Lettres
confusion. La forme concrète de mon grand amour.
À chaque instant il est mon enfant. Mon enfant né chaque matin de moi-même.
Lettre à Machila Armida
Samedi 14 février 1953
María Cecilia, fruitée, merveilleuse,
Toi, ton œuvre, tout ce qui te pousse à vivre, tout est sphère, harmonie, toi tout entière tu es géniale et l’expression de ta vie dans tes tableaux extraordinaires, si intimes et si énormes, si populaires et si beaux, révolutionnaires jusqu’à la moelle : pour moi, ils sont l’univers. Pourvu que jamais tu ne te sentes seule , mon amour, car avant quiconque il y a ta vie et celle de ta fille.
Envoie foutre cette société stupide, pourrie par le mensonge, le capitalisme et l’impérialisme nord-américain. Toi, Diego et moi, nous attendons la paix dans le monde entier. La révolution est inéluctable.
Que tu vives de nombreuses années, Maria Cecilia. Car rares sont les personnes dotées de ton génie.
Prends bien soin de mon Diego, mon enfant chéri, dans mon cœur et dans le tien.
Merci pour les deux ciels de tes yeux. Moi aussi je te cièle , je te garde dans ma vie, je te pleux si tu as soif, j’accroche à ton cœur mon Diego pour que tu le protèges. Toujours.
Diego je ne suis plus seule car Machila est près de moi et de toi.
Carton d’invitation de Frida Kahlo
pour le vernissage de son exposition
à la Galerie d’art contemporain
(13 avril 1953)
En t’adressant du fond du cœur
ma tendresse et mon amitié,
à mon humble exposition
j’ai le plaisir de t’inviter.
Chez Lola Álvarez Bravo
je t’attends à huit heures du soir.
J’imagine que tu as une montre…
Ne va pas me décevoir.
Numéro 12, rue Amberes :
c’est l’adresse de la galerie.
Alors, surtout, ne te perds pas.
Pour les détails, j’en ai fini.
J’attends de toi que tu me donnes
un avis sincère et cordial.
te targues d’avoir des lettres ;
ton jugement est primordial.
Tous ces tableaux, je les ai peints
à l’aide de mes propres mains.
Ils attendent cloués au mur
de voir s’ils plaisent à mes frangins.
Du fond du cœur, sois remercié.
Sache que toujours tu compteras
sur ma très sincère amitié.
Frida Kahlo de Rivera.
Coyoacán, 1953
134 Messages à Diego Rivera
Avril 1953
Dans ta maison de Coyoacán je t’attends comme je t’ai attendu vingt-trois années durant (…) Essaie de rentrer le plus tôt possible car sans toi le Mexique n’est pas le Mexique (155) .
*
1953
Pour mon enfant amoureux, tendre, né de mes entrailles (…) À mes enfants Vidal et María… à Dolores… à tous ceux qui m’ont aimée…
Lettres à Dolores del Río
Coyoacán, 29 octobre (1953 ?)
Merveilleuse Dolores,
Je te prie d’accepter la peinture que tu m’as commandée. Je peins beaucoup en ce moment. Avant-hier, je suis arrivée à Puebla et là, j’ai peint sur ma poitrine, dans le lit, ton tableau.
Ma santé va mieux, mais je suis terriblement angoissée. Maria, la petite sœur de Vidalito, le peintre de neuf ans de Oaxaca (tu te souviens de lui ?), va très mal, elle est dans le coma depuis hier après-midi.
Diego n’est pas là, il est parti à Pátzcuaro et tu es mon seul secours. Je te supplie de me donner l’argent que tu m’avais promis (1 000 pesos) pour le tableau. Je n’ai même pas de quoi payer les médecins et les médicaments, ni pour la petite ni pour moi. Manolo Martínez te remettra le tableau, c’est l’assistant principal de Diego. Si tu es chez toi, aie la bonté de lui remettre l’argent (en chèque ou en liquide), il est de toute confiance.
Excuse-moi de t’avoir dérangée.
Des milliers de baisers.
Ta Frida
*
Coyoacán, 29 octobre
Dolores,
Quand Diego est rentré, il s’est mis très en colère à cause des termes dans lesquels je t’avais écrit, parce que tout ce qu’il gagne en travaillant, il me le donne, et je ne manque de rien. Il était indigné.
Merci beaucoup de ta gentillesse.
Frida
[ Sur la même feuille, ces mots de Diego Rivera ]
Lolita,
J’ai été indigné en apprenant que Frida avait touché les 1 000 pesos que tu avais envoyés pour « la petite malade (156) », une somme qu’elle aurait dû te rendre sur-le-champ, ce que je fais à présent en t’envoyant le chèque ci-joint, n° 609 912 du Banco comercial de la propiedad. Excuse-la, c’est une malade, et reçois les sincères salutations de ton affectueux ami.
Diego
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