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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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découvrir une petite plage sur laquelle on pouvait marcher, du
moins en se faufilant entre les rochers. J’inspectai la falaise, mais rien n’indiquait
un passage caché.
    Pourtant,
Olympias était bien remontée par ce sentier, avec son petit panier presque
vide, à l’exception d’un couteau et de quelques croûtons de pain. Et le bas de
sa stola était mouillé. J’avais vu sa pâleur lorsque Dionysius avait raconté l’histoire
de Crassus qui s’était caché pendant des semaines dans une grotte marine.
    M’armant
de courage, je franchis les rochers et descendis sur la petite plage. Les
vagues suivantes m’éclaboussèrent les pieds, l’eau me monta jusqu’aux genoux.
Puis la mer se retira. Je tremblai de froid et m’agrippai à un rocher pour
garder l’équilibre. Grelottant, je m’obligeai à lâcher la roche et à progresser
sur le sable.
    J’avançai
dans l’eau jusqu’à la taille. Le mouvement des vagues me tirait vers le large.
Sous mes pieds, le sable se dérobait et je devais lutter pour retrouver mon
équilibre. Je me dis que, dans un tel endroit, un homme pouvait facilement se faire
entraîner vers les grands fonds, pour ne plus jamais revoir la surface.
    Qu’espérais-je
trouver ? Une grotte miraculeuse qui s’ouvrirait dans le rocher sur mon
ordre ? Il n’y avait aucune cachette ici ; rien d’autre que de la
pierre et de l’eau. Je fis un pas de plus. Les vagues atteignaient mon estomac.
L’eau clapotait contre une arête rocheuse qui émergeait de l’écume comme la
tête d’une tortue de mer. Toussant et crachotant, je fis encore un pas. L’eau m’arrivait
à la poitrine. Puis elle se retirait avec une telle force que je faillis être
entraîné vers le large. Je m’accrochai de nouveau à un rocher, comme une
feuille tente de rester accrochée à un rameau dans la tempête. Le froid me
coupait la respiration. Un moment, je vis des taches devant mes yeux.
    Et
je vis la grotte !
    Elle
n’était visible qu’au moment où les vagues se retiraient. Et seulement un
instant. J’aperçus l’entrée noire, déchiquetée, taillée dans la roche tout
aussi noire. On aurait dit la gueule ouverte d’une bête édentée. L’écume coulait
de ses lèvres. Et puis les vagues venaient la remplir de nouveau. Tant que la
mer n’était pas assez basse, il était impossible de pénétrer à l’intérieur.
Tout homme raisonnable s’en serait rendu compte. Mais un homme raisonnable ne
se serait pas immergé jusqu’au cou dans l’eau froide, n’aurait pas agrippé des
doigts un rocher glissant au péril de sa vie, dans la lumière blafarde du
matin.
    Je
lâchai progressivement le rocher et me déplaçai lentement vers la fissure. Je
parvins enfin à m’accrocher à ses lèvres écumeuses et me hissai à l’intérieur
de la grotte. Les vagues s’engouffrèrent derrière moi. J’étais prisonnier,
incapable d’avancer ou de reculer, tant que le flux se précipitait dans l’orifice
noir. Des algues me fouettaient le visage et l’eau salée envahissait mes
narines. Quand les vagues se retirèrent, je m’élançai le plus vite possible,
mais ma tête heurta le plafond du boyau. C’est à ce moment, je pense, que ma
blessure recommença à saigner.
    Je
me retrouvai dans les ténèbres. J’avais l’impression que toute ma force avait
été aspirée vers le large. Je me préparai à l’assaut de la vague suivante, qui
se précipita sur moi et m’enveloppa comme si elle sortait des narines de
Neptune. J’avais le nez plein d’eau salée, et un goût de sang sur la langue. L’eau
se retira. J’étais persuadé que j’allais être emporté. Mais je parvins à tenir
bon.
    J’ouvris
les yeux. La vague m’avait entraîné un peu plus loin dans l’antre. Je levai la
tête et aperçus un rayon de soleil qui tombait d’une ouverture très loin au-dessus
de moi. J’étais dans la grotte. C’était surprenant que je me retrouve là, c’était
inimaginable !
    Leurs
regards stupéfaits en dirent autant. Même dans la faible clarté, je reconnus
Olympias. Maintenant je la voyais toute nue. J’en avais rêvé. Sa peau était
lisse, immaculée, recouverte d’une mince pellicule de sueur qui faisait luire
les parties les plus pâles de son corps comme de l’albâtre dans une lumière
sépulcrale. Ses bras et ses jambes étaient plus sombres que le reste de son
corps. Le soleil les avait teintés d’or pâle. Elle était svelte mais point
frêle. Elle avait même l’air

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