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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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n’est donc pas un rebelle. J’espère qu’il obtiendra de l’avancement, d’abord parce qu’il le mérite, et ensuite parce que je suis le premier en rang après lui. Quant à l’infortune dont vous parlez, je ne sais ce que vous voulez dire, à moins que vous ne regardiez comme une infortune d’avoir eu à combattre la cavalerie de Virginie.
    – Je n’ai pas envie de quereller sur des mots, Monsieur, dit le colonel avec un air de dédain. J’ai parlé comme me l’a inspiré mon devoir envers mon souverain. Mais ne regardez-vous pas comme une infortune pour un corps la perte de son commandant ?
    – Il peut quelquefois arriver que c’en soit une, répondit Lawton avec une emphase bien prononcée.
    – Miss Peyton, proposez-nous donc une santé ! s’écria M. Wharton inquiet de la tournure que prenait la conversation, et craignant qu’on ne lui demandât son opinion.
    Sa belle-sœur inclina la tête avec un air de dignité, et Henry ne put s’empêcher de sourire en entendant sa tante prononcer le nom du général Montrose, tandis que des couleurs longtemps absentes de ses joues s’y glissaient furtivement.
    – Il n’y a pas de terme plus équivoque que celui d’infortune, dit le docteur sans faire attention à la manœuvre adroite à laquelle son hôte avait eu recours pour changer de conversation. Les uns appellent une chose infortune, et les autres donnent le même nom à ce qui lui est diamétralement opposé. Une infortune en engendre une autre. La vie est une infortune, puisqu’elle nous expose à en éprouver ; et la mort en est également une, puisqu’elle met fin aux jouissances de la vie.
    – Une véritable infortune, dit Lawton en emplissant de nouveau son verre, c’est que la cantine du corps ne soit pas remplie d’un vin semblable à celui-ci.
    – Je suis ravi que vous le trouviez bon, dit M. Wharton, ne sachant trop encore où se termineraient toutes ces infortunes, et j’en boirai un verre avec vous, si vous voulez proposer un toast.
    – En voici un, répliqua le capitaine en remplissant son verre jusqu’au bord, et les yeux fixés sur Wellmere : – un champ de bataille, égalité de nombre, et victoire au courage.
    – De tout mon cœur, capitaine, dit le docteur en prenant aussi son verre, pourvu que vous me laissiez quelque chose à faire, et que votre compagnie n’approche jamais l’ennemi de plus près qu’à portée de pistolet.
    – Monsieur Archibald Sitgreaves, s’écria Lawton avec vivacité, savez-vous bien que voilà le plus diabolique souhait que vous puissiez faire.
    Miss Peyton crut qu’il était temps que les dames se retirassent de table ; elle leur fit un signe, et toutes se levèrent à l’instant. Lawton reconnaissant qu’un mouvement de chaleur involontaire l’avait emporté au-delà des bornes prescrites dans la société, fit sur-le-champ d’humbles excuses à Frances qui se trouvait près de lui, et qui les reçut avec un air de bonté par égard pour l’uniforme qu’il portait, quoiqu’elle sût fort bien que ce serait pour Sara un sujet de triomphe pendant plus d’un mois. Mais il était trop tard, et les dames se retirèrent avec beaucoup de dignité, au milieu des saluts respectueux de toute la compagnie, à l’exception du capitaine de dragons décontenancé, et dont toutes les idées se trouvaient dans un état de stagnation. M. Wharton, faisant une profusion d’excuses à ses hôtes, se leva aussi de table au même instant, et sortit de l’appartement avec son fils.
    Dès que les dames furent parties, le docteur prit un cigare, et le plaça au coin de ses lèvres de manière à ne gêner en rien les organes de la prononciation.
    – Si quelque chose peut adoucir la captivité et les souffrances, c’est le bonheur d’avoir à supporter ses malheurs dans la société des dames qui viennent de nous quitter, dit le colonel d’un ton de galanterie, soit qu’il fût sensible à l’hospitalité qu’il recevait, soit qu’il éprouvât un sentiment encore plus doux.
    Sitgreaves jeta un coup d’œil sur la cravate de soie noire qui entourait le cou du colonel anglais, et secouant avec le petit doigt les cendres de son cigare, en véritable adepte :
    – Sans contredit, colonel, dit-il, une tendre commisération, une bonté bienveillante, ont une influence naturelle sur le système de l’humanité. Il existe une connexion intime entre le moral et le physique. Mais pour accomplir une cure, pour rendre à la

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