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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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vivre et d’en jouir plus belle encore. Quoi qu’il advienne de leurs rêves, ils sauraient s’en donner les moyens sans mettre leurs enfants en danger.
     
    Mary déposa un baiser sur la joue de sa fille et un autre sur les lèvres charnues de son époux.
    — Tu me manques déjà, murmura-t-il.
    — Je ne tarderai pas, assura-t-elle en les couvrant d’un œil tendre et serein.
    — Allons, Junior, décida-t-elle en glissant son pied dans l’étrier.
    L’enfant était occupé à expliquer à Toby qu’il ne pouvait pas monter et devait rester auprès d’Ann. Mary se retrouva en selle et ébranla son cheval pour ne pas s’attarder à un au revoir. Elle ne les avait jamais aimés.
    Junior se retourna pour agiter sa main en direction de sa sœur qui lui répondit de même.
    — Cesse de bouger, ordonna sa mère, ou tu vas finir par tomber.
    — Oui, maman.
    Leur équipage franchit la cour et s’engagea sur la grand-route. Mary se mit à siffloter, reprenant une chansonnette que Junior avait poussée d’un air de fausset. Pour lui déjà, le grand voyage venait de commencer.
     
    *
     
    E mma de Mortefontaine n’avait pas mis longtemps à choisir entre les sentiments contradictoires qui l’avaient étreinte en découvrant la lettre de Mary à Corneille. Il lui avait suffi de la relire, après le souper. Un sentiment de colère et de frustration avait jailli d’entre ces lignes. L’amour trop grand de Mary pour Niklaus lui fut insupportable.
    Emma ne pouvait admettre que Mary ait pu se passionner pour un autre au point de s’oublier dans une vie de famille. Qu’elle ait pu sacrifier ce monde qu’Emma avait mis à ses pieds pour se satisfaire de médiocrité. Et qu’elle ne voie plus en elle aujourd’hui qu’une bourgeoise à délester.
    — Jamais, avait-elle fulminé. Jamais je ne te pardonnerai ces heures passées à te pleurer ! Jamais plus je ne te laisserai le droit d’être heureuse et comblée. Tu me haïras, Mary Read, tu me haïras, je le jure, autant que j’ai pu t’aimer !
    Dès le lendemain, oubliant même ce pauvre William Cormac sur lequel toute la misère du monde soudain s’abattait, elle s’était embarquée pour les Flandres avec George.
     
    Accompagnée de dix hommes, Emma de Mortefontaine parvint à Breda aux premières heures de la nuit, tandis qu’à une vingtaine de lieues de là, Mary et Junior s’endormaient dans le lit moelleux d’une auberge, ravis d’en avoir terminé, et de pouvoir s’en retourner au logis avant la fin du jour prochain.
     

39
     
     
    T andis que, silencieusement, ses hommes investissaient les abords de l’auberge, servis par une nuit d’encre, la voiture d’Emma pénétra dans la cour et s’arrêta devant l’écurie.
    Alerté par Toby, Niklaus sortit avec une lanterne et s’avança pour aider la silhouette vêtue de noir, le visage masqué d’une voilette jusqu’au-dessous du nez, à en descendre.
    — Bienvenue aux Trois Fers à cheval, déclara-t-il, avenant.
    Profitant de la discrétion de son voile, Emma de Mortefontaine détailla avec une curiosité haineuse le visage carré et séduisant de Niklaus Olgersen, qu’illuminait la lueur de la lanterne. Mary n’en avait fait qu’une évocation, mais l’amour qu’elle lui portait avait su le rendre si vivant qu’Emma l’aurait reconnu entre mille.
    — Si vous voulez bien me suivre.
    Emma lui emboîta le pas.
    George avait pris soin de se renseigner à Breda, vérifiant ainsi les dires de Mary concernant la fréquentation de l’auberge. Emma savait pouvoir mener son projet à terme sans être inquiétée. Tout en s’attachant aux mouvements souples des épaules massives de l’aubergiste, elle devinait ceux de ses hommes, gagnant les positions que George leur avait attribuées.
    Emma attendait avec délectation de pouvoir relever sa voilette et d’affronter la réaction de Mary. Elle devrait alors choisir. Emma serait sans pitié si elle refusait de la suivre avec l’œil de jade.
    Niklaus introduisit Emma de Mortefontaine dans le logis, sans méfiance, se disant seulement que cette femme était bien silencieuse et certainement en grande peine pour se comporter ainsi. Respectueux de ses clients comme le lui avait autrefois enseigné Gros Reinhart, il ne brisa pas son mutisme, bien qu’il eût aimé causer. Mary, partie depuis trois jours, lui manquait terriblement et il aurait volontiers goûté un peu de compagnie amicale pour s’en

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