Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Eté de 1939 avant l'orage

L'Eté de 1939 avant l'orage

Titel: L'Eté de 1939 avant l'orage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
garde de ne rien publier qui pourra être interprété comme favorable à l’ennemi. Ce sera facile: évitez simplement de déclarer votre admiration pour les pays fascistes. De plus, lors de petites soirées comme celle-ci, n’invitez que des conférenciers qui ont un cerveau.
    Par exemple, un type qui déclame des extraits du Protocole des sages de Sion , comme l’autre fois, cela ferait mauvais genre.
    Enfin, des discours ou des écrits défavorables à l’effort de guerre ne vous rendraient pas service.
    â€” Mais vous êtes en train d’établir une dictature tout en prétendant être engagé dans une croisade pour défendre la liberté… Car c’est la prétention de votre gouvernement…
    â€” Mon cher collègue Vanier, je suppose que vous parlez de la dictature de la majorité canadienne-anglaise qui s’exerce sur la minorité canadienne-française? Votre ami, monsieur Laurendeau, est allé en Europe il y a un ou deux ans pour célébrer ses épousailles. Il pourra vous expliquer ce que sont les régimes du Portugal, d’Espagne, d’Italie, d’Autriche avant ou après l’ anschluss , d’Allemagne. Dans l’un ou l’autre de ces pays, je me serais amené ici avec des hommes en uniforme noir, et vous vous trouveriez déjà dans une cave à goûter une médecine musclée, pour finir suspendu à un crochet de boucher. Moi, je me présente à vous en ami et en collègue, pour évoquer les règles que nous sommes à préparer. Elles vous laisseront une liberté de parole dont ne jouit présentement aucun Allemand.
    Une nouvelle pause se prolongea de longues secondes, puis André Laurendeau prit le relais pour répondre d’un ton plus posé:
    â€” Nous vous remercions de vous être déplacé pour nous donner ces conseils. Nous en ferons bon usage, soyez-en certain.
    â€” Je suis heureux de l’entendre. Sur ce, je vous souhaite le bonsoir. La journée a été épuisante.

    â€” Elle a fait cela!
    Renaud Daigle était rentré dans une maison silencieuse, mais Virginie attendait son retour au lit, un roman à la main.
    En enlevant ses vêtements, son mari lui avait relaté sa visite chez Myriam Davidowicz.
    â€” Cela me semble tellement difficile à croire, expliquait le mari. Tu sais, si je ne t’avais pas rencontrée…
    â€” Tu aurais fait ce qui allait de soi pour sa famille, épouser Élise. Tu serais ministre aujourd’hui, plutôt que d’endurer une femme qui te turlupine pour te faire acheter un autre cinéma.
    â€” Ou alors elle m’aurait mis une balle dans la tête à la première de mes excentricités.
    â€” Ah! Pour ça, j’ai du mérite.
    L’humour sonnait tout à fait faux. Au moment de se coucher, sur un ton sérieux, l’homme continua:
    â€” Farah-Lajoie tout comme la sœur Davidowicz en sont convaincus. Tu sais ce qui me donne froid dans le dos? Pas le meurtre, ce genre de chose est si facile, des millions d’individus vont s’en rendre compte dans cette guerre. La froideur de la machination, ce médecin qui vient me voir à la maison…
    â€” Il ne pouvait tout de même pas savoir que j’irais le consulter quelques jours plus tôt! l’interrompit Virginie.
    â€” Je suppose qu’il s’agit d’un heureux hasard. Sans doute aurait-il frappé à la porte de toute façon, puisqu’Élise avait déjà pris le rendez-vous pour moi auprès de Lapointe. Ou il aurait téléphoné. Quelles étaient les chances pour que je refuse de rencontrer un député libéral désireux de me parler?
    â€” Nulles.
    Littéralement, le gouvernement le faisait vivre. À moins d’une obligation incontournable, Renaud ne se serait pas dérobé.
    â€” Il m’a quitté pour aller établir son alibi grâce au souper avec sa sœur. Au même moment, déguisée, Élise attendait à un demi-mille, tout au plus à un mille, de notre maison, préparant son coup. Et le lendemain, elle pleurnichait pour que je lui apporte mon aide… Pourquoi diable tenait-elle à me mêler à tout cela?
    Cela demeurait bien le plus mystérieux, dans toute cette affaire. N’importe quel criminaliste aurait mieux valu.
    â€” T’ai-je déjà dit que je te

Weitere Kostenlose Bücher