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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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tranquilliser, et vous préparer à voir votre sœur qui sera ici dans une heure.
    – Quoi ! Isabelle. Qui l’a envoyé chercher ?
    – Le major, répondit le docteur d’un ton sec.
    – Ce bon, cet excellent Dunwoodie ! murmura le jeune homme épuisé, en retombant de nouveau sur son oreiller. Et les ordres réitérés de Sitgreaves l’obligèrent à y rester en silence.
    Le capitaine Lawton lui-même, quand il était arrivé pour le déjeuner, avait été accueilli avec la plus grande politesse par tous les membres de la famille qui s’étaient empressés de lui demander des nouvelles de sa santé ; mais un esprit invisible veillait à ce que rien ne manquât au colonel anglais. La délicatesse de Sara ne lui avait pas permis de mettre le pied dans son appartement, mais elle connaissait la position exacte de tout ce qu’elle faisait porter dans sa chambre, et tout ce qui y entrait avait été préparé par ses mains.
    À l’époque dont nous parlons, nous formions une nation divisée, et Sara croyait ne faire que son devoir en restant religieusement attachée au pays qui avait été le berceau de ses ancêtres mais d’autres raisons, et bien plus fortes encore, motivaient la préférence silencieuse que Sara accordait au colonel anglais. Il avait le premier rempli le vide de sa jeune imagination, et son image était ornée de ces attraits qui font impression sur le cœur d’une femme. Il est vrai qu’il n’avait pas la taille élevée et l’air gracieux de Dunwoodie, son regard imposant, son œil éloquent et son accent mâle, quoique plein de sensibilité ; mais il avait le plus beau teint, les joues vermeilles, les dents superbes, et aussi bien rangées que celles que faisait apercevoir le sourire du major virginien. Sara, avant le déjeuner, avait parcouru plusieurs fois toute la maison, jetant souvent un regard inquiet sur la porte de la chambre du colonel Wellmere, mourant d’envie d’avoir des nouvelles de sa santé, mais n’osant en demander, de crainte de trahir l’intérêt qu’elle y prenait. Enfin sa sœur, avec toute la franchise de l’innocence, adressa au docteur Sitgreaves la question si désirée.
    – Le colonel Wellmere, répondit le chirurgien, est dans ce que j’appelle un état de libre arbitre, malade ou bien portant, suivant son bon plaisir. Sa maladie n’est pas du nombre de celles que les lumières de la science peuvent guérir. Je crois que sir Henry Clinton est le meilleur médecin qu’il puisse consulter. Mais le major Dunwoodie a mis obstacle à ce qu’il puisse y avoir communication entre eux.
    Frances sourit malignement en détournant la tête, et Sara, prenant l’air hautain de Junon offensée, sortit sur-le-champ de l’appartement. La solitude du sien ne lui offrit pourtant pas une ressource contre ses propres pensées ; elle le quitta bientôt, et en passant par une longue galerie qui communiquait à toutes les chambres de la maison, elle vit que la porte de celle de Singleton était ouverte. Le jeune capitaine était seul, et semblait dormir.
    Sara entra légèrement, et y passa quelques instants à arranger les tables et à mettre de l’ordre dans les divers objets qui avaient été préparés pour le malade, sachant à peine ce qu’elle faisait, et rêvant peut-être qu’elle s’occupait ainsi pour un autre. Ses couleurs naturelles étaient rehaussées par l’indignation que lui avait inspirée ce que venait de dire le docteur, et la même cause n’avait pas terni l’éclat de ses yeux. Le bruit des pas de Sitgreaves lui avait fait faire une retraite accélérée par une autre porte, et descendant par un escalier dérobé, elle alla rejoindre sa sœur. Toutes deux allèrent chercher un air frais sur la terrasse, et elles s’y promenèrent en se tenant par le bras.
    – Il y a dans ce chirurgien que Dunwoodie nous a fait l’honneur de nous laisser, dit Sara, quelque chose de désagréable qui fait que je voudrais de tout mon cœur le voir partir.
    Frances regarda sa sœur avec un sourire malin ; et Sara, rougissant, ajouta d’un ton un peu sec :
    – Mais j’oublie qu’il fait partie de cette fameuse cavalerie de Virginie et que par conséquent on ne doit en parler qu’avec respect.
    – Avec autant de respect qu’il vous plaira, ma sœur, répondit Frances en souriant ; on n’a pas à craindre que vous lui accordiez trop d’éloges.
    – À ce que vous pensez, répliqua Sara avec un peu de chaleur ; mais je crois que

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