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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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le saisit par les jambes, et le capitaine, ne pouvant se défendre contre tant d’ennemis, tomba à son tour entraînant dans sa chute ses deux assaillants. La lutte qui eut lieu entre les antagonistes renversés fut courte, mais terrible. Les Skinners proféraient les malédictions et les imprécations les plus horribles, en criant à trois autres de leurs compagnons, qui regardaient ce combat, et que cette vue semblait avoir pétrifiés d’horreur, de les aider à s’emparer de leur proie. Tout à coup un des combattants fit entendre des soupirs étouffés, suivis d’un gémissement sourd, comme si on l’eût étranglé ; au même instant, un des individus qui composaient ce groupe se releva sur ses pieds, et se dégagea des mains d’un autre, qui voulait le retenir. Wellmere et le domestique de Lawton avaient disparu, le premier, pour se réfugier dans l’écurie, l’autre, pour donner l’alarme dans la maison, et celui-ci ayant emporté la lanterne, on était dans une obscurité complète. Celui qui s’était relevé sauta légèrement sur la selle du coursier auquel personne ne songeait, et les étincelles que tirèrent du pavé les pieds de l’animal donnèrent assez de lumière pour faire apercevoir le capitaine courant au grand galop vers la grande route.
    – De par l’enfer, il est sauvé ! s’écria le chef des Skinners d’une voix rauque ; feu ! abattez-le ! feu ! vous dis-je, ou il sera trop tard.
    L’ordre fut exécuté, et les brigands gardèrent le silence un instant, dans le vain espoir d’entendre tomber leur victime.
    – Il ne tombera pas, quand même vous l’auriez tué, dit l’un d’eux. J’ai vu de ces Virginiens rester fermes sur la selle avec deux ou trois balles dans le corps, et même après leur mort.
    Un coup de vent apporta à leurs oreilles le bruit de la course rapide d’un cheval dans la vallée, et sa marche régulière prouvait qu’elle était dirigée par un bon écuyer.
    – Les chevaux bien dressés, dit un autre de la bande, sont habitués à s’arrêter quand leur cavalier tombe.
    – En ce cas, il est sauvé ! s’écria le chef en frappant la terre de son mousquet dans un transport de rage ; l’infernal coquin nous a échappé… Eh bien ! en besogne à présent… Dans une demi heure nous aurons sur les bras cet hypocrite de sergent et toute sa troupe. Nous serons fort heureux si le bruit des coups de fusil ne les met pas à nos trousses. Allons vite, à vos postes… Mettez le feu aux chambres de la maison. Des ruines fumantes servent à couvrir les mauvaises œuvres.
    – Et que ferons-nous de cela ? dit un autre en poussant du pied le corps de celui que Lawton avait presque étranglé, et qui était encore sans connaissance ; en le frottant un peu, il reviendrait à lui.
    – Qu’il reste là ! répondit le chef avec fureur. S’il avait valu la moitié d’un homme, cet enragé dragon serait à présent en mon pouvoir. Entrez dans la maison, vous dis-je, et mettez le feu dans les chambres ; nous ne nous en irons pas d’ici les mains vides ; il s’y trouve assez d’argent comptant et d’argenterie pour nous enrichir tous… oui, et pour nous venger.
    L’idée de l’argent, sous quelque forme que ce métal se présentât à leur esprit, avait quelque chose de trop séduisant pour qu’ils y résistassent, et, abandonnant leur compagnon qui commençait à donner quelques signes de vie, ils se précipitèrent vers la maison.
    Wellmere profita de leur départ pour sortir sans bruit de l’écurie, et emmenant avec lui son cheval, il se trouva bientôt sur la route. Il hésita un moment s’il se rendrait aux Quatre-Coins pour donner l’alarme au détachement qu’il savait être stationné eu cet endroit, et procurer du secours à la famille Wharton ; ou si, profitant de la liberté que lui avait rendue le cartel d’échange, il prendrait le chemin de New-York. La honte, et sa conscience qui lui reprochait son crime, le déterminèrent a ce dernier parti, et il s’éloigna en songeant avec quelque inquiétude à l’entrevue qu’il allait avoir avec une femme courroucée, qu’il avait épousée en Angleterre, dont il s’était lassé quand sa passion avait été satisfaite, et à laquelle il se proposait de contester ses droits légitimes.
    Dans l’état de trouble et de confusion qui régnait dans la famille Wharton, on n’avait pas fait attention à la disparition de Lawton et de Wellmere. L’état de M. Wharton

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