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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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plié.
    — Regarde comme Dieu s’humilie pour venir à nous et nous réconforter.
    Cette première communion de Hradischko eut lieu le 18 décembre 1944   ; elle allait être suivie de dizaines d’autres.
    Au début du mois de novembre, l’abbé Gabriel Gay travaille dans un chantier à la limite de la zone interdite aux Tchèques. Sur le sentier frontière, à moins de cent mètres, il aperçoit un prêtre.
    L’abbé Aloïs Betik, curé de Stechovice a l’habitude de suivre ce chemin de terre pour rendre visite à un malade. Lorsqu’il croise des déportés, il les bénit et prie en poursuivant sa route.
    Le soir, l’abbé se confie à son plus fidèle ami   : un jeune séminariste lorrain.
    — Il faut   ! Il faut absolument contacter le prêtre. Lui seul peut nous offrir ce qui me manque le plus, ce qui nous manque le plus ici   : la Sainte-Eucharistie.
    — Peut-être par les civils tchèques qui travaillent dans la zone interdite.
    — Peut-être, j’y ai songé… Ce soir je vais rédiger une lettre pour ce prêtre.
    — Si vous voulez, je peux la traduire en allemand   ?
    — Non, je préfère le latin. Après il nous faudra prier pour que Dieu nous trouve un messager.
    Et l’abbé Gabriel Gay écrivit   :
    «  Très cher Frère (81) en Jésus-Christ, je suis un curé de la Sainte Église Catholique Romaine du diocèse de Belley en France (le diocèse de Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars) et je me trouve actuellement prisonnier au camp de concentration de Hradischko. Je suis seul prêtre parmi tous les prisonniers   ; il y a en outre un séminariste théologien. Je fus arrêté comme otage par la Gestapo   ; ici il est impossible de pratiquer les devoirs spirituels, célébrer la Sainte Messe et communier. Vous pouvez concevoir la douleur de mon cœur de prêtre. Ne soyez donc pas étonné que je m’adresse à vous, pour que vous m’aidiez dans l’état d’abandon où je me trouve.
    «  Auriez-vous la possibilité après mûre réflexion et en prenant toutes les précautions, de m’envoyer les livres ci-après   : Le Nouveau Testament, l’Imitation du Christ, un missel romain et quelques hosties consacrées. Depuis dix mois déjà je n’ai reçu la Sainte Communion. Soyez sûr que je serai prudent.
    «  Mon compagnon, le théologien et moi, vos frères en Jésus-Christ vous adressons notre salut et nous vous demandons votre bénédiction. »
    Gabriel GAY. Prêtre.
     
    Cette lettre, le vicaire de Nantua allait la porter sur lui quinze longues journées. Enfin un matin, son groupe de travail est associé à des requis du S.T.O. tchèques. L’un d’entre eux rentre chaque soir chez lui à Stechovice. Il accepte avec joie de devenir le messager du « Pastor ».
    L’abbé Aloïs Betik répond le soir même et joint à sa lettre les livres réclamés et des provisions.
    Le prêtre déporté, qui espérait recevoir des hosties, est déçu   :
    «  La rapidité avec laquelle vous m’avez répondu, écrit-il, m’a profondément ému. Je vous en suis très reconnaissant… Dans une maison de détention, en France, un archevêque envoyait secrètement notre Sauveur par l’intermédiaire d’une infirmière très pieuse. Ne pourriez-vous pas aussi nous envoyer le Corps du Christ par la personne qui est à votre service   ? Quelle joie ce serait pour moi, pour mon séminariste, pour quelques-uns de mes compagnons   !
    Priez pour nous. Nous sacrifions notre vie pour notre apostolat. Merci pour votre aide, vos cadeaux et pour vos prières.  »
     
    L’abbé Betik hésite. Et si les hosties étaient profanées   ? Il doit en référer à l’archevêché de Prague.
    Prague attend huit jours avant de décider   : « Ce n’est pas possible. »
    Le déporté se soumet filialement   :
    «  La décision de Prague nous a causé une grande déception et une grande douleur. Nous attendions avec une telle impatience   ! Encore un grand sacrifice   ! Alors nous demandons au moins l’envoi des Saintes Huiles, pour les malades… Le 14 décembre, je commence ma deuxième année de captivité. Les journées sont longues ici. Heureusement, je suis certain que ma vie, dans ce camp, n’est pas inutile pour ma future activité de curé, car je n’oublie pas, même ici, mes paroissiens   ; je reste uni à eux dans le sacrifice et dans la prière.
    La lettre se termine par ce nouvel appel   :
    «  Nous voudrions tellement communier le jour de la naissance du Maître, à

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