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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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cieux, tantôt cachée sous des nuages poussés par le vent, tantôt répandant au loin sur la terre le brillant éclat de ses rayons. Enfin, ils arrivèrent à l’endroit où les montagnes, diminuent peu à peu de hauteur, finissent par n’être plus que des éminences secondaires, et ils quittèrent l’aridité stérile des rochers pour entrer sur les terres imparfaitement cultivées du territoire neutre.
    Harvey marcha alors avec plus de précaution, et il prit diverses mesures pour éviter de rencontrer aucune patrouille américaine. Quant à leurs postes stationnaires, il les connaissait trop bien pour avoir à craindre de tomber sur eux par mégarde. Tantôt suivant les chemins frayés, tantôt les évitant avec une précision qui semblait tenir de l’instinct, il ne ralentissait jamais le pas, sans paraître faire aucun effort, sans avoir l’air de connaître la fatigue.
    La lune venait de se coucher, et l’aurore commençait à colorer l’orient, quant le capitaine Wharton se hasarda à avouer qu’il éprouvait quelque lassitude, et il demanda à son compagnon s’ils n’étaient pas encore arrivés dans un canton où ils pussent sans péril se reposer dans quelque ferme.
    – Regardez là-bas, répondit Birch en lui montrant une colline à quelque distance derrière eux ; ne voyez-vous pas un homme qui se promène sur la pointe de ce rocher ? Tournez un peu plus, de manière à le mettre en ligne entre vous et le peu de lumière qui paraît à l’orient. Tenez ! le voilà qui marche ; il se tourne du côté de l’est, et il semble regarder quelque chose avec attention. C’est une sentinelle des troupes royales, et il y a deux cents hommes couchés au bivouac près de lui.
    – En ce cas, s’écria Henri, allons les joindre, et nous sommes sauvés.
    – Doucement, capitaine Wharton, doucement, répliqua le colporteur d’un ton sec. Vous avez déjà été une fois au milieu de trois cents hommes de vos troupes régulières, et il s’est trouvé dans les rangs opposés un homme pour vous arrêter. Ne voyez-vous pas quelque chose de noir sur le penchant de cette autre colline, en face de la première, derrière ces meules de paille ? Ce sont les rebelles, et ils n’attendent que la clarté du jour pour voir qui restera maître du terrain.
    – Eh bien ! s’écria le jeune homme impétueux, je me joindrai aux troupes de mon souverain, et je partagerai leur fortune bonne ou mauvaise.
    – Vous ne vous battriez pas à armes égales. Oubliez-vous que vous avez la corde autour du cou ? Non, non ; j’ai promis à quelqu’un, à qui je dois tenir parole, de vous mettre en sûreté, et je le ferai. À moins que vous n’ayez oublié ce que j’ai déjà fait, et tous les risques auxquels je me suis exposé pour vous, capitaine Wharton, vous tournerez de ce côté, et vous me suivrez à Harlaem.
    Henry céda à contre-cœur à l’espèce d’ascendant que son guide exerçait sur lui en ce moment, et ils ne furent pas longtemps à gagner les bords de l’Hudson. Après l’avoir côtoyé quelques instants, le colporteur y aperçut une barque dont le batelier paraissait être de sa connaissance. Ils y entrèrent tous deux, traversèrent le fleuve, et débarquèrent au sud du Croton. Là, Birch déclara qu’ils étaient en sûreté, car les troupes royales y tenaient les Américains en échec, et elles y étaient en trop grande force pour que les troupes légères des derniers osassent s’y montrer, de crainte que leur retraite ne fût coupée.
    Pendant toute cette marche difficile, le colporteur avait montré un sang-froid et une présence d’esprit à toute épreuve. Henry l’avait suivi comme un enfant à la lisière, et il s’en trouva récompensé par le plaisir qu’il éprouva en apprenant qu’il était délivré de toute crainte, et qu’il ne devait lui rester aucun doute, sur sa sûreté.
    Une montée escarpée et pénible les conduisit de l’endroit où ils avaient débarqué sur ces terrains élevés qui forment, sur cette partie du fleuve, les rives orientales de l’Hudson. S’écartant un peu du grand chemin, et se mettant sous l’abri d’un petit bois de cèdres, le colporteur s’assit sur la plate-forme d’un rocher, et dit à son compagnon que l’heure de se reposer et de se rafraîchir était enfin arrivée. Il faisait alors grand jour, et l’on pouvait voir distinctement tous les objets dans l’éloignement. Sous leurs pieds coulait l’Hudson,

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