Les sorciers du ciel

abattus. » Un traité d’alliance est signé entre les deux équipes. Désormais on ne travaillera que lorsque quelqu’un – Kapo, S.S., surveillant civil – apparaîtra.
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    Le 28 février 1945, l’abbé Varnoux est dénoncé. « Un prêtre à Melk   ! » Le commandant du camp n’en croit pas ses oreilles.
    — À 18 h 45 (22) après l’appel, un gamin de douze ans vient me chercher au block XIV. Mené par ce gosse à coups de pied dans le asch, je comparais devant Julius Ludolf, entouré de tous les S.S. et de quelques sous-officiers de la Luftwaffe. Ludolf m’accuse d’avoir parlé à un civil de l’usine… Je nie. Il m’accuse de faire au camp mon travail de prêtre, de confesser, de dire la messe… Je nie. Derrière lui, Pichon me sert d’interprète et, par signes, me dicte mes réponses. Je suis condamné à la « Kompagnie disciplinaire » dont le « Kommando-Führer » aura mission de me liquider rapidement. Le fait est que les huit premiers jours je crus rendre l’âme   ; mais j’ai tenu le coup physiquement parce que le moral était parfaitement intact. Le neuvième jour, Tony et Otto Baumgartner firent comprendre au Kommando-Führer que… la libération approchait… et que… Mon régime s’améliore aussitôt. De plus, je suis autorisé à rentrer le soir dans mon block où mes amis me dorlotent. Par la suite, ma relative liberté d’action me permet de soulager les autres « punis ».
    Les derniers jours.
    La mort, sachant que la libération approche et qu’elle va lui ravir les derniers survivants, accentue sa pression. Le commandement s’affole, fait classer les déportés en trois catégories   : « valides », « faibles », « très faibles ». L’abbé Varnoux est reconnu « valide ». Il quitte la Kompagnie disciplinaire pour un chantier moins radical. Ses amis, ceux qui l’ont baptisé Pope, Gshôns, Pfarrer ou Monseigneur, lui offrent une bague, tournée dans un boulon, gravée d’un poisson et Zenon Michalak, Kapo du Revier… une bouteille de vin. Le 18 mars, à 4 heures du matin, l’abbé Varnoux confesse une vingtaine de Polonais et célèbre la messe   ; il recommence le 25 mars pour les Autrichiens, les Allemands   ; le 1 er  avril chez Sherrer pour les Français… Dans le camp de concentration de Melk, deux cents déportés, un mois avant leur libération, fêtent Pâques en communiant et en assistant à la messe.
    — Le vendredi 13 (23) , Julius Ludolf nous rassemble tous sur la place d’appel. Il fait le tri des spécialistes. J’ai l’audace de me mettre sur les rangs. Ludolf, en personne, vient vérifier si les cinq cents mis à part sont bien des spécialistes. Arrivé devant moi, il me dit   : « Tu es encore là   ? » « Ya, mein Führer   ! » « Eh bien restes-y   ! »
    Les « spécialistes » sont évacués sur Ebensee en train. Les autres en péniche et à pied.
    Le 6 mai, l’abbé Varnoux célébrait à Ebensee la première messe du camp libéré.

CHAPITRE II

L’ORGANISATION GRUBER
    En février 1940, les déportés qui installèrent à six kilomètres de Mauthausen les baraquements du Kommando de Gusen découvrirent, au premier coup de pioche, un « champ » d’amphores romaines. Les Kapos perplexes alertèrent la « citadelle » où un jeune officier S.S. collectionnait les trouvailles archéologiques des différents chantiers de Mauthausen. Sa chambre était envahie de tessons, de débris de statues, de fibules, de pièces de monnaies, de haches de pierre…
    Les rives du Danube, voie de passage par excellence, ont connu pratiquement toutes les civilisations, toutes les invasions depuis la préhistoire et, récemment, des étudiants yougoslaves, dans le site des Portes de Fer, ont dégagé la plus vieille ville de notre monde   : Lepinski Vir, bâtie il y a environ 8 500 ans.
    Avant de disparaître sur le front de l’Est, le S.S. « amateur éclairé » eut le temps de signaler « ses importantes découvertes » à l’un de ses anciens professeurs de l’université de Munich. Le docteur Walther Wüst, recteur de cette Université était également vice-président de la société Ahnenerbe, chargée par Himmler de « rechercher la localisation, l’esprit, les actes et l’héritage de la race nordique indo-germanique et de communiquer, au peuple, les résultats de ces recherches sous une forme intéressante » (24) .
    Le docteur Wüst écrivit au commandant du camp de