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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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frère, dit le docteur, ce sont les vapeurs fétides d’un marécage voisin qui ont rendu son habitation de la plaine malsaine pour l’homme ; car les bestiaux…
    – Bon Dieu ! qu’est-ce que cela ? s’écria miss Peyton pâlissant en entendant le bruit des coups de pistolet qu’on avait tirés sur Birch.
    – Cela ressemble prodigieusement, répondit le docteur en buvant une tasse de thé avec le plus grand sang-froid, à un choc produit dans l’atmosphère par une explosion d’armes à feu. Je croirais que c’est la compagnie du capitaine Lawton qui revient, si je ne savais qu’il ne se sert jamais du pistolet, mais qu’il abuse terriblement du sabre.
    – Divine Providence ! s’écria miss Peyton. Mais bien sûrement il ne voulait blesser personne.
    – Blesser ! répéta Sitgreaves ; les coups du capitaine ne blessent personne, Madame, ils portent la mort, une mort inévitable, malgré tout ce que j’ai pu lui dire.
    – Mais le capitaine Lawton est l’officier qui était ici ce matin, et bien certainement il est votre ami, dit Frances en voyant l’effroi peint sur le visage de sa tante.
    – Sans doute, il est mon ami. C’est un brave homme, et il ne lui manque que de vouloir apprendre à manier le sabre scientifiquement, de manière à me laisser quelque chance de guérir les blessés. Il faut que chacun vive de son métier, Madame ; et que deviendra un chirurgien s’il trouve ses patients morts en arrivant pour les voir ?
    Il discutait encore la probabilité ou l’improbabilité que les coups de feu qu’on avait entendus eussent été tirés par la troupe du capitaine Lawton, quand de grands coups frappés à la porte alarmèrent sérieusement les trois dames. Il se leva sur-le-champ, et prenant par instinct une petite scie qui avait été sa compagne fidèle toute la journée, dans la vaine attente qu’il trouverait quelque amputation à faire, il les pria de se tranquilliser, les assura qu’il les garantirait de tout danger ; et se rendit lui-même vers la porte.
    Le capitaine Lawton ! s’écria Sitgreaves en le voyant entrer dans le vestibule, marchant avec peine et appuyé sur le bras de son lieutenant.
    – Ah ! mon cher renoueur, vous voilà ! dit le capitaine avec gaieté, j’en suis ravi, car je désire que vous examiniez ma carcasse ; mais avant tout, envoyez au diable cette chienne de scie.
    Mason expliqua en peu de mots au chirurgien la nature de l’accident arrivé au capitaine, et miss Peyton consentit de la manière la plus gracieuse à lui donner l’hospitalité. Tandis qu’on lui préparait une chambre, et que le docteur donnait certains ordres d’augure sinistre, le capitaine fut invité à entrer dans la salle à manger. La table était garnie de quelques mets plus substantiels que ceux qu’on sert ordinairement pour le repas du soir, et ils attirèrent les yeux des deux officiers. Miss Peyton, songeant que le déjeuner qu’elle leur avait servi dans la matinée avait été probablement leur seul repas de toute la journée, les invita à la terminer par un autre. Elle n’eut pas besoin de les presser ; au bout de quelques instants, ils étaient à table fort à leur aise, mais interrompus de temps en temps par une grimace qu’arrachaient au capitaine les douleurs qu’il éprouvait. Cependant il n’en perdit pas un coup de dent, et il finissait heureusement cette occupation importante quand le docteur rentra pour lui annoncer que la chambre qui lui était destinée était prête.
    – Eh quoi ! capitaine, s’écria l’Esculape immobile de surprise, vous mangez ! Avez-vous donc envie de mourir ?
    – Pas le moins du monde, répondit Lawton en se levant de table et en saluant les dames ; et c’est pourquoi je m’occupe à renouveler en moi les principes de la vie.
    Sitgreaves murmura quelques mots de mécontentement et sortit de l’appartement avec le capitaine et son lieutenant.
    Il y avait alors en Amérique dans toutes les maisons ce qu’on appelait la belle chambre, et la belle chambre des Sauterelles, grâce à l’influence invisible de Sara, avait été donnée au colonel Wellmere. La courte-pointe d’édredon qu’une nuit très-froide devait rendre extrêmement agréable à des membres froissés, couvrait le lit de l’officier anglais. Un vase d’argent, décoré des armes de la famille Wharton, contenait le breuvage qu’il devait prendre pendant la nuit, tandis que les deux capitaines américains n’avaient dans

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