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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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distribuée aux Calaisiens affamés, mais
on ne leur témoigna aucune autre pitié. Ils furent chassés de chez eux sans
avoir le droit d’emporter autre chose que les vêtements qu’ils avaient sur eux,
et même là, ils furent fouillés pour s’assurer qu’aucune pièce de monnaie,
aucun bijou ne passerait entre les mailles du filet anglais. Une ville vide de
toute âme humaine, mais avec des maisons pour huit mille habitants, des
entrepôts, des magasins, des tavernes, des docks, une citadelle et des douves,
venait maintenant de tomber dans l’escarcelle de l’Angleterre.
    — C’est une véritable porte ouverte sur la
France ! s’enthousiasma le comte de Northampton.
    Lui-même avait réquisitionné une maison qui avait appartenu
à l’un des « Six de Calais », un homme qui maintenant errait comme un
mendiant sur les routes de Picardie avec sa famille. C’était une somptueuse
demeure de pierre sous la citadelle, avec vue sur le quai de la ville,
maintenant envahi de navires britanniques.
    — Nous allons remplir la cité de bons citoyens anglais,
dit le comte. Tu veux vivre ici, Thomas ?
    — Non, Sire.
    — Moi non plus, admit Northampton. Une porcherie au
milieu d’un marécage, voilà ce que c’est. Mais au moins, maintenant, c’est une
porcherie qui nous appartient. Alors que veux-tu, jeune Thomas ?
    C’était le matin, le troisième déjà depuis la reddition de
la ville. Les biens et richesses confisqués continuaient d’être distribués aux
vainqueurs. De son côté, le comte s’était retrouvé encore plus riche que prévu,
car le grand coffre que Thomas avait apporté de Bretagne était rempli de pièces
d’or et d’argent capturées dans le camp de Charles de Blois après la bataille
de La Roche-Derrien. Un tiers du butin revenait légalement au suzerain du jeune
homme. Ses intendants avaient compté les pièces, réservant ensuite un tiers de
la part du comte, qui reviendrait au roi.
    Sur l’invitation de son seigneur, Thomas lui avait narré ses
dernières péripéties.
    « Sur vos instructions, lui avait-il rappelé, je me
suis rendu en Angleterre pour enquêter sur le passé de mon père. »
    Il s’agissait pour lui de dénicher des indices permettant de
retrouver la piste du Graal.
    Au final, il n’avait rien trouvé d’autre qu’un livre dans
lequel son géniteur défunt, prêtre de son état, avait consigné des notes sur le
Graal. Seulement, le père Ralph Vexille se singularisait par ses pensées
vagabondes et sa capacité à prendre ses rêves pour la réalité. Ses écrits
n’avaient rien appris à son fils, et le livre lui-même lui avait été arraché
par son bourreau dominicain. Il avait toutefois réussi à en dissimuler une
copie par-devers lui. À cet instant même, dans la nouvelle chambre du comte
inondée par le soleil matinal surplombant le quai, un jeune prêtre anglais,
penché sur cette copie, essayait d’en dénouer le sens.
    — Ce que je veux, indiqua Thomas, c’est diriger des
archers.
    — Diriger des archers ? Dieu seul sait si, dans les
temps à venir, il va y avoir un seul endroit où les mener au combat, répondit
tristement Northampton. Edouard parle d’attaquer Paris, mais cela n’arrivera
pas. Une trêve va être signée, Thomas. Je peux te l’assurer. Nos souverains
invoqueront une amitié éternelle et nous retournerons chez nous aiguiser nos
épées.
    Le prêtre tourna une nouvelle page en faisant craquer le
parchemin. Le père Ralph avait rédigé en latin, en grec, en hébreu et en
français. De manière évidente, le jeune prêtre comprenait toutes ces langues.
Il griffonna une petite note sur un coin de parchemin sans arrêter sa lecture.
    Des tonneaux de bière étaient déchargés sur le quai. Les
grands fûts roulaient sur les pavés dans un grondement de tonnerre. L’étendard
du roi d’Angleterre – léopards et fleur de lys – flottait sur la
citadelle capturée, juste au-dessus de la bannière française, accrochée sens
dessus dessous en signe de dérision. Attendant que le comte les invite à
s’avancer, les deux compagnons de Thomas se tenaient à la porte de la salle.
    — Oui, Dieu seul sait quel emploi vont trouver des
archers dans les temps qui viennent, poursuivit Northampton, en dehors de la
garde des murs de quelques forteresses. Est-ce cela que tu veux ?
    — Tirer à l’arc, je ne suis bon qu’à ça.
    Il parlait en utilisant le franco-normand, la langue de
l’aristocratie anglaise

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