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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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frère.
    – Allons, allons, s’écria miss Peyton, point de différence d’opinion sur le colonel je vous déclare que c’est un de mes favoris.
    – Frances aime mieux les majors, dit Henry avec un sourire malin, en attirant sa sœur sur ses genoux.
    – Quelle folie ! s’écria Frances en rougissant et en cherchant à lui échapper.
    – Ce qui me surprend, continua le capitaine, c’est que Dunwoodie, en délivrant mon père de la captivité, n’ait pas cherché à retenir Frances dans le camp des rebelles.
    – Cela aurait pu mettre sa propre liberté en danger, dit Frances avec un sourire malin, en se rasseyant sur sa chaise ; vous savez que c’est pour la liberté que combat le major Dunwoodie.
    – La liberté ! répéta Sara, jolie liberté que celle qui donne cinquante maîtres au lieu d’un seul.
    – Le privilège de changer de maîtres est du moins une liberté, dit Frances avec un air de bonne humeur.
    – Et c’est un privilège dont les dames aiment quelquefois à jouir, ajouta le capitaine.
    Je crois que nous aimons à choisir ceux qui doivent être nos maîtres, dit Frances, toujours sur le ton de la plaisanterie ; n’est-il pas vrai, ma tante ?
    – Moi ! s’écria miss Peyton ; et comment le saurai-je, ma chère enfant ! il faut vous adresser à d’autres, si vous voulez vous instruire sur ce sujet.
    – Ah ! s’écria Frances en regardant sa tante avec un air espiègle, vous voudriez nous faire croire que vous n’avez jamais été jeune. Mais que faut-il que je pense de tout ce que j’ai entendu dire de la jolie miss Jeannette Peyton ?
    – Sornettes, ma chère, sornettes, dit la tante en cherchant à réprimer un sourire ; vous imaginez-vous devoir croire tout ce que vous entendez dire ?
    – Vous appelez cela des sornettes ! s’écria le capitaine avec gaieté. Encore à présent le général Montrose porte la santé de miss Peyton ; et il n’y a pas huit jours que j’en ai été témoin à la table de sir Henry.
    – Vous ne valez pas mieux que votre sœur, Henry, répliqua la tante ; et pour couper court à toutes ces folies, il faut que je vous fasse voir mes étoffes fabriquées dans le pays : elles feront contraste avec toutes les belles choses que Birch vient de nous montrer.
    Les jeunes gens se levèrent pour suivre leur tante, satisfaits l’un de l’autre, et en paix avec tout l’univers. En montant l’escalier qui conduisait à la chambre où étaient déposées les étoffes dont elle venait de parler, miss Peyton saisit pourtant une occasion pour demander à son neveu si le général Montrose souffrait encore autant de la goutte que lorsqu’elle l’avait connu.
    C’est une découverte pénible que nous faisons en avançant dans la vie que nul de nous n’est exempt de faiblesses. Quand le cœur est neuf encore, et que l’avenir s’offre à nos yeux sans aucune de ces taches dont l’expérience viendra le souiller, tous nos sentiments ont un caractère de sainteté. Nous aimons à supposer à nos amis naturels toutes les qualités auxquelles nous aspirons nous-mêmes, et toutes les vertus que nous avons appris à révérer. La confiance avec laquelle nous accordons notre estime semble faire partie de notre nature, et l’affection qui nous unit à tout ce qui nous tient par les liens du sang a une pureté qu’on peut rarement espérer de voir conserver tout son éclat pendant tout le cours de la vie. La famille de M. Wharton continua à jouir, pendant tout le reste de cette journée, d’un bonheur qu’elle n’avait pas connu depuis longtemps et qui naissait, du moins dans les plus jeunes de ses membres, des délices d’une affection pleine de confiance, et de la réciprocité des sentiments les plus désintéressés.
    M. Harper ne reparut qu’à l’heure du dîner, et, dès que le repas fut terminé, il se retira dans sa chambre, sous prétexte de quelques affaires. Malgré la confiance qu’avaient inspirée ses manières, son absence fut un soulagement pour la famille ; car la visite du capitaine Wharton ne pouvait durer que quelques jours, tant parce que son congé était limité qu’à cause du danger qu’il courait d’être découvert.
    Cependant le plaisir de se revoir l’emporta sur la crainte. Une ou deux fois pendant la journée, M. Wharton avait encore témoigné des doutes sur le caractère de son hôte inconnu, et des craintes qu’il ne donnât des informations qui pussent faire découvrir son fils.

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