L'Étreinte de Némésis
plus robuste, plus débordante de vitalité, que
lorsqu’elle était habillée. Ses seins étaient pleins et ronds, avec de larges
aréoles étonnamment sombres au regard de sa crinière dorée et de la toison qui
courait entre ses cuisses élancées. Hélas ! je n’étais pas vraiment en
état d’apprécier cette vision.
Son
compagnon semblait avoir beaucoup de plaisir, je m’en rendis compte lorsqu’ils
se séparèrent et que j’eus la preuve de son excitation. Lorsqu’il se redressa,
sa tête heurta une saillie. Il proféra un juron. Pendant ce temps, Olympias
roulait sur le flanc et fouillait dans les coussins et les couvertures étalés
sur le sol. Elle trouva ce qu’elle cherchait : un poignard brillant à la
lame aussi longue que l’avant-bras d’un homme. D’un air triomphal, elle le
brandit et le lança. Le poignard dessina un arc de cercle. La jeune fille
voulait probablement le donner à son compagnon, mais dans la hâte et la
confusion, elle faillit mettre un point final à l’excitation de son ami. Les
deux jeunes gens poussèrent un cri d’effroi alors que la lame frôlait le sexe
de l’homme. Alexandros chancela en arrière, se heurta de nouveau la tête contre
la roche. Et, de nouveau, il jura. Si je n’avais pas été si glacé et si
mouillé, sans oublier ma douleur à la tête, j’aurais sans doute ri.
Ils
étaient parfaitement assortis du point de vue physique. Il était peu probable
qu’une superbe jeune fille avec son talent et son intelligence soit tombée amoureuse
d’un garçon d’écurie thrace qui ne fût pas aussi incroyablement beau et
athlétique. Sa crinière hirsute étincelait. Elle semblait châtaine dans le
clair-obscur. Son torse et ses membres étaient recouverts d’un duvet de la même
couleur. Ses traits étaient d’une grande pureté : des lèvres généreuses,
des sourcils épais, qui convergeaient en une ligne unique au-dessus de ses yeux
ardents ; sa barbe, vieille de quelques jours à peine, accentuait ses
hautes pommettes et son menton puissant. Même en cet instant où son excitation
déclinait, son sexe était encore en érection. Il n’était pas aussi beau qu’Apollonius,
mais je comprenais pourquoi Olympias l’avait choisi. Apparemment, il avait
autant de cerveau que de muscles, puisque Zénon l’utilisait pour tenir ses
comptes. Mais à cet instant précis, il avait plutôt l’air amorphe, presque
bovin, tandis qu’il se frottait la tête et tâtonnait pour récupérer le poignard
d’Olympias.
— Laisse
l’arme, dis-je d’un ton las. Je ne suis pas venu en ennemi.
Ils
me dévisagèrent, les yeux écarquillés, soupçonneux. Puis le regard de la jeune
femme se fit moins dur : elle me reconnut enfin. A quoi pouvais-je
ressembler, surgissant du tunnel écumeux, recouvert d’algues et avec du sang
dégoulinant sur mon visage ? Alexandros me regardait comme si j’étais un
monstre marin.
— Attends !
murmura Olympias.
Elle
posa sa main sur le bras d’Alexandros.
— Je
le connais.
— Vraiment ?
Et qui est-ce ?
Il
avait un fort accent thrace. Je perçus une note désespérée, sauvage, dans sa
voix, qui m’incita à approcher ma main de mon poignard, sous ma tunique.
— C’est
le Limier, dit-elle. De Rome… L’homme dont je t’ai parlé.
— Alors
il m’a finalement trouvé.
La
lame scintilla comme du mercure dans un rai de lumière. L’esclave recula contre
le mur de la grotte en me regardant comme une bête prise au piège.
Olympias
me dévisagea avec soupçon.
— Es-tu
venu pour le ramener à Crassus ?
— Pose
ton poignard, murmurai-je.
Je
commençai à frissonner sans pouvoir m’arrêter.
— Peux-tu
faire un feu ? J’ai très froid et je me sens un peu faible.
Olympias
m’observa un moment. Puis elle attrapa une robe de laine et la passa. Elle vint
vers moi et tira sur le bord de ma tunique.
— Allez,
enlève d’abord tout ça, sinon tu mourras de froid et non d’un coup de poignard.
Nous ne pouvons faire de feu, hélas ! quelqu’un pourrait apercevoir la
fumée. Mais enveloppe-toi dans une couverture. Alexandros, tu frissonnes aussi !
Lâche ce poignard et viens te couvrir !
À
première vue, la caverne m’avait semblé immense. En fait, elle n’était pas si
grande, mais elle s’élevait à une hauteur considérable. Taillée dans la pierre,
elle était en pente, ou plus précisément son sol était constitué d’une
succession de petites terrasses rocheuses.
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