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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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poursuivre. Wellmere vit alors tous les yeux fixés sur lui avec un silence de mauvais augure.
    – Cela est faux. Faux comme l’enfer ! s’écria-t-il en se frappant le front avec le poing ; je n’ai jamais reconnu ses prétendus droits, et les lois de mon pays ne me forceront pas à les reconnaître.
    – Mais les lois de Dieu et celles de la conscience ? lui demanda Lawton.
    Avant que Wellmere eût eu le temps de répondre, Singleton, jusqu’alors appuyé sur le bras du dragon qui le servait, s’avança au centre du cercle, et s’écria, les yeux étincelants d’indignation :
    – Voilà donc l’honneur anglais ! cet honneur dont votre nation est si fière, mais dont elle ne daigne pas suivre les lois à l’égard des étrangers ! Prenez-y garde, pourtant, ajouta-t-il en portant la main sur la poignée de son sabre ; toute fille de l’Amérique a droit à la protection de ses enfants, et il n’en existe aucune qui soit assez délaissée pour ne pas trouver un vengeur quand elle est outragée ou insultée.
    – Fort bien, Monsieur, répondit Wellmere avec hauteur en s’avançant vers la porte, votre situation vous protège ; mais il peut venir un jour…
    Il sortait du salon, quand il se sentit frapper légèrement sur l’épaule. Il se retourna, et vit le capitaine Lawton, qui, avec un sourire dont l’expression était toute particulière, lui fit signe de le suivre. Wellmere était dans une telle situation d’esprit, qu’il aurait été partout plutôt que de rester en butte aux regards d’horreur et de mépris dont il était l’objet. Ils arrivèrent près de l’écurie avant que le capitaine eut prononcé un seul mot, et alors il s’écria à voix haute :
    – Amenez-moi Roanoke.
    Son domestique parut à l’instant, avec le cheval sellé, bridé, et prêt à partir. Lawton jeta la bride sur le cou de l’animal avec le plus grand sang-froid, et prenant ses pistolets d’arçon :
    – Vous avez eu raison, colonel Wellmere, dit-il, de déclarer que George Singleton n’est pas en état de combattre en ce moment ; mais voici des pistolets qui ont déjà bien vu du service, et qui ne se sont jamais trouvés que dans les mains d’hommes d’honneur. Ils ont appartenu à mon père, colonel ; il s’en est servi avec honneur dans les guerres contre la France, et il me les a donnés pour les employer pour la cause de sa patrie. Puis-je m’en servir plus honorablement que pour châtier un misérable qui voulait flétrir une des plus belles fleurs de mon pays ?
    – Je vous châtierai moi-même de cette insolence, s’écria le colonel en saisissant l’arme qui lui était offerte, et que le sang retombe sur la tête de celui qui a été l’agresseur !
    – Amen, dit Lawton. Vous êtes libre maintenant ; vous avez en poche un passeport de Washington : je vous cède le premier feu. Si je succombe, voici un coursier qui vous mettra bientôt à l’abri de toute poursuite, et faites retraite sans délai, car pour une telle cause Sitgreaves lui-même se battrait, et vous n’auriez aucun quartier à attendre de l’escouade de dragons qui est là-bas.
    – Êtes-vous prêt ? s’écria Wellmere en grinçant les dents de rage.
    – Approchez avec la lumière, Tom. – Feu !
    Wellmere tira, et l’épaulette du capitaine sauta en l’air en cinquante pièces.
    – Maintenant, c’est mon tour, dit Lawton avec un grand sang-froid, en dirigeant contre le colonel le bout de son pistolet.
    – Et le mien, s’écria une voix derrière lui, tandis qu’un grand coup frappé sur le bras lui faisait tomber le pistolet des mains. N’avez-vous donc rien de mieux à faire que de tirer sur un homme comme si c’était un dindon aux fêtes de Noël ? Par tous les diables de l’enfer ! c’est l’enragé Virginien ! Tombez sur lui, camarades ! saisissez-le ! C’est une prise que je n’espérais pas !
    Quoique surpris et désarmé, Lawton ne perdit pas sa présence d’esprit. Il sentit qu’il était entre les mains de gens dont il n’avait à attendre aucune merci, et il appela toutes ses forces à son secours pour se défendre. Quatre Skinners tombèrent sur lui en même temps ; trois d’entre eux le saisirent par le cou et les bras, dans l’intention de rendre ses efforts inutiles et de le garrotter avec des cordes. Il en repoussa un avec tant de force, qu’il l’envoya se heurter contre le mur au bas duquel il resta étourdi de ce choc violent ; mais le quatrième

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