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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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qu’elle avait été faite, et les ordres pour l’attaque furent donnés à l’instant même. L’impétuosité de leur chef l’empêcha de prendre les précautions nécessaires pour assurer le succès ; la cavalerie fut repoussée en désordre, Lawton et son jeune compagnon tombèrent ; heureusement pour les Virginiens, le major Dunwoodie arriva de ce côté en ce moment critique. Il vit ses troupes en désordre, le jeune Singleton, officier que ses excellentes qualités lui rendaient cher, étendu à ses pieds et nageant dans son sang, et Lawton renversé de cheval et privé de toute connaissance. Les yeux du jeune guerrier brillèrent d’un feu plus qu’ordinaire ; il s’élança entre ses dragons et l’ennemi, et les rappela à leur devoir. Sa présence et ses discours firent miracle : les clameurs cessèrent, la ligne se reforma avec vitesse et précision, la charge sonna ; et, conduits par leur commandant, les Virginiens partirent avec une impétuosité à laquelle rien ne put résister. En un instant la plaine fut balayée de tous les Anglais qui s’y trouvaient, et ce qui ne tomba pas sous le sabre du vainqueur chercha un asile dans le bois. Dunwoodie s’en tint à quelque distance pour ne pas exposer sa troupe au feu des Anglais qui s’y étaient réfugiés, et l’on commença à s’occuper du pénible devoir de recueillir les morts et les blessés.
    Le sergent chargé de conduire le capitaine Wharton à l’arrière-garde et de lui faire donner des secours s’acquitta de cet ordre avec promptitude afin de pouvoir retourner le plus promptement possible sur le champ de bataille. Ils n’avaient pas encore parcouru la moitié de la plaine quand le capitaine remarqua un homme dont l’extérieur et l’occupation attirèrent fortement son attention. Sa tête chauve était nue, mais d’un gousset de ses culottes on voyait sortir quelques mèches d’une perruque bien poudrée. Il avait ôté son habit ; les manches de sa chemise étaient retroussées jusqu’au coude. Ses mains, ses bras, ses vêtements et même son visage étaient couverts de sang. À sa bouche était un cigare ; il tenait de la main droite quelques instruments d’une forme étrange, et de la gauche le reste d’une pomme qui de temps en temps remplaçait le cigare ; il était debout, comme en contemplation devant le corps d’un Hessois étendu mort à ses pieds. À quelque distance étaient trois ou quatre guides appuyés sur leurs mousquets, et dont les yeux étaient dirigés du côté des combattants. À son côté était un homme qui, d’après les instruments qu’il tenait en main, le sang dont il était également couvert, paraissait l’aider dans ses travaux.
    – Voici le docteur, Monsieur, dit le sergent à Henry avec le plus grand sang froid. En un clin d’œil il vous aura raccommodé le bras ; et faisant signe aux guides de s’approcher, il leur dit quelques mots à voix basse en leur montrant le prisonnier, et, partit au grand galop pour aller rejoindre ses compagnons.
    Wharton s’approcha de cet étrange personnage, et voyant qu’il ne faisait aucune attention à lui, il allait lui adresser la parole pour le prier de lui panser le bras, quand il l’entendit faire le soliloque suivant :
    – Je suis aussi sûr que cet homme a été tué par le capitaine Lawton que si j’avais vu porter le coup moi-même. Et cependant combien de fois lui ai-je indiqué les moyens de mettre un adversaire hors de combat sans détruire le principe de la vie ! C’est une cruauté que d’en agir ainsi avec la race humaine, et d’ailleurs c’est traiter la science avec peu de respect ; c’est vouloir ne lui rien laisser à faire.
    – Monsieur, dit Henry, si vous en avez le temps, voulez-vous examiner une légère blessure ?
    – Ah ! dit le docteur en l’examinant de la tête aux pieds, vous venez de là-bas ? Eh bien ! comment vont les choses ?
    – Je puis vous répondre qu’il y fait chaud, répondit Henry pendant que le chirurgien l’aidait à ôter son habit.
    – Chaud ! répéta le docteur, tout en continuant ses opérations, tant mieux ! Tant qu’il y a de la chaleur, il y a de la vie, il y a de l’espoir, comme vous savez. Mais ici mon art est sans utilité. J’ai fait rentrer la cervelle, dans la tête d’un patient, mais je crois qu’il était mort sans que j’y touchasse. C’est un cas très-curieux, Monsieur, et je vais vous le faire voir. Ce n’est que derrière cette haie

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