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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pour ce faire s’était allié la complicité d’une autre domestique des Cormac qui n’appréciait guère de voir Marie Brenan profiter des faveurs de son maître et en récolter des avantages certains. La grossesse de cette dernière commençait à se deviner, mais l’épouse de Cormac, indifférente aux gens de maison, drapée dans une froideur bigote et rigoureuse, ne s’abaissait jamais à un seul regard sur eux.
    Emma comprenait sans difficulté les raisons qui avaient poussé Cormac à l’épouser tout autant que celles qui l’en avaient détourné. Il n’avait commis qu’une erreur. Celle de lui préférer une autre, fût-elle servante ou princesse !
    Emma avait prévu de faire dissimuler des couverts en argent sous le matelas de Marie Brenan pour qu’elle soit accusée de vol. Le même jour, elle ferait anonymement parvenir à l’épouse cocufiée la copie de l’acte, lui laissant à penser que son époux, en plus de la tromper et d’engrosser une servante, s’était servi du patrimoine matrimonial pour envisager une vie nouvelle. Emma savait que M me  Cormac ne pourrait le supporter, pas davantage que les siens. L’attorney si respecté de tous se verrait jugé, condamné et emprisonné avec sa catin.
    Emma en jouissait d’avance.
    Elle délaissa le restant de son courrier pour se précipiter à l’accomplissement de son odieux projet. Ce ne fut qu’au soir, ravie de ses manigances, qu’elle se pencha sur ses autres lettres. Elle les parcourut machinalement, encore sous l’excitation de sa machiavélique vengeance, se désintéressant de ses affaires dont on lui donnait des nouvelles. La dernière missive, pourtant, la troubla tant qu’elle dut s’asseoir, le souffle coupé.
    Voici, Madame, ce que j’ai intercepté. A vous de juger…
    L’Homme en noir, toujours vigilant, avait subtilisé ce courrier qui lui avait paru suspect. Emma devint si livide en le parcourant avidement que sa domestique irlandaise, venue l’avertir que le souper était servi, s’en inquiéta.
    — Voulez-vous un verre de porto, Madame ?
    Emma releva la tête, l’esprit bouillonnant et le cœur oscillant entre bonheur et colère. Non, elle ne voulait pas d’un porto ! Elle se leva d’un bond et, laissant choir les feuillets à terre, passa devant elle, médusée, en hurlant :
    — George ! George ! Je l’ai retrouvée !
     
    *
     
    —  J e veux venir, pleurnicha Ann au cou de son père.
    — Non, répéta une fois encore Mary. Tu es trop petite et vous êtes trop indisciplinés tous les deux pour que je puisse vous surveiller.
    — Moi, je la surveillerai ! assura Junior, qui n’avait aucune envie de se séparer de sa sœur.
    — Ta mère a dit non, Junior.
    Comme son frère, la petiote se mit à bouder. Niklaus lui gratta le menton et susurra :
    — Qui va s’occuper de papa si mes femmes me quittent ?
    — Milia, décida Ann, butée.
    Cette dernière fronça le sourcil, amusée.
    — Et qui fera la cuisine, et la lessive, et les corvées ? demanda-t-elle. Qui, surtout, ira chercher les œufs avec Toby ?
    L’argument de Niklaus porta. Ann fut soudain fière de cette nouvelle responsabilité, d’autant plus que Mary avait aussi refusé d’emmener le chiot de Junior.
    — Moi, décida-t-elle en retrouvant son sourire et en redressant le buste.
    — Tope là, demoiselle, conclut Niklaus en lui tendant la paume de sa main.
    Ann y fourra la sienne et Junior soupira en pensant qu’il fallait peu de chose aux filles pour changer d’idée. Mary le jucha en selle et il s’y maintint en redressant le buste, fier de son importance et du rôle dont on l’avait chargé, attendant qu’elle le rejoigne.
    Depuis deux mois que l’information de la vente de l’auberge circulait dans Breda, celle-ci n’avait toujours pas trouvé de repreneur. Il fallait étendre la prospection. Mary avait décidé de parcourir un rayon de dix lieues pour le crier sur la place des marchés. Elle comptait aussi rencontrer quelques notaires des villes avoisinantes. Niklaus se refusait à partir sans avoir réglé cette affaire, sachant que toutes leurs économies se perdraient dans leur quête s’ils devaient trouver un navire, et payer sa protection et son équipage.
    Les enfants avaient été mis dans la confidence pour le trésor le soir même où ils avaient surpris leur conversation dans l’écurie. Mary avait jugé cela plus prudent que de les laisser divaguer encore. Ils affichaient désormais un

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