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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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il avait parlé si légèrement, et comme l’évènement l’avait prouvé, avec si peu de raison. Wharton savait que cette infortune, comme ils nommaient tous deux leur défaite, avait été causée par la témérité du colonel ; mais il s’abstint de parler d’autre chose que du malheureux accident qui avait privé les Anglais de leur chef, et de l’échec qui en avait été la suite.
    – En un mot, Wharton, dit le colonel en se préparant à se lever, et en avançant une jambe hors du lit, cette journée est le résultat d’une combinaison d’événements malencontreux. Votre cheval en devenant rétif vous a empêché de porter au major mes ordres pour attaquer les rebelles en flanc.
    – C’est la vérité, répondit Henry en lui poussant avec le pied une pantoufle vers le lit ; si nous avions réussi à faire quelques bonnes décharges de mousqueterie sur leur flanc, nous aurions fait faire volte-face à ces braves Virginiens.
    – Et au pas redoublé, ajouta Wellmere en plaçant sa seconde jambe près de la première ; mais vous savez qu’il était nécessaire de débusquer les guides, et ce mouvement leur a donné une belle occasion pour une charge.
    – Et ce Dunwoodie ne manque jamais l’occasion de profiter d’un avantage qui se présente, dit le capitaine en envoyant la seconde pantoufle rejoindre la première.
    – Je crois que si c’était à recommencer, reprit le colonel en se mettant debout, les choses se passeraient tout différemment. Au surplus, ils n’ont à se vanter que de m’avoir fait prisonnier, car vous avez pu voir qu’ils ont été repoussés ensuite dans leur tentative pour nous débusquer du bois.
    – Du moins ils l’auraient été s’ils avaient osé nous y attaquer, répondit Wharton en mettant les habits du colonel à sa portée.
    – C’est la même chose, dit Wellmere en continuant sa toilette ; prendre une attitude capable d’intimider l’ennemi, c’est en quoi consiste principalement l’art de la guerre.
    – Sans doute, répondit Wharton prenant lui-même un peu des sentiments de fierté d’un soldat, et vous pouvez vous souvenir qu’une de nos charges les avait mis en déroute.
    – Cela est vrai, parfaitement vrai, s’écria le colonel d’un ton animé. Si j’avais été là pour profiter de cet avantage, les Yankees s’en seraient mal trouvés. En parlant ainsi il finissait sa toilette, et il se trouva prêt à se montrer, ayant repris toute sa confiance en lui-même, et bien persuadé que s’il se trouvait prisonnier c’était par suite d’un caprice de la fortune qui était au-dessus de toute la prudence humaine.
    La nouvelle que le colonel serait un des convives ne diminua nullement les préparatifs qui se faisaient pour le festin ; et Sara, après avoir reçu les compliments de l’officier anglais et lui avoir demandé en rougissant s’il souffrait moins de ses blessures, alla donner ses soins à ce qui devait prêter un nouvel intérêt à la scène.

CHAPITRE XIII
    Je tiendrai bon, et je mangerai, quand ce devrait être mon dernier repas, puisque je sens que mon bon temps est passé. – Mon frère, Milord duc, allons, faites comme moi.
    SHAKESPEARE.
    L’odeur des préparatifs du dîner que le capitaine Lawton avait déjà remarquée s’élevait de plus en plus du royaume souterrain de César. Le capitaine de dragons en concluait que ses nerfs olfactifs, dont le jugement en pareilles occasions était aussi infaillible que celui de ses yeux l’était en d’autres, avaient fidèlement rempli leur devoir. Pour reconnaître encore mieux ce parfum au passage, il se mit à une fenêtre du bâtiment ; heureusement placée au-dessus de la cuisine. Cependant Lawton ne songea à se procurer cette jouissance qu’après s’être mis en état de faire honneur au festin par une toilette aussi complète que le permettait sa chétive garde-robe. L’uniforme de son corps était un passeport pour les premières tables ; le sien se ressentait un peu de ses longs et fidèles services ; mais il le brossa et le nettoya avec un grand soin. Sa chevelure, à laquelle la nature avait donné la noirceur du corbeau, prit, grâce à la poudre, la blancheur sans tache de la colombe. Sa main, qui convenait si bien par sa taille et sa force au sabre qu’il maniait avec si peu de discrétion ; ne se montrait qu’à demi et avec la modestie d’une vierge sous une manchette de dentelle. Là se borna tout l’extraordinaire de la toilette du

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