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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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sentinelle que la prudence du capitaine Lawton avait laissée pour surveiller son prisonnier, de sortir de l’appartement. Se tournant alors vers le capitaine Wharton, il lui dit d’un ton mêlé de douceur et de fermeté :
    – Dites-moi, Henry, pourquoi le capitaine Lawton vous a trouvé ici déguisé ; mais souvenez-vous, souvenez-vous bien, capitaine Wharton, que vos réponses sont entièrement volontaires.
    – Je me suis déguisé, major Dunwoodie, répondit Henry d’un ton grave, afin de ne pas courir le risque d’être fait prisonnier de guerre en venant voir mes parents.
    – Et par conséquent vous ne vous êtes déguisé que lorsque vous avez vu la troupe de Lawton approcher ? répliqua vivement le major.
    – Certainement, s’écria Frances, son inquiétude lui faisant oublier toutes les circonstances. Sara et moi nous avons travaillé à son déguisement quand nous avons entendu arriver les dragons ; et s’il a été découvert, c’est la faute de notre maladresse.
    Le front du major s’éclaircit, et il tourna les yeux sur Frances avec un air d’admiration pendant qu’elle lui donnait cette explication.
    – Et probablement, ajouta-t-il, vous vous êtes servies de ce que vous avez trouvé sous la main dans l’urgence du moment ?
    – Non, dit Wharton avec dignité ; j’étais parti de New-York déguisé, je m’y étais procuré ces vêtements dans le dessein que je viens de vous expliquer, et je comptais les reprendre pour y retourner aujourd’hui même.
    Frances, qui dans son ardeur s’était avancée entre son frère et son amant, recula consternée lorsque l’exacte vérité se présenta à son esprit, et se laissant tomber sur une chaise, elle regarda d’un air égaré les deux jeunes gens debout devant elle.
    – Mais nos piquets ! demanda Dunwoodie en pâlissant ; nos détachements dans la Plaine-Blanche !
    – Je les ai passés déguisé, répondit Wharton avec fierté. J’ai fait usage de cette passe, que j’avais achetée. Et comme elle porte le nom de Washington, je ne doute guère que la signature n’en soit fausse.
    Dunwoodie prit cette pièce avec empressement, en examina quelque temps la signature en silence ; et pendant ce temps la voix de son devoir comme militaire l’emportant sur tout autre sentiment, il se tourna vers le prisonnier, et lui dit en accompagnant ses paroles d’un regard pénétrant :
    – Capitaine Wharton, comment vous êtes-vous procuré cette pièce ?
    – C’est une question, je crois, que le major Dunwoodie n’a pas le droit de me faire, répliqua Henry avec froideur.
    – Pardon, Monsieur, répondit l’officier américain ; ce que j’éprouve en ce moment peut m’avoir dicté une question peu convenable.
    M. Wharton, qui avait écouté cette conversation avec un profond intérêt, dit alors en faisant un effort sur lui-même :
    – Bien certainement, major, cette pièce ne peut avoir d’importance. On fait usage tous les jours de semblables ruses de guerre.
    – La signature n’est pas contrefaite, dit Dunwoodie en étudiant les caractères et en baissant la voix. Y a-t-il donc encore parmi-nous des traîtres à découvrir ? On a abusé de la confiance de Washington, car le nom supposé est d’une autre écriture que le corps de la passe. – Capitaine Wharton, mon devoir ne me permet pas de vous rendre la liberté sur parole il faut que vous me suiviez au quartier-général.
    – C’est à quoi je m’attendais, major Dunwoodie, répondit le prisonnier avec hauteur ; et s’approchant de son père, il lui dit quelques mots à voix basse.
    Dunwoodie se tourna lentement vers les deux sœurs ; ses yeux rencontrèrent encore une fois ceux de Frances qui s’était levée et qui était devant lui, les mains jointes et dans l’attitude de la supplication. Se trouvant hors d’état de lutter plus longtemps contre lui-même, il chercha à la hâte une excuse pour s’absenter un instant, et sortit de l’appartement. Frances le suivit, et le major, obéissant à un signe qu’elle lui fit des yeux, rentra dans la chambre où ils avaient eu leur première entrevue.
    – Major Dunwoodie, lui dit-elle d’une voix si faible qu’elle pouvait à peine se faire entendre, après lui avoir fait signe de s’asseoir ; ses joues que la pâleur avait rendues blanches comme la neige un moment auparavant, étant alors couvertes du plus vif incarnat : Major Dunwoodie, reprit-elle après un nouvel effort sur

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