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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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semaines, il revient au dortoir. Il se soutient au mur. Il rencontre un S.S. dans le vestibule. Son bras droit se lève maladroitement. La main, maculée de sang coagulé se tend. Il murmure   :
    —  Heil Hitler   !
    *
    Au début (74) dans tous les camps, les violets furent versés dans la compagnie disciplinaire, à part quelques travailleurs spécialisés. Ils ne pouvaient ni écrire ni acheter quoi que ce soit. À partir de 1939, on leur permit seulement d’envoyer, une fois par mois, une lettre de vingt-cinq mots à leurs parents. Le 6 septembre 1938, la S.S. leur offrit l’occasion de reconquérir leur liberté en signant une déclaration répudiant leurs principes, c’est-à-dire surtout leur refus de prêter serment et de porter les armes. Un tout petit nombre d’entre eux, seulement, n’ont pas résisté à la tentation. À partir de ce moment, une oppression terrible écrasa les autres pour les rendre plus dociles. Le dimanche de Pâques 1939, l’inspecteur du camp de Buchenwald fit une nouvelle tentative pour convaincre les Fondamentalistes, pour les amener à « reconnaître l’État et le Führer ». On les accueillit avec des petits noms gentils, tels que « comique céleste », « rongeur de Bible » ou « cheik du Jourdain ». Le résultat fut nul. À la Pentecôte, tout le block des Fondamentalistes fut de nouveau appelé sur la place d’appel. Après une allocution de Hackmann, on leur fit faire un terrible exercice punitif en deux sections. Ils durent rouler à terre, sauter, ramper, courir pendant une heure un quart sous les coups de bottes des chefs de block.
    Le 6 septembre 1939, les Fondamentalistes furent une nouvelle fois convoqués. Le premier chef de camp, Rodl déclara   :
    — Vous savez que la guerre a éclaté. Le peuple allemand est en danger. Si l’un de vous refuse de se battre contre la France ou l’Angleterre, vous mourrez tous   !
    Deux compagnies de S.S. complètement équipées se tenaient près de la grande porte. Pas un seul Fondamentaliste, répondant aux questions de l’inspecteur du camp, ne se déclara prêt à combattre pour l’Allemagne. Après un moment de silence on entendit l’ordre suivant   :
    — Haut les mains   ! Videz leurs poches   !…
    Puis les S.S. se précipitèrent sur les « violets » et leur ravirent leurs derniers pfennigs. Scène grotesque après ce que l’on avait pu redouter   ! Mais les Fondamentalistes furent envoyés dans le Kommando des carrières et, pendant cette période, ils ne furent pas admis à l’infirmerie.
    Le jour de l’an 1942, tous les Fondamentalistes furent de nouveau appelés à la grande porte parce qu’ils s’étaient refusés, d’un commun accord, à donner quelque chose pour la collecte de lainages en faveur des troupes allemandes combattant sur le front de l’Est. La décision de l’inspecteur du camp fut celle-ci   :
    — Criminels d’État et salauds de croyants   ! Vous travaillerez par 20° au-dessous de zéro jusqu’à la tombée de la nuit. Retirez immédiatement tous vos vêtements   !
    Ce qu’ils firent. Lorsque les gens du block revinrent dans la soirée, il leur fallut même donner leurs souliers de cuir et les échanger contre de lourdes galoches de bois. Le 15 février 1942, le chef inspecteur lut devant les Fondamentalistes, de nouveau rassemblés près de la porte du camp, un véritable acte d’accusation.
    — Vingt d’entre vous sont accusés de rébellion pour n’avoir pas respecté le règlement du camp, avoir soudoyé le doyen du block et avoir coupé la radio lors d’allocutions prononcées par le représentant du gouvernement du Reich.
    Résultat   : non pas l’exécution mais « sport d’hiver » dans vingt centimètres de neige poudreuse, jusqu’à ce que tous les hommes fussent en sueur et complètement épuisés.
    Une opération semblable eut lieu en mai 1944. Des représentants de la Gestapo vinrent à Buchenwald. Tous les Fondamentalistes furent rassemblés sur la place d’appel et on les fouilla pour découvrir des tracts hostiles au régime (dans un camp de concentration   !). On fouilla également de fond en comble les endroits où ils travaillaient. Résultat après des jours d’attente   : néant.

CHAPITRE VII

LE PASTEUR DE HRADISCHKO
    — Monsieur Leroux, vous pouvez me prêter votre tricot   ?
    — Voyons l’abbé   ; il fait un froid de canard…
    — Je sais. Justement   ! Je dois… mais je vous expliquerai un

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