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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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a favorisé les rebelles, répondit Henry en s’efforçant de sourire et en prenant la main de ses sœurs affligées : j’ai fait tout ce que j’ai pu pour conserver ma liberté ; mais on dirait que l’esprit de rébellion s’est étendu jusqu’aux animaux ; le malheureux cheval que je montais m’a emporté ; bien contre mon gré, au milieu de la troupe de Dunwoodie.
    – Et vous êtes une seconde fois prisonnier ! s’écria le père jetant un regard effrayé sur les deux guides armés qui étaient entrés avec son fils.
    – C’est la vérité, répondit Henry ; ce M. Lawton, qui a de si bons yeux, m’a encore réduit en captivité.
    – Pourquoi vous l’avoir pas tué ? s’écria César sans faire attention aux regards inquiets et aux joues pâles des trois dames.
    – Cela est plus aisé à dire qu’à faire, monsieur César, répondit Wharton en souriant ; d’autant plus, ajouta-t-il en jetant un coup d’œil sur les guides, qu’il avait plu à ces messieurs de m’ôter l’usage de mon meilleur bras.
    – Il est blessé, s’écrièrent en même temps les deux sœurs remarquant seulement alors l’écharpe qui lui soutenait le bras droit.
    – Ce n’est qu’une égratignure, dit Henry en étendant le bras pour prouver qu’il ne cherchait pas à les tromper ; mais elle m’a privé de l’usage d’un bras dans le moment le plus critique. César jeta un coup d’œil de ressentiment amer sur les deux guides, qu’il regardait comme la cause immédiate de la blessure de Henry, et sortit de l’appartement. Quelques mots de plus suffirent pour expliquer tout ce que savait le capitaine Wharton de la fortune de cette journée. Il en croyait encore le résultat douteux, car lorsqu’il avait quitté le champ de bataille, les Virginiens se retiraient.
    – Ils avaient forcé l’écureuil de monter à l’arbre, dit un des guides, et ils ne l’ont quitté qu’en laissant un bon chien de chasse pour l’attendre quand il en descendra.
    – Oui, oui, ajouta son camarade d’un ton sec, et je réponds que le capitaine Lawton comptera les nez de ceux qui restent avant qu’ils revoient leurs barques.
    Frances, pendant ce dialogue, n’avait pu se soutenir qu’en s’appuyant sur le dossier d’une chaise, écoutant avec une inquiétude mortelle chaque syllabe qu’on prononçait, changeant de couleur à chaque instant et tremblant de tous ses membres. Enfin, s’armant d’une résolution désespérée, elle demanda :
    – Y a-t-il quelque officier de blessé du côté des… d’un côté ou de l’autre ?
    – Sans contredit, répondit cavalièrement le même guide. Ces jeunes officiers du sud ont tant d’ardeur, qu’il est rare que nous nous battions sans en voir tomber un ou deux. Un blessé qui est arrivé avant les autres m’a dit que le capitaine Singleton avait été tué, et que le major Dunwoodie…
    Frances n’en entendit pas davantage, et tomba sur sa chaise privée de sentiment. Les secours qu’on lui prodigua lui rendirent bientôt l’usage de ses sens, et Henry se tournant vers le guide :
    – Est-ce que le major a été blessé ? lui demanda-t-il.
    – Blessé ! répondit le guide sans faire attention à l’agitation de toute la famille ; non vraiment. Si une balle pouvait le tuer, il y a longtemps qu’il n’existerait plus. Mais comme dit le proverbe, celui qui est né pour être pendu ne peut jamais se noyer. Ce que je voulais dire, c’est que le major est fort chagrin de la mort du capitaine Singleton. Mais si j’avais su l’intérêt qu’y prend la jeune dame, je me serais mieux expliqué.
    Frances rougit de nouveau ; elle se leva précipitamment avec confusion, et s’appuyant sur sa tante, elle allait se retirer quand Dunwoodie lui-même arriva. Sa première sensation en le voyant fut un plaisir sans mélange ; mais il fut remplacé par un sentiment d’angoisse quand elle remarqua l’expression inusitée de tous ses traits ; son front brillait encore de toute l’ardeur du combat ; son œil était fixe, perçant et sévère ; le sourire d’affection qui épanouissait sa physionomie quand il était près de sa maîtresse, était remplacé par un air inquiet et soucieux ; toute son âme était en proie à une émotion forte qui bannissait toutes les autres, et il commença par parler du sujet qui l’occupait si vivement. Il se tourna vers M. Wharton.
    – Monsieur, lui dit-il, dans un moment comme celui-ci on fait peu

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