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L'Eté de 1939 avant l'orage

L'Eté de 1939 avant l'orage

Titel: L'Eté de 1939 avant l'orage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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provinces.
    â€” Laquelle devrait conduire à la naissance d’une politique de sécurité sociale semblable à celles qui existent au Royaume-Uni, en Allemagne ou même aux États-Unis. Les journaux commencent à évoquer la création d’une médecine publique, accessible à tous.
    Plutôt que des journaux, Davidowicz pensait que le financier tirait ses informations du cabinet lui-même, qui devait tâter le terrain auprès des grands capitalistes avant de s’aventurer dans des politiques sociales aussi avant-gardistes.
    â€” Ce ne sera pas pour tout de suite, précisa le député, mais l’assurance-chômage formera sans doute la plate-forme libérale lors de l’élection prévue pour l’automne prochain.
    â€” Mais quel curieux choix vous avez fait: un constitutionnaliste, aussi compétent et proche du Parti libéral soit-il, pour vous tirer d’affaire face à une accusation de meurtre. Si vous me l’aviez demandé, j’aurais pu non seulement vous recommander le meilleur criminaliste du pays, mais aussi le convaincre de vous faire un prix.
    Ã€ ce sujet, Bronfman se révélait du même avis que l’avocat.
    Davidowicz jugea inutile de le préciser à son interlocuteur.
    â€” C’est un vieil ami de ma compagne, qui se trouve être la secrétaire d’Ernest Lapointe. De plus, par le passé l’homme s’est occupé de quelques histoires retentissantes dont personne n’osait se charger. Et puis le hasard a voulu que juste la veille du meurtre je lui aie demandé de dire un mot à son ami ministre de la Justice au sujet des réfugiés du Saint-Louis .
    Sur le coup, dans l’excitation du moment, cela m’a semblé une bonne idée.
    â€” Oh! Elle n’était pas mauvaise, puisque vous voilà devant moi, libre. Tout de même, ce choix me paraît curieux, même si cet homme montre de la sympathie envers notre communauté.
    Samuel Bronfman marqua une pause, puis il enchaîna en cherchant une liasse de documents sur une étagère pour la poser devant lui, prêt à passer à un autre sujet:
    â€” Monsieur Davidowicz, je vous remercie d’avoir accepté de répondre à mes questions. Je comprends combien évoquer un sujet aussi délicat doit être difficile pour vous.
    Ces derniers mots semblaient être un congédiement poli.
    Le médecin resta un moment interdit, les fesses posées sur le bout de sa chaise, puis il demanda:
    â€” Que pensez-vous de l’idée de convoquer la presse afin de faire connaître les menaces que j’ai reçues? Visiblement, les policiers n’ont aucune intention d’enquêter du côté des associations fascistes. Quelques articles dans les grands journaux ne leur laisseraient plus le choix.
    â€” Nous sommes dans une situation fort délicate: alors que les menaces viennent de tous les côtés, nous devons chercher de l’aide en faisant preuve de discrétion, afin de ne pas soulever l’opinion publique contre nous.
    â€” Mais il y a eu un crime odieux. Au contraire, cela nous amènerait la sympathie de la population.
    â€” Je ne peux pas vous forcer à suivre ma stratégie, bien sûr. Je demeure toutefois convaincu que la discrétion est de mise. Je vais m’occuper de votre affaire, car elle m’inquiète beaucoup. Mais ce sera à ma façon. Merci encore de votre franchise face à toutes mes questions.
    Cette fois, insister aurait été du plus mauvais goût. Aussi Davidowicz s’esquiva après une poignée de main.

    Les événements des deux ou trois dernières semaines avaient contraint Renaud à négliger ses affaires personnelles.
    Le lundi matin suivant, pendant des heures, les cours de la Bourse retinrent toute son attention. Au moment où il s’ap-prêtait à aller récupérer sa fille à la sortie des classes, la sonnette de la porte d’entrée retentit. Comme toujours, la vue d’un employé de la compagnie de télégraphe provoqua une contraction de ses intestins. Même si aucun de ses proches ne se trouvait à l’article de la mort, ce moyen de communication n’amenait que rarement de bonnes nouvelles.
    Son soulagement s’accompagna d’une grande surprise quand il lut: « Monsieur Samuel Bronfman vous prie respectueusement de venir le

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