Les Thermopyles - La Plus Celebre Bataille De L'Antiquite
Thraces chaussés de bottes en peau de faon, l’armée de l’Empire achéménide est aussi variée que bigarrée. Au sein de cette masse hétéroclite s’étendant à perte de vue, un groupe d’hommes se distingue, tant par sa prestance que par sa notoriété : les dix mille Immortels de la Garde personnelle de Xerxès. À eux seuls, avec leur barbe courte taillée au carré, leurs armures en écailles de poisson et leurs pantalons couleur pourpre, ils assurent le spectacle. Assurément, le Grand Roi est à la tête de la plus puissante armée jamais rassemblée. Face à cette invincible armada, les Grecs font pâle figure. Ils ont d’autant plus peur de cette armée achéménide qu’ils ne l’ont jamais combattue…
Face au défi perse… une Grèce désunie…
Avant même de s’ébranler en direction de l’ouest, l’armée de l’Empire achéménide fait figure de véritable rouleau compresseur. Tous les observateurs, à commencer par les devins et l’oracle de Delphes, sont convaincus de l’invulnérabilité manifeste des forces de Xerxès. Les chances des armées de l’Hellade de faire échec à l’Empire sont d’autant plus minces qu’elles n’affichent même pas une unité de façade. Pour bien des Grecs, la collaboration est préférable à la confrontation. Le premier, Xerxès entend profiter de la division des cités grecques. Avant même que ses armées aient foulé le sol hellène, le Grand Roi expédie en Grèce une cohorte de diplomates censés gagner à sa cause les cités encore hésitantes. À l’exception de Sparte et d’Athènes, toutes les cités-États reçoivent les émissaires de Xerxès venus leur demander « la terre et l’eau » , selon la formule consacrée. Ils recherchent leur collaboration sinon leur neutralité. La moisson de ces hérauts est à la hauteur de leur mission. Dès l’été -481, les Magnètes et les Maliens concluent des accords secrets avec Suse. Les oracles eux-mêmes abandonnent la Grèce, à l’exemple de celui de Delphes. Son pessimisme n’a d’égal que l’optimisme affiché par Xerxès. S’adressant aux Athéniens, l’oracle n’hésite pas à proclamer : « Pourquoi rester là, infortunés ? Fuyez au bout du monde, en quittant vos demeures et les hauteurs de votre cité en cercle comme une roue ! La tête ne restera pas en place, ni les corps, ni les pieds au-dessous, ni les mains, ni les parties entre. Mais tout est ruiné, car le feu et l’impétueux dieu de la guerre, fonçant sur un char syrien, vous jetteront à terre… » (Hérodote). Une fois n’est pas coutume, les deux adversaires en présence ne se font aucune illusion quant à l’issue de la guerre : la Grèce va tomber sans coup férir sous le joug de l’Empire achéménide. Les phénomènes célestes eux-mêmes sont interprétés comme autant de signes encourageants du futur triomphe des Perses. En avril -481, la veille même du départ de la grande armée pour l’ouest, le disque de la lune obscurcit celui du soleil. Aux yeux des devins de Xerxès, cette éclipse totale annonce le succès de la campagne de Xerxès : la lune, représentant l’astre des Perses, occulte le soleil, symbolisant la Grèce…
Face au défi perse, les Grecs décident de réagir en réunissant la ligue hellénique en octobre -481. Le Congrès a lieu à Corinthe, au temple de Poséidon. Les partisans les plus acharnés de la guerre à tout prix sont sans conteste Athènes et Sparte. Si l’imposante cité de l’Attique craint à juste titre de terribles représailles – les Perses entendent par-dessus tout laver l’affront de Marathon – la grande puissance du Péloponnèse s’inquiète d’un possible ralliement d’Argos à la cause achéménide. À l’ouverture du Congrès, l’ambiance est orageuse sinon hostile entre certaines cités. Incontestablement, la peur domine les débats. Il faut toute la force de persuasion de l’éloquent Thémistocle, futur stratège d’Athènes, pour emporter l’adhésion de quelques indécis. A priori, un accord est trouvé. Mettant fin provisoirement à leurs dissensions, trente et une cités se coalisent sous l’égide d’Athènes et de Sparte, les deux plus grandes puissances de la péninsule. En réalité, le panhellénisme est un vœu pieux. L’union affichée à Corinthe est fragmentaire, incomplète voire illusoire. Sans compter les absents de marque du Congrès, comme Argos et Corcyre, nombreuses sont les
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