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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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touchaient la terre que légèrement, et sa marche presque aérienne était l’amble du cheval de bataille.
    Le cavalier se tenait avec grâce sur sa selle, et déployait une aisance et une fermeté qui prouvaient qu’il était maître de lui-même comme de son cheval. Sa taille réunissait tout ce qui contribue à constituer la force et l’activité, car il était grand, bien fait et nerveux. Ce fut à cet officier que Lawton fit son rapport, et ils marchaient l’un à côté de l’autre en arrivant sur la pelouse qui faisait face aux Sauterelles.
    La jeune fille sentait battre son cœur, et elle respirait à peine quand il s’arrêta un instant pour examiner le bâtiment. Elle changea de couleur quand elle le vit descendre légèrement de cheval, et elle fut obligée de soulager ses jambes tremblantes en s’asseyant un moment.
    Cet officier donna quelques ordres à la hâte au commandant en second, traversa rapidement la pelouse, et s’avança vers la maison. Frances se leva et sortit de l’appartement. L’officier monta les marches du péristyle, et à peine avait-il eu le temps de toucher la porte quand elle s’ouvrit pour le recevoir.
    La jeunesse de Frances à l’époque où elle avait quitté la ville, l’avait empêchée de se conformer à la coutume du jour en sacrifiant sur l’autel de la mode les beautés qu’elle tenait de la nature. Ses superbes cheveux blonds n’avaient jamais été mis à la torture ; ils conservaient encore les jolies boucles de l’enfance, et ombrageaient un visage qui brillait des charmes réunis de la santé, de la jeunesse et de l’ingénuité. Ses yeux étaient éloquents, mais ses lèvres gardaient le silence. Ses mains étaient jointes ; sa taille svelte était penchée dans l’attitude de l’attente, et l’ensemble de toute sa personne offrait une amabilité dont le charme sembla d’abord priver son amant de la parole.
    Frances le conduisit en silence dans une chambre voisine de celle où toute sa famille était réunie, et, se tournant vers l’officier avec un air de franchise, elle s’écria en lui offrant la main :
    – Ah ! Dunwoodie ! combien j’ai de raisons pour être charmée de votre venue ! je vous ai fait entrer ici pour vous préparer à voir dans la chambre voisine un ami que vous ne vous attendiez pas à trouver.
    – Quelle qu’en puisse être la cause, répondit le jeune homme en lui serrant tendrement la main, je suis également heureux de pouvoir vous parler sans témoins. Frances, l’épreuve à laquelle vous avez soumis mon amour est trop cruelle. La guerre et l’éloignement peuvent bientôt nous séparer pour toujours.
    – Il faut nous soumettre à la nécessité qui nous gouverne, répondit Frances, perdant les couleurs que lui avait données l’agitation, et prenant un air plus mélancolique. Mais ce n’est pas d’amour que je désire vous entendre parler maintenant ; j’ai à vous demander toute votre attention pour un sujet de bien plus grande importance.
    – Et que peut-il y avoir de plus important pour moi que de m’assurer votre main par un nœud indissoluble ? Pourquoi me parler avec cette froideur, Frances, à moi dont le cœur a si fidèlement conservé votre image pendant tant de jours de fatigue et tant de nuits d’alarmes ?
    – Cher Dunwoodie ! répondit Frances, les yeux humides, en lui tendant de nouveau la main, vous connaissez mes sentiments. Cette guerre une fois terminée, cette main vous appartient pour toujours mais je ne puis consentir à m’unir à vous par un nœud plus étroit que celui qui joint déjà nos cœurs, tant que vous porterez les armes contre mon frère, contre ce frère qui, en ce moment même, attend votre décision pour recouvrer la liberté, ou être conduit à une mort probable.
    – Votre frère ! s’écria Dunwoodie en tressaillant et en pâlissant : votre frère ! expliquez-vous ! Que signifient des expressions qui m’alarment ?
    – Le capitaine Lawton ne vous a-t-il pas dit qu’il a arrêté ce matin Henry comme espion ? dit Frances d’une voix que l’excès de son émotion rendait presque inintelligible, et en levant sur lui des yeux qui semblaient en attendre la vie ou la mort.
    Il m’a dit qu’il avait arrêté un capitaine du 60 e régiment, déguisé, mais j’ignorais que ce fût votre frère, répondit Dunwoodie avec une agitation qu’il s’efforça de cacher en baissant la tête sur ses deux mains.
    – Dunwoodie, s’écria

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