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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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avec plus d’abondance que l’occasion ne l’exigeait, car ce ne fut qu’après de violents efforts sur elle-même, et lorsque Frances eut presque épuisé tous ses moyens de consolation, que ses sanglots s’arrêtèrent enfin. Levant alors sur sa jeune compagne des yeux dont l’éclat était embelli par un sourire, elle lui fit à la hâte quelques excuses sur l’excès de son émotion, et la pria de la conduire dans la chambre de son frère.
    L’entrevue du frère et de la sœur fut touchante, mais Isabelle réussit à paraître plus calme qu’on n’aurait pu le croire d’après son agitation précédente. Elle trouva son frère beaucoup mieux que son imagination susceptible ne l’avait portée à le supposer. Reprenant des forces en proportion, elle passa de l’accablement à une sorte de gaieté ; ses beaux yeux brillèrent d’un nouvel éclat, et ses lèvres étaient embellies par un sourire si séduisant que Frances, qui à son instante prière l’avait accompagnée dans la chambre de son frère, restait les yeux fixés sur des traits doués d’une versatilité si merveilleuse, comme si elle eût été sous l’influence d’un charme irrésistible. Sa sœur s’était jetée entre les bras du jeune blessé ; dès qu’elle s’était relevée, il avait dirigé un regard empressé du côté de Frances, et ce fut peut-être le premier coup d’œil jeté sur les traits de cette jeune personne charmante qui s’en détourna sans une satisfaction complète. Après un moment de silence pendant lequel ses yeux demeurèrent fixés sur la porte restée ouverte, Singleton prit la main de sa sœur, et lui dit avec affection :
    – Et où est Dunwoodie, Isabelle ? jamais il ne se lasse de donner des preuves d’amitié. Après une journée de fatigues comme celle d’hier, il a passé la nuit à m’aller chercher une garde dont la présence suffira seule pour me mettre en état de quitter ce lit de douleur.
    L’expression de la physionomie de sa sœur changea à l’instant ; ses yeux se portèrent tout autour de l’appartement avec un air d’égarement qui parut à Frances, observatrice attentive de tous ses mouvements, donner à ses traits un caractère aussi repoussant que celui qu’ils offraient l’instant d’auparavant lui avait semblé plein de charmes. Isabelle répondit d’une voix tremblante :
    – Dunwoodie ! n’est-il donc pas ici ? Je ne l’ai pas vu. Je croyais le trouver près du lit de mon frère.
    – Il a des devoirs qui le retiennent ailleurs, dit le capitaine d’un air pensif. Oui, on dit que les Anglais s’avancent du côté de l’Hudson, et ils laissent peu de relâche à la cavalerie légère. Cette raison seule a pu l’empêcher de venir voir un ami blessé. Mais, Isabelle, cette entrevue était au-dessus de vos forces, vous êtes agitée comme la feuille du tremble.
    Sa sœur ne lui répondit rien, mais elle avança la main vers la table sur laquelle était placé tout ce dont le capitaine avait besoin. Frances, toujours attentive, comprit à l’instant ce qu’elle désirait, et lui présenta un verre d’eau qui calma l’agitation d’Isabelle et lui permit de dire en souriant faiblement :
    – Sans doute c’est son devoir qui le retient. Avant de partir, j’avais entendu dire qu’un détachement de troupes royales remontait le fleuve, et je n’en ai passé qu’à deux petits milles. La dernière partie de cette phrase fut prononcée d’une voix si faible qu’à peine pouvait-on l’entendre, et qu’elle semblait ne l’adresser qu’à elle-même.
    – Les troupes étaient-elles en marche, Isabelle ? lui demanda son frère avec empressement.
    – Non, répondit-elle avec le même air de distraction. Les cavaliers avaient mis pied à terre, et semblaient se reposer.
    Le frère étonné tourna ses regards sur la physionomie de sa sœur, dont les yeux noirs restaient fixés sur le tapis avec un air toujours abstrait, mais n’y trouva aucune explication. Il les dirigea ensuite sur Frances, qui tressaillit en voyant l’expression animée de ses traits, se leva à la hâte, et lui demanda s’il avait besoin de quelques secours.
    – Si vous daignez me pardonner cette impolitesse, répondit Singleton en faisant un effort pour se soulever, je désirerais voir un instant le capitaine Lawton.
    Frances se hâta d’aller communiquer au capitaine le désir de son camarade, et cédant à un intérêt auquel elle ne pouvait résister, elle revint

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