Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
Vom Netzwerk:
elle-même, je vous ai déjà avoué mes sentiments pour vous ; et même en ce moment où vous me causez la douleur la plus sensible, je ne chercherai pas à vous les cacher. Croyez-moi, Henry est innocent, il n’est coupable que d’imprudence. Quel bien ferait sa mort à notre patrie ? Elle s’interrompit, pouvant à peine respirer. Elle pâlit de nouveau, et le sang revenant bientôt couvrir ses traits du vermillon le plus foncé, elle ajouta à la hâte, en baissant la voix : – Je vous ai promis, Dunwoodie, de devenir votre épouse aussitôt que la paix sera rétablie dans notre malheureux pays : rendez la liberté à mon frère, et je suis prête à vous suivre à l’autel, quand vous le voudrez, aujourd’hui même. Je vous accompagnerai dans votre camp et devenue l’épouse d’un soldat, je saurai braver les privations auxquelles le soldat est exposé. Dunwoodie saisit la main qu’elle lui présentait, la pressa un instant contre son cœur, et se levant de sa chaise, parcourut la chambre à grands pas, dans une agitation qu’il est impossible de décrire.
    – Frances ! s’écria-t-il, je vous en conjure, ne m’en dites pas davantage, si vous ne voulez me briser le cœur !
    – Vous refusez donc la main que je vous offre ? dit la jeune fille avec un air de dignité blessée, quoique ses joues pâles, son sein palpitant et ses lèvres tremblantes annonçassent clairement les sensations qui l’agitaient.
    – La refuser ! s’écria son amant ; ne l’ai-je pas sollicitée avec instance et avec larmes ? n’est-elle pas tout ce que je désire sur la terre ? Mais l’accepter à des conditions qui nous déshonoreraient l’un et l’autre ! Cependant toute espérance n’est pas perdue ; Henry ne sera pas condamné, peut-être même ne sera-t-il pas mis en jugement. Vous devez être bien sûre que je n’épargnerai ni démarches ni prières pour le sauver, et je puis dire, Frances, que je ne suis pas sans crédit auprès de Washington.
    – Mais ce malheureux laissez-passer ! cet abus de confiance dont vous avez parlé, rendront son cœur insensible aux souffrances de mon frère. Si les menaces ou les prières avaient pu ébranler sa justice inflexible, André aurait-il péri ? Frances prononça ce peu de mots avec le ton du désespoir, et en les terminant elle sortit précipitamment de la chambre pour cacher la violence de son émotion.
    Dunwoodie resta un moment plongé dans un état de stupeur, également accablé du chagrin de sa maîtresse et de celui qu’il éprouvait lui-même. Enfin il la suivit, dans le dessein de calmer ses craintes ; mais en entrant dans le vestibule qui séparait les deux appartements, il y trouva un enfant couvert de guenilles, qui ayant regardé un instant l’uniforme du major lui mit dans la main un morceau de papier, et disparut comme un éclair par l’autre porte du vestibule. La promptitude de sa retraite et le trouble du major donnèrent à peine à celui-ci le temps de remarquer que ce messager était un enfant de village, mal vêtu, et qu’il tenait à la main un de ces jouets convenables à son âge qu’on vend dans les villes, et qu’il contemplait probablement avec le plaisir de ne l’avoir payé que par le message dont il venait de s’acquitter. Il jeta les yeux sur ce billet qui n’était qu’un chiffon de papier sale, et dont l’écriture était à peine lisible, et ce ne fut pas sans peine qu’il parvint à y déchiffrer ce qui suit :
    « Les troupes régulières sont à deux pas, cavalerie et infanterie {23} . »
    Dunwoodie tressaillit, et ne songeant plus qu’aux devoirs de sa profession, il sortit de la maison avec précipitation. Tandis qu’il s’avançait à grands pas vers sa troupe, il vit sur une hauteur située à quelque distance une vedette qui en descendait à toute bride ; plusieurs coups de pistolet se succédèrent rapidement ; le moment d’après il entendit les trompettes de son corps sonner le boute-selle. En arrivant sur le terrain occupé par son escadron, il vit que tout y était en mouvement. Lawton était déjà à cheval, les yeux fixés sur l’extrémité opposée de la vallée, avec toute l’ardeur de l’attente et criant aux musiciens d’une voix presque aussi forte que tous leurs instruments réunis :
    – Sonnez, mes amis, sonnez ! Apprenez à ces Anglais que la cavalerie de la Virginie se trouve entre eux et le but de leur marche !
    Les vedettes et les patrouilles arrivèrent

Weitere Kostenlose Bücher