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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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dans son lit, prétendant être trop souffrant pour pouvoir se lever, malgré le sourire un peu moqueur du disciple d’Esculape. Sitgreaves le laissant donc ronger son frein dans la solitude de sa chambre, alla faire une visite plus agréable pour lui au chevet du lit du capitaine Singleton. Il remarqua sur son visage une légère rougeur en entrant dans sa chambre ; et s’avançant vers lui promptement, il lui saisit la main pour s’assurer de l’état de son pouls, et lui faisant signe de garder le silence, il se chargea de remplir le vide de la conversation.
    – L’œil est bon, dit le docteur, la peau a même une certaine moiteur ; mais le pouls est élevé ; c’est un symptôme de fièvre ; il vous faut du repos et de la tranquillité.
    – Non, mon cher Sitgreaves, répondit Singleton en lui prenant la main, je n’ai pas de fièvre. Voyez, y a-t-il sur ma langue ce que Jack Lawton appelle une gelée blanche ?
    – Non vraiment, dit le chirurgien en lui introduisant une cuiller dans la bouche pour la tenir ouverte, et lui regardant dans le gosier comme s’il eût voulu y faire une visite domiciliaire ; vous avez la langue bonne, et le pouls commence à se ralentir. Ah ! cette saignée vous a fait grand bien. La phlébotomie est un spécifique souverain pour les constitutions du sud ; et cependant ce fou de Lawton a refusé de se laisser saigner, après une chute de cheval qu’il a faite hier soir. – Sur ma foi, George, votre cas devient singulier, continua le docteur en repoussant sa perruque de côté sans y songer. Votre pouls est égal et modéré, votre peau est moite, mais votre œil est ardent, vos joues sont presque enflammées. Il faut que j’examine de plus près tous ces symptômes.
    – Doucement, mon cher ami, doucement, dit le jeune homme en se laissant retomber sur son oreiller et en perdant quelque chose de ces vives couleurs qui alarmaient son ami. En faisant l’extraction de cette balle, vous avez fait tout ce qui m’était nécessaire ; je vous assure que mon seul mal à présent est une grande faiblesse.
    – Capitaine Singleton, dit le chirurgien avec chaleur, c’est une présomption que de vouloir apprendre à votre médecin quand vous ne souffrez pas. À quoi servent les lumières de la science, si ce n’est à nous mettre en état de prononcer sur ce point ? Fi ! George, fi ! Lawton lui-même, le mécréant Lawton, ne montrerait pas plus d’obstination.
    Singleton sourit en repoussant doucement la main du docteur qui cherchait à détacher ses bandages, et lui demanda, tandis que de nouvelles couleurs renaissaient sur ses joues :
    – Je vous en prie, Archibald, nom d’affection qui manquait rarement d’attendrir le docteur, dites-moi quel est l’esprit descendu du ciel qui est entré dans mon appartement quelques minutes avant vous, pendant que je faisais semblant de dormir ?
    – Dans votre appartement ! s’écria le docteur. Et qui ose aller ainsi sur mes brisées ! Esprit ou non, je lui apprendrai à se mêler des affaires des autres !
    – Vous prenez le change, docteur ; il n’y a nulle rivalité. Examinez l’appareil que vous avez mis sur ma blessure ; personne n’y a touché. Mais quel est cet être enchanteur qui joignait la légèreté d’une fée à l’air de douceur d’un ange ?
    Sitgreaves, avant de lui répondre, commença par vérifier si personne ne s’était ingéré de donner en son absence des soins au blessé ; et rassuré sur ce point, il rajusta sa perruque, s’assit près du lit, et lui demanda avec un laconisme digne du lieutenant Mason : – Cet esprit portait-il des jupons, George ?
    – Je n’ai vu que des yeux célestes, des joues vermeilles, une démarche majestueuse et pleine de grâce, des…
    – Chut ! chut ! vous parlez trop pour votre état de faiblesse, dit le docteur en lui mettant la main sur la bouche ; il faut que ce soit miss Jeannette Peyton. C’est une dame accomplie dont la démarche est pleine de dignité et a… oui, a quelque chose de gracieux. Ses yeux… respirent la bienveillance ; et son teint, quand il est animé par la charité, peut le disputer à celui de ses jeunes nièces.
    – De ses nièces ! a-t-elle donc des nièces ? L’ange que j’ai vu peut être une fille, une sœur, une nièce, mais il est impossible que ce soit une tante.
    – Silence ! George, silence ! vous parlez tant, que votre pouls recommence à battre avec violence. Il faut vous

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