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Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
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mauvais pour lui.
    Vous avez monté ma bicyclette dans ma chambre   ? Je ne veux pas que les gosses l’utilisent, il vaut mieux que tu la ranges là-haut. Lupe se tient comme il faut   ? Et Carmelita, qu’est-ce qu’elle devient   ? Passe le bonjour à tout le monde et tout spécialement au général Désordre.
    Tu vois Ch. Hidalgo   ? Dis-lui que je n’ai pas oublié les gants et le pull qu’il m’a commandés. Et puis dis à Kitty de te recoudre tes vêtements, de tout bien laver et d’appeler le « coiffing » quand tu en auras besoin. Et toi, pense à te baigner et à prendre bien soin de toi. N’oublie pas que je t’aime plus que ma propre vie, que tu me manques à chaque minute un peu plus. Sois sage, même si tu t’amuses n’arrête jamais de m’aimer, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Je t’écrirai de Paris aussi souvent que possible, et toi, épargne-moi le chagrin de ne pas avoir de nouvelles de toi. Écris-moi de toutes petites lettres ou des cartes postales, mais qu’au moins je sache comment va ta santé.
    Mon tableau de la morte est plutôt réussi, sauf l’espace entre les deux corps, et le bâtiment a l’air d’une cheminée, tu sais, celles qui sont bien carrées, et puis je le trouve un peu trop bas. Chaque jour je suis un peu plus convaincue que je ne vaux pas tripette en dessin et je me sens conne quand je veux introduire un peu de distance dans ma peinture. Je donnerais tout pour voir ce que tu es en train de faire en ce moment, ce que tu peins, pour pouvoir être près de toi et pour dormir avec toi dans notre petite chambre du pont   ; ton rire me manque tellement, et ta voix, tes mains, tes yeux, même tes colères, tout, mon tout petit, toi tout entier, tu es ma vie à présent et rien ni personne ne peut me changer.
    J’attends la lettre que tu m’as promise dans ton télégramme et au téléphone. Dis-moi pourquoi tu m’as semblé triste, dis-moi tout, dis-moi si tu veux que j’aille te retrouver et que j’envoie foutre Paris et tout le monde.
    Je t’envoie des millions et des millions de baisers et tout mon cœur.
    Ta chicuita.
    Friduchín

Lettres à Nickolas Muray (77)
    Paris, 16 février 1939
     
    Mon adorable Nick, mon enfant,
    Je t’écris depuis mon lit de l’Hôpital américain. Hier pour la première fois je n’ai pas eu de fièvre et on m’a autorisée à manger un tout petit peu, du coup je me sens mieux. Il y a deux semaines, j’ai été tellement malade qu’on m’a amenée ici en ambulance, car je ne pouvais même pas marcher. J’ignore, vois-tu, où et comment j’ai bien pu attraper ce colibacille dans les reins via les intestins   ; l’inflammation et les douleurs étaient telles que j’ai bien cru mourir. On m’a fait un tas de radios des reins et on dirait qu’ils sont infectés par ce fichu colibacille. Maintenant je vais mieux et lundi prochain je serai sortie de cet hôpital pourri. Je ne peux pas rentrer à l’hôtel car j’y serais toute seule, alors la femme de Marcel Duchamp m’a invitée à rester une semaine chez elle, jusqu’à ce que je récupère un peu.
    Ton télégramme est arrivé ce matin, j’en ai pleuré de joie, et aussi parce que tu me manques, dans mon cœur et dans mon sang. J’ai reçu ta lettre hier, mon chéri, elle est si belle, si tendre que je n’ai pas de mots pour exprimer la joie que j’ai ressentie. Je t’adore, mon amour, crois-moi   ; jamais, au grand jamais, je n’ai aimé quelqu’un comme toi – seul Diego demeurera aussi profondément dans mon cœur. Je n’ai pas touché un mot à Diego de mes problèmes de santé parce qu’il s’inquiéterait bien trop, et puis, à mon avis, dans quelques jours je serai sur pied, donc pas la peine de l’inquiéter. Tu ne crois pas   ?
    En plus de cette maudite maladie, je n’ai vraiment pas eu de chance depuis que je suis ici. D’abord, l’exposition est un sacré bazar. Quand je suis arrivée, les tableaux étaient encore à la douane, parce que ce f. de p. de Breton n’avait pas pris la peine de les en sortir. Il n’a jamais reçu les photos que tu lui as envoyées il y a des lustres , ou du moins c’est ce qu’il prétend   ; la galerie n’était pas du tout prête pour l’exposition, d’ailleurs ça fait belle lurette que Breton n’a plus de galerie à lui. Bref, j’ai dû attendre des jours et des jours comme une idiote, jusqu’à ce que je fasse la connaissance de Marcel Duchamp (un peintre merveilleux), le seul

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