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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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l’armée royale. Chacun d’eux y va bon jeu bon argent, et songe à ce qu’il fait. Ils ne s’amusent pas à tirer en l’air, et chaque balle est envoyée à son adresse.
    – Vous parlez comme si vous leur souhaitiez la victoire, monsieur Birch, dit Henry avec un peu d’humeur.
    – Je souhaite la victoire à la bonne cause, capitaine Wharton, répondit Harvey, perdant tout à coup son regard animé de satisfaction pour prendre un air d’indifférence. Je croyais que vous me connaissiez assez pour savoir quel parti je favorise.
    – Oh ! je sais que vous passez pour loyal {44} , répliqua Henry d’un ton un peu méprisant. Mais, de par le Ciel ! je n’entends plus de volées.
    Tous deux écoutèrent quelques minutes avec grande attention, et pendant ce temps les décharges irrégulières devinrent moins vives, après quoi des volées bien nourries et répétées se succédèrent rapidement.
    – Ils en sont venus à la baïonnette, dit le colporteur ; les troupes régulières ont essayé la baïonnette et ont repoussé les rebelles.
    – Ah ! monsieur Birch la baïonnette est l’arme du soldat anglais, s’écria Henry avec transport ; il aime une charge à la baïonnette.
    – Eh bien, dit le colporteur, à mon avis, il n’y a pas grand plaisir à manier une pareille arme. Mais j’ose dire que ces miliciens sont de mon avis, car la plupart n’ont pas de ces vilains morceaux de fer pointus. Ah mon Dieu ! capitaine, je voudrais que vous eussiez été avec moi, dans le camp des rebelles, et que vous eussiez entendu quels mensonges on y disait sur Burgoyne {45} et sur la bataille de Burker-Hill ; vous auriez cru qu’ils aimaient la baïonnette autant que leur dîner.
    Tout en parlant ainsi, Harvey avait un air singulier de satisfaction intérieure et d’ingénuité affectée qui ne plut pas infiniment à Henry, et il ne daigna faire aucune réponse à ses remarques.
    Le feu de la mousqueterie se faisait encore entendre, et tandis qu’ils en écoutaient les décharges avec une vive attention, un homme armé d’un mousquet sortit du petit bois de cèdres qui les couvrait en partie, et s’avança vers eux avec précaution. Henry aperçut le premier cet étranger, et lui trouvant l’air suspect, il le fit remarquer à son compagnon. Birch tressaillit et fit certainement un mouvement comme pour prendre la fuite ; mais se remettant aussitôt, il attendit dans un sombre silence que l’étranger fût à quelques pas d’eux.
    – Ami ! dit celui-ci en appuyant sur la terre la crosse de son mousquet, et craignant évidemment d’approcher davantage.
    – Vous feriez mieux de vous retirer, lui cria Birch à haute voix. Il y a dans les environs assez de soldats des troupes régulières pour prendre soin de vous. Nous ne sommes pas ici dans le voisinage des dragons de Dunwoodie, et vous ne me vendrez pas une seconde fois.
    – Au diable le major, Dunwoodie et ses dragons ! s’écria le chef des Skinners, car c’était lui ; vive le roi George ! et périssent les rebelles ! Si vous voulez me fournir le moyen de gagner en sûreté le corps des Vachers, monsieur Birch, je vous paierai bien, et je serai votre ami pour toujours par-dessus le marché.
    – La route vous est ouverte aussi bien qu’à moi, lui répondit Birch en lui tournant le dos avec un mépris qu’il ne pouvait cacher ; si vous voulez joindre les Vachers, vous savez fort bien où les trouver.
    – Sans doute, mais je ne me soucie pas de tomber tout seul au milieu d’eux. Vous qui en êtes bien connu, monsieur Birch, il ne vous en coûterait rien de me permettre de vous accompagner. Henry intervint à la conversation, et après un court dialogue avec ce drôle, la permission qu’il demandait lui fut accordée à condition qu’il rendrait les armes. Il y consentit sans difficulté, et Birch reçut son fusil avec empressement ; mais il ne l’appuya sur son épaule qu’après l’avoir bien examiné, et s’être assuré qu’il était chargé à balle, et que l’amorce en était bien sèche.
    Dès que cet arrangement fut conclu, ils se remirent en marche. Birch les conduisit le long des rives du fleuve par des chemins sur lesquels ils ne pouvaient être vus, et quand ils furent arrivés en face de la frégate, ils firent un signal auquel on répondit en détachant une barque. Ce ne fut pourtant qu’après quelque temps et avec beaucoup de précautions que les marins voulurent approcher de la terre ; mais Henry

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