Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
Vom Netzwerk:
ton positif.
    – À présent il est trop tard répondit le docteur déconcerté. Mais une dose d’huile prise intérieurement détergerait les humeurs admirablement.
    Lawton ne répondit à cette proposition qu’en grinçant les dents et en les serrant de manière à prouver que sa bouche était une forteresse qu’on n’emporterait pas sans une vigoureuse résistance. Aussi le docteur, qui le connaissait bien, changea-t-il de sujet de conversation.
    – C’est bien dommage, dit-il, qu’après vous être donné tant de peines et avoir couru un tel danger vous n’ayez pu saisir ce coquin de colporteur.
    Le capitaine ne répondit rien ; et tout en plaçant quelques bandages pour assujettir des compresses, le chirurgien ajouta :
    – Si j’ai quelque désir qui soit contraire à la prolongation de la vie humaine, c’est de voir ce drôle pendu.
    – Je croyais que votre métier était de guérir et non de tuer, dit le capitaine de dragons d’un ton sec.
    – D’accord ; mais cet espion nous a fait tant de mal par ses rapports, que je me trouve quelquefois à son égard dans des dispositions peu chrétiennes.
    – Vous ne devriez nourrir de tels sentiments d’animosité contre aucun de vos semblables, dit le capitaine d’un ton qui surprit tellement le docteur qu’il laissa tomber une épingle dont il allait se servir pour attacher un bandage. Il regarda en face l’être qu’il pansait, comme pour bien se convaincre de son identité ; et ne pouvant douter que ce ne fût son ancien camarade, le capitaine John Lawton, qui lui tenait un tel langage, il chercha à maîtriser sa surprise et lui dit :
    – Votre doctrine est juste, et j’y souscris en thèse générale ; mais… Le bandage ne vous gêne-t-il pas, mon cher Lawton ?
    – Nullement.
    – Oui, en thèse générale, je suis d’accord avec vous. Mais comme la matière est divisible à l’infini, de même il n’y a pas de règle sans exception, et… Vous sentez-vous bien à l’aise, Lawton ?
    – Parfaitement.
    – C’est un acte de cruauté à l’égard de celui qui souffre et quelquefois même d’injustice envers les autres, que de priver un homme de la vie quand une punition moindre pourrait produire le même effet. Or, Jack, si vous vouliez… – Remuez un peu le bras. – Si vous vouliez seulement… – J’espère que vous avez les mouvements bien libres, mon cher ami ?
    – On ne peut davantage.
    – Si vous vouliez, disais-je, mon cher Jack, apprendre à vos soldats à manier le sabre avec plus de discrétion, vous atteindriez le même but, et vous me feriez grand plaisir.
    Le docteur poussa un profond soupir, car c’était un sujet qui lui tenait fort au cœur, et le dragon ayant remis son habit, lui répondit avec le plus grand sang-froid en se retirant :
    – Je ne connais pas un soldat qui manie le sabre plus judicieusement que les miens. D’un seul coup ils vous fendent ordinairement la tête depuis le crâne jusqu’à la mâchoire.
    Le docteur soupira, rangea ses instruments, et se disposa à aller faire une visite au colonel Wellmere.

CHAPITRE XII
    Ce corps, semblable à celui d’une fée, contient une âme aussi forte que celle d’un géant. Ces membres si délicats, qui tremblent comme la feuille du saule qu’agite la brise du soir, sont mus par un esprit qui, lorsqu’il est excité, peut s’élever à la hauteur du ciel, et prêter à ces yeux brillants un éclat presque comparable à celui du firmament étoilé.
    Duo .
    Le nombre et la qualité des étrangers qui se trouvaient aux Sauterelles, avaient considérablement augmenté les détails de soins domestiques dont était chargée miss Peyton. Cependant le jeune capitaine de dragons auquel Dunwoodie prenait tant d’intérêt était le seul d’entre eux dont l’état pût encore le lendemain matin donner quelque inquiétude, quoique le docteur Sitgreaves eût déclaré qu’il répondait de ses jours. Nous avons vu que le capitaine Lawton s’était levé de bonne heure. Henry Wharton n’avait eu le sommeil troublé que par un rêve dans lequel il avait cru voir un apprenti chirurgien s’apprêter à lui amputer le bras ; mais comme ce n’était qu’un rêve, quelques heures de repos lui avaient fait grand bien, et le docteur calma les appréhensions de sa famille, en assurant qu’avant quinze jours il ne se ressentirait plus de sa blessure.
    Pendant tout ce temps le colonel Wellmere n’avait pas encore paru. Il avait déjeuné

Weitere Kostenlose Bücher