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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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quantité raisonnable de pommes de terre, d’ognons, de betteraves, et de tous les accompagnements subalternes d’un bon dîner, ce qui compléta le premier service.
    La table se trouva alors servie avec une profusion vraiment américaine, et César jetant un regard de satisfaction sur l’ordonnance du service, après avoir placé à son gré quelques plats qu’il n’avait pas lui-même posés sur la table, partit pour aller informer la maîtresse des cérémonies que sa tâche était heureusement terminée.
    Environ une demi-heure avant la procession martiale que nous venons de décrire, toutes les dames avaient disparu d’une manière à peu près aussi inexplicable que le départ des hirondelles aux approches de l’hiver. Mais le printemps de leur retour ne se fit pas longtemps attendre, et toute la compagnie ne tarda pas à se réunir dans l’appartement auquel on donnait le nom de salon, parce qu’on n’y voyait pas de table à manger, et qu’il s’y trouvait un sofa couvert en indienne.
    La bonne miss Peyton avait jugé que l’occasion exigeait non seulement des apprêts extraordinaires dans le département de la cuisine, mais quelques soins de parure dignes des hôtes qu’elle avait le bonheur de recevoir.
    Elle avait sur sa tête un bonnet du plus beau linon, orné d’une large dentelle placée de manière à laisser apercevoir la guirlande de fleurs artificielles qui le garnissait. Ses cheveux étaient tellement couverts de poudre qu’il était impossible d’en distinguer la couleur ; mais leur extrémité légèrement bouclée adoucissait la raideur de ce genre de coiffure, et donnait à ses traits un air de douceur féminine.
    Son costume était une robe de soie violette à long corsage, garnie d’une pièce d’estomac semblable ; cette robe lui serrait la taille et en dessinait toutes les proportions élégantes. Un ample jupon prouvait que la mode du jour ne cherchait pas à économiser l’étoffe. De petits paniers faisaient paraître cette parure avec avantage, et donnaient un air de majesté à celle qui la portait.
    Sa haute taille était encore relevée par des souliers de même étoffe que sa robe, et dont les talons lui prêtaient plus d’un pouce.
    Ses manches courtes et étroites se terminaient au coude par des manchettes à trois rangs de dentelle de Dresde, d’inégale hauteur, et décoraient un bras et une main qui conservaient encore leur rondeur et leur blancheur. Un triple rang de grosses perles lui entourait le cou, et un fichu de dentelle couvrait cette partie de sa personne que la coupe de sa robe avait laissée exposée à la vue, mais qu’une expérience de près de quarante ans lui avait appris qu’elle devait voiler.
    Ainsi parée, et se redressant avec cet air de noblesse gracieuse qui faisait partie des manières du jour, la tante aurait aisément éclipsé tout un essaim de beautés modernes.
    Le costume de Sara avait beaucoup d’analogie avec celui de sa tante, et une robe qui ne différait de celle que nous venons de décrire que par l’étoffe et la couleur faisait également valoir sa taille imposante : elle était de satin d’un rose pâle. Cependant comme vingt ans ne demandaient pas le même voile que la prudence exigeait à quarante, ce n’était qu’une envieuse collerette de dentelle qui cachait en partie ce que le satin laissait exposé aux yeux. La partie supérieure de son buste et la belle chute de ses épaules brillaient de toute leur beauté naturelle, et, de même que sa tante, elle avait le cou orné d’un triple rang de perles, et elle portait des boucles d’oreilles assorties. Sa chevelure était relevée sur son front aussi blanc que la neige. Quelques tresses tombaient avec grâce sur son cou, et sa tête était ornée d’une guirlande de fleurs artificielles en forme de couronne.
    Miss Singleton avait quitté le chevet du lit de son frère, d’après l’avis du docteur Sitgreaves qui avait réussi à procurer à son malade un profond sommeil, après avoir calmé quelques symptômes fébriles, suite de l’agitation occasionnée par l’entrevue dont nous avons rendu compte. La maîtresse de la maison l’avait déterminée à joindre la compagnie rassemblée dans le salon où elle était assise à côté de Sara, portant à peu près le même costume, si ce n’est que ses cheveux noirs étaient sans poudre. Son front très-élevé et ses yeux grands et brillants donnaient à tous ses traits un air pensif qu’augmentait

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