’abandonner tes frères.
Ils sont plus petits que toi. Ils ont besoin de moi.
    Hernando secoua la tête à l’idée de ce qui pourrait arriver
à sa mère face à la colère de Brahim. Aisha chercha l’aide de Fatima et elle la
supplia du regard. La jeune femme comprit.
    — Partons, décida-t-elle avec résolution.
    Elle poussa Hernando hors de la cuisine mais, auparavant, le
garçon se retourna et lança un triste regard à sa mère, qui lui répondit par un
sourire forcé.
    — Prépare tout, le pressa Fatima une fois qu’ils furent
hors de la cuisine. Vite ! insista-t-elle.
    Elle dut le brusquer. L’émotion paralysait Hernando, qui ne
pouvait détacher ses yeux d’Aisha.
    — Je me charge d’Humam.
    Préparer tout ? Il vit Fatima prendre son petit

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