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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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s’étant fait connaître de l’officier qui se trouvait avec eux, il en reçut sans difficulté la permission d’aller rejoindre ses compagnons d’armes. Avant de faire ses adieux à Birch, le capitaine lui remit une bourse qui était assez bien remplie, vu les circonstances, et le colporteur fut assez adroit pour la déposer dans une poche secrète, ingénieusement pratiquée dans ses vêtements, et réussit à cacher ce mouvement au Skinner.
    La barque s’éloigna du rivage, et Birch tourna sur le talon en respirant comme s’il se fut trouvé bien soulagé. Il se mit alors à gravir la montagne avec sa vitesse ordinaire. Son nouveau compagnon le suivit. Ils se jetaient de temps en temps des regards qui annonçaient une méfiance réciproque ; mais ils gardèrent tous deux le plus profond silence.
    Des chariots avançaient sur la route qui suivait les bords du fleuve, et l’on voyait de temps en temps de petits détachements de cavalerie qui escortaient les fruits de leur excursion jusqu’à la ville. Comme le colporteur avait ses projets, il évita de rencontrer ces détachements au lieu de chercher leur protection. Après avoir fait quelques milles sur le bord du fleuve, gardant toujours un silence déterminé malgré les efforts que fit enfin le Skinner pour entamer une conversation, tenant le fusil d’une main ferme et jetant fréquemment un coup d’œil de côté sur son compagnon, Harvey reprit tout à coup le grand chemin dans l’intention de traverser les montagnes pour se rendre à Harlaem. À l’instant où il venait d’entrer sur la route, un petit corps de cavalerie se montra sur une éminence voisine, et arriva près de nos voyageurs avant qu’ils l’eussent aperçu. Il était trop tard pour battre en retraite, et après avoir examiné ceux qui composaient ce parti de voltigeurs, Harvey ne fut pas très-fâché d’une rencontre qu’il regarda comme devant le délivrer d’un compagnon désagréable. Ils étaient au nombre de dix-huit à vingt, montés et équipés en dragons, quoique leur tenue et leurs manières n’annonçassent pas des troupes régulières. À leur tête était un homme de moyen âge, dont les traits annonçaient plus de brutalité que de raison. Il portait l’uniforme d’officier ; mais on ne remarquait en lui ni les vêtements propres et soignés, ni la grâce et l’aisance qui distinguaient la plupart de ceux de l’armée royale. Il se tenait ferme sur sa selle, mais il n’avait dans ses mouvements ni moelleux ni pliant, et la manière dont il tenait sa bride aurait excité la risée du plus mauvais cavalier de Virginie.
    – Holà ! s’écria-t-il, comme Harvey s’y attendait, d’une voix qui n’avait rien de plus conciliant que son extérieur ; où allez-vous si vite ? seriez-vous des espions de Washington ?
    – Je suis un pauvre colporteur, répondit Birch avec beaucoup de calme, et je vais à Harlaem pour acheter quelques marchandises.
    – Et comment comptez-vous y arriver, mon pauvre colporteur ? Ne savez-vous pas que nous occupons tous les forts dans la ligne de Kingsbridge pour empêcher les rôdeurs comme vous de courir le pays ?
    – Je crois qu’avec ce papier j’ai le droit de passer partout, répondit Birch avec un air de confiance.
    L’officier examina la pièce qui lui était présentée, et après l’avoir lue, la remit au colporteur en clignant les yeux avec un air d’intelligence extraordinaire en un pareil homme. Se tournant ensuite vers deux de ses gens qui s’étaient officieusement avancés pour boucher le chemin à Harvey : – Pourquoi arrêtez-vous ce brave homme ? leur demanda-t-il d’un ton brusque ; laissez-le passer tranquillement. – Et vous, qui êtes-vous ? demanda-t-il au Skinner. Je n’ai pas vu votre nom sur ce papier.
    – Non, Monsieur, répondit le Skinner avec humilité. Je suis un pauvre homme qui s’est laissé égarer. J’ai eu le malheur de servir dans l’armée des rebelles ; mais grâce à Dieu, j’ai reconnu mon erreur, et je viens en faire réparation en m’enrôlant sous les drapeaux de l’oint du Seigneur.
    – Un déserteur ! un Skinner qui veut se faire Vacher, sans doute ? Dans la dernière rencontre que j’ai eue avec ces drôles, je pouvais à peine distinguer mes gens. Nous ne tenons guère à l’uniforme, et quant aux figures, les coquins changent de parti si souvent qu’il est impossible d’y compter. Mais marchez en avant ; nous trouverons à vous

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